dimanche 5 septembre 2010

VOL III _ chpt 11, chpt 12, chpt 13


Chapitre 11 : Rouges et blancs/ The red and the white



J’avais déjà eu l’occasion de remarquer que je ressentais des émotions très diverses selon le sang que je buvais depuis que j’étais vampire. Ces émotions s’éteignaient rapidement, mais il en restait ensuite quelque chose, quelque part au fond de ma mémoire sensorielle, une trace, comme d’une expérience. Une expérience qui m’apprenait à voir l’existence… différemment. Comme si chaque animal dont je m’appropriais la substance vitale avait sa manière bien à lui de ressentir le monde qui l’entourait. Et c’était ce ressenti qu’il me transmettait. Au départ, il m’avait même semblé que mes proies continuaient d’exister, à travers moi, une fois que leur vie s’était éteinte. Edward m’avait expliqué que, lui, n’avait jamais rien ressenti de la sorte. Et qu’aucun vampire de sa connaissance ne lui avait jamais mentionné ce phénomène. Il l’attribuait à ma sensibilité propre, ou bien à mon hypersensibilité de nouveau-né, et envisageait que cette impression puisse disparaître au fil du temps. Pourtant, j’avais le sentiment que j’avais réellement éprouvé le besoin de boire le sang de cette lionne, comme si c’était une obligation pour moi, comme si cela faisait partie de ce pour quoi j’étais faite, des étapes par lesquelles je devais passer pour apprendre ce que c’était véritablement et complètement qu’être un vampire. Tout comme j’avais eu le besoin de m’approprier l’élan vital de la brebis, de la biche, du sanglier, du lièvre, des poissons, des gazelles, des buffles, et tant d’autres !..., de toutes ces proies si semblables et singulières à la fois. Chacune d’entre elles m’avait donné quelque chose. Chacune avait façonné ma nouvelle perception, ma nouvelle sensibilité, elles avaient toutes amélioré ma douceur, ma tendresse, ma hargne, ma vivacité, ma patience, ma force… Elles m’avaient augmentée, j’en étais persuadée. Et j’avais recherché cela, spontanément, depuis le début, sans en avoir vraiment conscience.
Le sang du fauve était incroyable. Puissant, lourd, âpre et réconfortant. Une élégance, une fierté, une sensation de quiétude, infiltrèrent mon corps et mon esprit à mesure que je buvais. Peu à peu, la bête se détendait, elle s’abandonnait ; sa fougue, son endurance et son courage, sa noblesse et bien plus que cela encore, des caractéristiques pour lesquelles je n’avais pas de noms (des noms que j’aurais appris dans ma vie d’humaine), passaient en moi. Bientôt, elle ne fut plus qu’un poids inerte, une dépouille lourde, à la fourrure poussiéreuse et rêche, de laquelle se dégageait une odeur à présent âcre et écoeurante pour mon goût et mon odorat repus. Je la déposai sur le sol. Avec respect. Une seconde, je pensai que je devais l’enterrer, qu’elle ne devait pas devenir la pitance des hyènes et des vautours. Mais après tout… quelle importance cela avait-il ? Un cadavre retourne à la terre, d’une manière ou d’une autre. Peut-être même valait-il mieux qu’il soit utile à la subsistance d’autres êtres vivants…
Dans un coin de mon œil, un léger mouvement attira mon attention. L’antilope. Elle était toujours en vie malgré sa blessure qui lui interdisait toute fuite et l’empêchait de se remettre debout. Elle souffrait, c’était une évidence. En silence, elle était en proie à la pire des angoisses. L’horreur, telle qu’un animal peut la ressentir : l’impuissance soudaine, la douleur, la panique totale, et tout cela dans la plus grande incompréhension. Je devais mettre une terme à cela, puisque celle qui aurait dû achever son existence ne le ferait plus. Je me dirigeais vers elle quand un bruit provenant de plus loin, derrière et un peu au-dessus de moi, m’arrêta. Un craquement sec, comme d’une branche cassée. Par un autre animal, sans doute, car une forte odeur de bête me parvenait à présent. Je me retournai et levai le regard, m’attendant à découvrir d’autres fauves, puisque les effluves qui émanaient des arbres qui nous surplombaient me rappelaient celle de ma victime. Elles étaient très semblables. Mais, étrangement, beaucoup plus bestiales et répugnantes. Et il y avait autre chose, aussi… un parfum presque familier…

A ma grande stupeur, je distinguai, entre les branches serrées des arbres, plusieurs paires d’yeux furieux rivés sur moi. Instantanément, je m’accroupis, prête à bondir, car je percevais leur hostilité. A première vue, les nouveaux venus semblaient humains, mais ils ne l’étaient pas, c’était assez clair. Leur odeur ne laissait aucun doute à ce sujet. Ils étaient six, pour ce que je pouvais en voir et en percevoir pour le moment (mais peut-être d’autres allaient-ils encore arriver ?) et leurs apparences étaient assez hétéroclites. J’identifiai immédiatement quatre mâles, et deux femelles, car ils étaient quasiment nus. Leurs traits étaient africains, cela aussi était une évidence, quoique pour trois d’entre eux, la pâleur de leur peau et la couleur blonde, presque blanche, de leurs cheveux crépus, se révélait particulièrement insolite. Ces derniers, qui paraissaient très jeunes -excepté un d’entre eux, celui qui se tenait le plus près de moi, et entre les doigts duquel j’aperçus la branche cassée qui m’avait alarmée- étaient affreusement mutilés. Un œil, un sein, des doigts, manquaient à la femme, une oreille, un pied et une main, à l’homme. Leurs corps, pourtant lisses et fermes, portaient aussi les traces d’anciennes blessures. J’étais horrifiée par ce que je découvrais, par ce que ces cicatrices et ces mutilations racontaient concernant ce qu’avaient dû subir, lorsqu’ils étaient encore humains, ceux qui me faisaient face. Et malgré elles, cependant, je constatais la beauté surprenante de ces êtres. Des vampires, bien entendu. Comment ne l’avais-je pas compris à l’instant où j’avais ressenti leur présence ? Leurs yeux, d’un rouge sang si clair, et leur parfum étaient tellement caractéristiques ! Sans doute parce qu’ils étaient les premiers, hormis Edward, que je rencontrais depuis ma transformation… Tout à coup, je les comprenais mieux, les reconnaissant comme mes semblables, mais me tins toujours sur mes gardes car, malgré leur apparence, ils étaient fiers, forts et féroces. Les trois autres êtres qui les accompagnaient, m’intriguaient davantage. C’était leur odeur qui m’incommodait. Elle n’avait rien de naturel, alors qu’ils semblaient pourtant beaucoup plus humains que leurs compagnons. Ils étaient grands, particulièrement musculeux, vêtus de tissu rouge. La femme était soigneusement coiffée et parée. Ils étaient armés, également, de lances et d’arcs. Leurs visages, surtout, étaient magnifiques. Ils ressemblaient exactement à ces masques que j’avais eu l’occasion de voir dans certains ouvrages : pommettes hautes, front rebondi, petit nez finement ciselé, bouche charnue, yeux en amandes. Ces têtes extraordinaires, aux traits si purs et parfaits, avaient de quoi subjuguer n’importe qui, même le vampire que j’étais. En revanche, leur air était terrible. Ils me considéraient avec une fureur contenue, mais tout à fait perceptible. Je sentais qu’ils ne désiraient qu’une chose : se jeter sur moi et me mettre en pièces.

Sans me quitter du regard, un des êtres au visage de masque sombre, se mit pourtant à parler d’une voix lente et étonnamment placide.
« Elle l’a tuée. C’est un sacrilège. J’exige réparation. »
Il ne s’adressait pas à moi.
Le vampire qui tenait dans sa main la branche brisée réagit instantanément et lança de toute sa puissance son projectile dans ma direction. J’effectuai un bond en arrière, et retombai lestement, toujours accroupie et sur la défensive, à quelques mètres de là. Le bout de bois était profondément fiché dans le sol, à l’endroit exact où je me tenais une seconde plus tôt.
« Elle est forte, souffla-t-il. »
Son timbre était grave et froid, sa voix rocailleuse. Il était le plus âgé du groupe. Le chef, certainement.
« De toute façon, il faut la supprimer, siffla la petite femme-vampire en pointant vers moi sa main sans index ni pouce. Tu sais bien que nous ne devons pas en tolérer d’autres sur notre territoire. C’est ce que notre reine te dirait. »
Leur chef paraissait cependant hésiter.
« Mais qu’est-ce qu’ils font là ?
_ Cela n’a aucune importance, reprit le premier guerrier qui s’était exprimé. Ils n’ont pas à être ici. Tuons-la, puis nous irons tuer le mâle. »
Nous avaient-ils observés alors que nous ne nous en doutions pas ? Et depuis combien de temps ? En tous les cas, ils avaient connaissance de la présence d’Edward. Moi-même, je percevais exactement l’endroit où il se trouvait. Il était assez loin, et n’avait pas bougé depuis que j’avais disparu. Sans doute attendait-il mon retour. Le connaissant, je savais qu’il commençait certainement à s’inquiéter. Je devais essayer de pacifier la situation, du moins si cela était possible.
« Je suis désolée, commençai-je le plus calmement et le plus humblement que je pus. Pardonnez-moi. Nous sommes des étrangers... Nous ne savions pas que nous étions sur votre territoire. Il est inutile de nous battre, nous allons nous en aller. »
Je fus surprise de constater que mes paroles avaient eu le même effet qu’un violent coup de tonnerre. D’abord médusés et pétrifiés, mes assaillants échangèrent ensuite des regards interrogateurs, inquiets et, pour ce qui était des guerriers aux tuniques rouges, exaspérés.
« Tu parles notre langue ?, reprit alors le chef en sautant de son arbre et en s’avançant davantage vers moi, de manière assez provocante. Comment est-ce possible ? Notre existence est un secret. Les hommes et les êtres supérieurs de ce pays savent seulement que ce territoire est sacré et qu’il vaut mieux ne pas s’y aventurer, mais notre clan n’a eu aucune relation avec eux depuis si longtemps que personne d’autre que nous ne comprend plus notre langue ! Mais toi… tu m’as l’air très jeune ! D’où viens-tu, et qui es-tu au juste ?
_ Ignores-tu vraiment que les fauves sont sacrés, ici ? », intervint le grand guerrier de sa voix inexplicablement paisible.
J’aurais juré qu’il explosait de rage, et pourtant il s’était encore exprimé aussi doucement que des sables mouvants s’ouvrent sous les pas d’un promeneur égaré.
« Non, je ne le savais pas, répondis-je toujours posément, mais fermement. Pardonnez-moi. Et je suis quelqu’un qui… va disparaître, comme un mauvais souvenir. »
Je me relevai très précautionneusement, et commençai à esquisser un pas en arrière.
« Impossible ! », s’écria avec angoisse le vampire femelle à la peau et aux cheveux lunaires.
Tous ensemble, les guerriers rouges hochèrent la tête en silence.
« Réponds à ma question ! », s’impatienta le meneur.
Répondre à sa question ne me semblait pas envisageable. Ni très judicieux. L’histoire était trop longue, et elle n’appartenait qu’à Edward et à moi. Nous aussi, nous avions nos secrets, et je ne voulais pas avoir à mentionner Kaly et ses mystères. De plus, je n’avais pas l’impression qu’on voulait vraiment m’écouter, en définitive. Alors je ne dis rien. Pendant un instant, je me demandai s’il valait mieux m’enfuir, dans l’espoir de semer mes poursuivants et d’avoir au moins le temps d’arriver à prévenir Edward, ou si je devais plutôt me préparer à combattre six adversaires surnaturels bien déterminés à mettre un terme, le plus rapidement possible, à mon existence. Ils décidèrent pour moi.



Sans que je puisse prévenir ce geste, les deux plus jeunes vampires vinrent se placer dans mon dos, me coupant tout espoir de retraite. Le chef s’était planté devant moi, tandis que les trois grands guerriers se déployaient en éventail derrière lui.
« Arrêtez ça !, ordonna-t-il pourtant à leur adresse, je suis votre kabaka, vous devez faire ce que je dis ! Il nous faut d’abord obtenir une réponse ! Qui sait s’il n’en viendra pas d’autres ensuite ? Je pense qu’il vaut mieux la ramener à la reine. Elle saura ce qu’il convient le mieux de faire, elle.
_ Et si tu as tort, Sâmbolé ? Si tu la mets en colère, au contraire ?, s’exclama pour la première fois la femme-guerrier au visage admirable. Je ne veux pas prendre le risque. »
Dans sa voix, l’anxiété était perceptible.
« Je vais la détruire, conclut-elle.
_ Tu ne feras rien du tout, Enkima, affirma le guerrier à la voix douce. Laisse ceux qui lui ressemblent s’en charger. »
Elle ne protesta pas, baissa un moment le regard, puis me dévisagea plus furieusement que jamais.
« Je ne bougerai pas, moi, avertit encore le vampire plus âgé, à la manière d’un ultimatum.
_ Parfait !, s’exclama celle qui se tenait derrière moi. Alors, elle est pour moi.
_ Vous avez tort, répliqua Sâmbolé. Vous serez punis.
_ Je ne veux pas me battre, assurai-je d’une voix plus agressive que je ne l’aurais souhaité.
_ Tant mieux ! », s’écria la vampire borgne.
Et elle se jeta sur moi.
Tout se passa très vite. Je me baissai, saisis son bras, et l’envoyai bouler au loin, parmi les arbres du bois en surplomb. Au bout de quelques secondes, elle réapparut, mais se tint un peu en retrait pendant quelques instants.
« Elle est dangereuse… Attention ! »
Le chef tentait de dissuader les autres, mais ils n’avaient pas l’air de vouloir renoncer aussi vite.
« Nyama, avec moi ! »
A nouveau, elle s’élança, alors que le troisième vampire bondissait à son tour dans mon dos. Il me saisit par les épaules, plantant aussitôt ses dents dans ma nuque. La douleur fut immédiate et atroce, ma réaction tout aussi soudaine : la colère m’emporta. Lançant mes bras en arrière, je saisis sa tête, tandis que sa compagne me rouait de coups. Ceux-là, je ne les sentais pas vraiment. Seule la morsure me brûlait affreusement, j’aurais voulu arracher ma peau avec mes ongles pour retirer le venin qui s’infiltrait dans ma chair. La femme ouvrit grand sa bouche près de ma hanche, elle allait me mordre à son tour. Alors, ma rage explosa tout à fait. Un coup de pied au ventre me dégagea d’elle, la propulsant sur plusieurs mètres, avant qu’un rocher n’arrête sa trajectoire. Le choc brisa la pierre en plusieurs gros morceaux. Mais elle se remit encore debout, et s’apprêtait à foncer à nouveau sur moi quand une masse, lancée avec une force phénoménale, l’atteignit en pleine poitrine. Je la vis retomber en arrière. Cette fois-ci, elle ne se releva pas. Elle se figea, à genoux, dans une position d’effroi, en contemplant le projectile qui l’avait atteinte. Pendant ce temps, je tentais de me dégager des bras crispés sur ma taille. Bizarrement, ils tombèrent au sol, autour de mes chevilles, dans une étrange posture. Alors, seulement, j’entendis la femme crier. Elle gémissait, plutôt. A mes pieds, gisait le corps de celui qui m’avait mordue. Un corps sans tête.
« Elle est novice…, articula la voix douce du chasseur imperturbable, nous n’y arriverons pas comme ça. Kéwarié ! »
Exactement en même temps, je vis les deux guerriers déposer leurs armes au sol, retirer leurs bijoux, se dévêtir... Que faisaient-il ? Mais soudain, leurs longs corps à la peau sombre s’étirèrent, leurs muscles prirent du volume, enflèrent, leur peau se couvrit de taches semblables à des yeux d’aigle, leurs visages se modifièrent. Les pupilles devinrent jaunes comme des soleils luisants, les dents se changèrent en crocs. Les deux hommes s’étaient métamorphosés en de gigantesques félins, dont les pattes puissantes se posaient avec élégance dans la poussière du sol. Leurs queues s’agitaient derrière eux avec des mouvements inquiétants de lourds balanciers. Lentement, ils me tournaient autour, leurs babines roses découvrant des canines monstrueuses. Des Transformateurs… des hommes-léopards ! Leur odeur était si forte, si bestiale ! Cela n’avait rien à voir avec celle des vrais animaux. C’était une odeur puissante. Essentielle. Si concentrée qu’elle en avait quelque chose de répulsif. Et pourtant, dans cette odeur, je retrouvais tout ce qui faisait les parfums habituels de la nature qui nous entourait : le bois calciné, la boue et le sang ferreux, les fleurs doucereuses, le sel de la sueur et des larmes, l’acidité des pierres, l’amertume de l’air tordu par la chaleur, le goût de l’eau saumâtre… tant de choses ! Trop. Mes sens vampiriques ne pouvaient apprécier un tel mélange.

Les énormes léopards me menaçaient toujours de leurs gueules entrouvertes. J’étais forte, c’était une évidence, je venais de tuer un de mes semblables, sans bien même m’en rendre compte, mais je n’étais pas certaine de pouvoir lutter contre deux autres vampires épaulés de deux félins géants. Trois, plutôt, car la jeune femme au visage de statue d’ébène et au corps musculeux de panthère se transformerait également, s’il le fallait. C’était une évidence. Néanmoins, mes adversaires demeuraient à une distance respectueuse et ne semblaient pas prêts à passer à l’attaque. Ce qui venait de se produire les avait impressionnés.
« Sanza, relève-toi !, s’écria le chef. Il n’y a plus rien à faire pour Nyama. »
Incrédule et abasourdie, la femme restait pourtant accroupie sur le sol, serrant contre elle la tête de son compagnon. Une longue plainte aiguë qui donnait l’impression de ne jamais devoir finir montait de sa gorge.
« Je vais… je vais la mettre en charpie !, finit-elle par rugir.
_ Elle te tuera aussi, alors, répliqua froidement Sâmbolé. Tu ne comprends donc pas… ? Ce qui vient de se produire est de ta faute ! Je t’avais dit de ne pas l’attaquer. Je répète que nous devons la conduire à… »
Il se raidit.
« L’autre arrive ! Debout ! », annonça-t-il sans plus de patience.
Effectivement, Edward se rapprochait à grande vitesse, je l’avais senti moi-même. Découvrant le spectacle, il s’arrêta à plusieurs mètres de nous. Ses yeux cherchaient mon regard. Quand il l’eut croisé, il sut que j’allais bien, et il adopta lui-même une posture défensive. Cependant, les deux félins progressaient sans hésiter, mais lentement, dans sa direction et, lorsque je me retournai enfin vers le chef du groupe qui me faisait face une seconde plus tôt, je constatai qu’il avait disparu. A sa place, je me retrouvai nez à nez avec la grande guerrière et, comme j’allais faire un bond pour m’éloigner, je perçus, dans mon dos, la présence de Sanza. A me sentir ainsi bloquée, la colère me reprit, et je m’apprêtais à foncer sur elles deux, quand je compris ce qu’il se passait. Plus personne ne bougeait car il n’y avait plus lieu de le faire. Sâmbolé se tenait derrière Edward, une de ses mains entourait sa gorge. Si j’étais plus forte que lui, il l’était en revanche davantage que mon mari. Les deux énormes léopards s’étaient postés de part et d’autre d’eux deux, attendant éventuellement que je réagisse. Les pupilles d’Edward étincelaient de rage. Elles me disaient de ne pas m'en faire pour lui, et d’engager tout de même le combat. Mais je m’étais laissé surprendre, et ils me tenaient par le seul élément qui me rendait vulnérable. Sâmbolé l’avait bien compris. Je hochai la tête à son adresse.
« Maintenant, tu vas suivre Enkima, lança-t-il. »
Son ton ne témoignait aucun triomphe. Il résonnait plutôt d’une certaine lassitude. Sa voix avait peut-être même quelque chose d’inquiet. Sanza fulminait. Je l’entendais siffler de fureur. La femme à la tunique rouge me lança un nouveau regard tranchant comme un poignard, puis elle me contourna prestement, ramassa les armes et les vêtements de ses compagnons, avant de se mettre en marche en direction de la forêt. Je la suivis, jetant derrière nous un dernier regard de regret, car je me voyais aussi contrainte d’abandonner là, à son triste sort, l’antilope pantelante dont je n’avais pas eu la possibilité d’abréger les souffrances. Son agonie serait longue. A moins qu’un autre prédateur ne la découvre rapidement.

Le trajet dura un bon moment. Parfois, je me retournais : Sâmbolé ne desserrait pas son étreinte autour du cou d’Edward, et les deux léopards ne les quittaient pas d’une semelle.
Finalement, nous parvînmes devant l’entrée d’une grotte qui s’ouvrait largement dans une grande paroi rocheuse. Non loin de là, devait se trouver un village, car les multiples odeurs d’êtres humains me parvenaient très nettement, ainsi que des cris d’enfants et des bêlements d’animaux.





Chapitre 12 : La toile de l’araignée/ The spider’s web

Nous pénétrâmes dans la cavité. Il y faisait frais et sombre, cependant mes yeux n’avaient pas besoin de beaucoup de lumière pour y voir avec précision. Peu à peu, nous nous enfoncions davantage dans les profondeurs de la terre, mais, progressivement, le tunnel s’élargissait. Au bout d’un certain temps, je constatai que ses parois étaient peintes, et que le sol devenait plus lisse, comme s’il avait été volontairement poli et nettoyé. Des escaliers, taillés dans la pierre, apparurent. Nous les gravîmes. Ils conduisaient à un réseau complexe de larges couloirs aux murs finement sculptés. Sans hésiter, Enkima s’engouffra dans l’un d’entre eux, et nous avançâmes encore un moment dans les ténèbres luisantes. Plus loin devant nous, une source lumineuse apparut tout à coup. Mon guide se mit à respirer plus rapidement. Je sentis augmenter encore la forte chaleur que dégageait son corps, et son odeur se modifia aussi quelque peu. Elle était nerveuse. Très nerveuse.



Nous débouchâmes dans une grande salle dont le haut plafond était percé de plusieurs puits de jour. La lumière coulait sur le sol en taches rondes, formant des sortes de colonnes d’air blanc dans lesquelles quelques grains de poussière voletaient lentement comme de petites paillettes d’or. Dans le fond de la salle, dissimulés dans la pénombre, je distinguai trois félins nonchalamment étendus. De vrais félins, cette fois. Une lionne, et deux guépards. A notre entrée, ils levèrent la tête, et leurs pupilles étincelèrent comme autant de croissants de lunes jaunes. Mais ils ne parurent pas pour autant alarmés par notre présence. A quelques mètres d’eux, sur un grand siège de pierre, un enfant était couché. Un enfant humain. Recroquevillé sur lui-même, il dormait. Vu sa taille, il devait avoir quatre ou cinq ans. Ses petits pieds roses et nus m’évoquèrent ceux que j’avais si souvent tenus dans mes mains… mes mains de mère humaine. Que tout cela me semblait loin ! Si loin et si proche à la fois. Un instant, les visages poupons de Karel et Sarah m’apparurent. Et la douleur… le manque se firent intenses. Ils me manquaient si cruellement ! J’avais jusqu’à présent tenu ce sentiment loin de moi, mais voilà que la présence de cet enfant l’éveillait tout à coup. Et il était insoutenable. Il me sembla que mon être entier se fissurait. Un bruit de frottement doux comme du velours attira mon attention. Un des guépards s’était levé et se dirigeait à grandes foulées vers l’enfant endormi. J’eus peur pour lui. En un éclair, je m’avançai afin de barrer la route au fauve, mais ce dernier s’interposa entre moi et l’enfant, et se mit à grogner. Il le protégeait ! De moi ! L’enfant s’éveilla.
« Tungani… ? Oh ! »
Il me dévisageait avec un étonnement qui se mua aussitôt en crainte. Mais il aperçut rapidement derrière moi les guerriers-léopards et les deux vampires qui nous escortaient. Comme eux, l’enfant, pourtant humain et de type africain, avait la peau pâle et les cheveux d’un blond très clair. C’était une petite fille. Le parfum subtil de son jeune sang parut se déverser vers moi, soudain. Provocant. Mais mon insatiable soif ne se manifesta pas de la manière que j’aurais pu craindre. L’envie était bien là, mais… elle ne vrillait pas chaque parcelle de mon corps comme à son habitude. Je pouvais… la maintenir à distance. Quelque chose me permettait de le faire. Quelque chose de très doux et de très solide. Ce que je ressentais. Cette émotion… de la préoccupation, de la tendresse. Du respect. Je compris que ce que je pouvais ressentir face à un être humain me permettrait de surmonter l’envie. Que j’y parviendrais, contrairement à ce que j’avais redouté, si je faisais en sorte d’écouter ces sentiments-là.
« Va chercher la reine, Olapa ! »
Depuis l’autre bout de la pièce, Sâmbolé faisait, du menton, signe à la fillette. Immédiatement, celle-ci sauta sur ses pieds.
« Maman ! Mamaaaaan… ! »
Et elle disparut en courant dans un couloir, suivie du guépard bondissant.

Un silence pesant tomba dans l’immense salle. La tension était perceptible. Ceux qui nous accompagnaient n’étaient pas rassurés. Mais pourquoi ? Leur reine était-elle si terrible ? Nous devions nous attendre au pire, sans doute.
La lionne s’était levée, et s’était approchée d’un des léopards géants. Elle se frottait familièrement contre ses pattes. Il me sembla que ce geste tendre cherchait peut-être à le rassurer. Puis elle passa furtivement à mes côtés, et fila vers Enkima. La jeune femme laissa courir ses doigts le long du dos de l’animal qui émit un petit grognement de plaisir.
Peu après, des bruits de petits pieds nus claquant sur la roche nous parvinrent. Ils se rapprochaient. Tous ceux qui nous entouraient se raidirent lorsque la petite fille déboucha du couloir par lequel elle avait disparu. Elle était suivie d’une femme de grande taille, très longue et fine, vêtue d’une robe de fin tissu d’un blanc éclatant. Ce n’était pas une Africaine. De longs cheveux blonds, attachés ensemble à la base de sa nuque coulaient dans son dos comme l’eau ondulante d’une cascade de miel. Son visage, dont la peau scintillait lorsqu’elle s’approchait d’un des puits de jour, avait les traits et l’air doux des figures féminines de Botticelli. Ses pieds étaient nus, et elle ne faisait aucun bruit en se déplaçant. Elle semblait glisser sur le sol. Sur le moment, elle m’évoqua plutôt une fée, ou une elfe, telle qu’on peut les décrire dans les histoires pour enfants. Elle n’avait rien de l’horrible sorcière à laquelle je m’étais préparée… Autour de nous, pourtant, je constatai que tous nos gardes s’étaient prosternés, vampires comme Transformateurs, ils s’étaient agenouillés et leurs yeux baissés fixaient le sol de pierre lisse. Sâmbolé avait obligé Edward à se baisser avec lui, puisqu’il n’avait pas lâché son cou, mais celui-ci regardait, comme moi, le curieux trio qui avait fait son apparition dans la grande salle. La reine-vampire, puisque encore une fois son parfum subtil le disait d’une manière assez évidente, tenait par la main un autre enfant, un peu plus grand que le premier, mais dont la peau sombre, le visage délicat et le corps élancé, rappelaient cette fois davantage ceux des guerriers-léopards. Et effectivement, il me semblait que ce petit garçon devait être l’un d’entre eux, car son odeur, qui n’était cependant pas écoeurante pour moi comme celle des grands félins, n’était certainement pas celle d’un simple être humain. Elle était déjà bien différente. Il sentait davantage… les éléments de la nature. Je percevais les battements de son cœur, la chaleur de sa chair et de son sang, mais… il n’avait simplement rien d’attirant pour moi. Voilà donc l’effet qu’avaient sur les vampires les enfants destinés à devenir des Transformateurs ! Cette découverte me réjouit l’âme car, après la douleur que je venais d’éprouver à la pensée de mes propres enfants, je savais au moins à présent que leur présence ne me poserait aucun problème lorsque je les retrouverais, ni la mienne à eux, me semblait-il, et que je pourrais profiter de leur compagnie, les serrer contre moi, les embrasser, les cajoler… tout mon soûl ! Du moins, tant qu’ils n’auraient pas transmuté. Après… Oh, j’y arriverais sans doute encore ! Mais eux, supporteraient-ils mon contact ?...
Du visage de l’enfant, mon regard retourna à celui de la reine. Elle se tenait assez près de moi maintenant, et me dominait de toute sa taille imposante. Alors, je vis ses yeux. Ils étaient le seul élément qui vînt perturber l’harmonie de ce visage d’ange. D’un rouge pourpre profond, ses pupilles, très semblables à celles des Volturi, étincelaient d’un éclat tout aussi impitoyable. Le regard de Jane, celui d’Alec, d’Aro, de Démétri… repassèrent dans mon esprit et, avec eux, les émotions que j’avais éprouvées lorsque je m’étais trouvée en leur présence. De ces souvenirs, mon esprit glissa encore, d’un coup, plus profondément. D’autres visages m’apparurent, du fond d’une autre mémoire. Ils défilèrent, puis ralentirent, et se figèrent finalement sur un seul : celui du vampire qui se trouvait en face de moi en ce moment-même. Je la connaissais. Ou plutôt, Kaly l’avait déjà rencontrée. C’était à cela que je devais de comprendre leur langue si particulière. Volontairement, cette fois-ci, je fouillai dans ces souvenirs. Il n’y avait pas grand-chose. Cela ne représentait qu’un court fragment de l’existence du vampire qui m’avait soignée. Pourtant, un sentiment, très net et très fort s’empara de moi, à mesure qu’une voix résonnait à mes oreilles. Cette voix avait le visage sombre d’un homme qui aurait pu être l’un des guerriers-léopards au service de la reine blanche qui venait de se présenter à nous, et elle m’expliquait avec désarroi : « Notre reine est un être terrible. Mais elle s’occupe de nous. Elle nous sauve des hommes qui nous veulent du mal, et nous l’aimons… Elle a un grand pouvoir : lorsqu’on l’approche, on ne peut plus la quitter. Elle nous attache, nous retient. Nous avons perdu notre liberté, nous sommes des esclaves, mais… que serions-nous devenus sans elle ? » L’homme fermait les yeux, il paraissait abattu et je me sentais profondément désolée pour lui. Attristée, et impuissante. Son souvenir disparut de ma mémoire, mais mon sentiment ne me quittait pas. Méfiance… danger, disait-il. Et un nom se mit à battre, comme un tambour à ma tempe : Arachnée ! C’était donc ainsi qu’on appelait ce vampire ancien et puissant. Ou bien était-ce le surnom que Kaly lui avait donné ? L’Araignée… et nous étions pris dans sa toile.

Pendant quelques secondes, la grande vampire blonde me considéra en silence, puis elle détacha son regard du mien et posa tendrement sa main sur la tête de la petite fille à la peau pâle.
« Qu’est-ce que cela, Sâmbolé ? »
L’autre restait le visage tourné vers le sol.
« Ils s’attardaient sur notre territoire. Aujourd’hui, elle a tué une lionne, reine Anyota. Shumata a demandé réparation mais… elle parle notre langue ! Comme elle refusait de répondre à mes questions, j’ai pensé qu’il valait mieux vous l’amener. Contre mon avis, Sanza a décidé de la détruire. Elle a commencé à se battre, en entraînant Nyama qui a été immédiatement tué. C’est encore une novice, reine ! Elle est très puissante. Mais elle tient à son compagnon… »
Sâmbolé se tut.
« Nyama… nous a quittés ? », souffla la reine vampire.
Son visage angélique ne laissa paraître aucune émotion mais, dans ses pupilles pourpres, une ombre passa.
« Et tu dis qu’elle… Tu comprends notre langue ? »
Cette fois-ci, elle s’adressait directement à moi, sans pour autant se donner la peine de me regarder.
« Oui, acquiesçai-je. Je ne savais pas que ce territoire était le vôtre, ni que les félins y étaient sacrés. Je me nourris d’animaux… J’ai présenté des excuses et immédiatement proposé de partir. Mais j’ai été attaquée. Et nous voilà… prisonniers ? »
Je me retournai vers Edward. Il paraissait attentif. Sans comprendre avec exactitude ce que nous disions, sans doute percevait-il la teneur des pensées de chacun de ceux qui se trouvaient, avec nous, dans cette grotte. Et elle devait suffisamment lui en apprendre sur ce qu’il se passait.
« Des excuses… se nourrir d’animaux… prisonniers… », répétait étrangement la reine. Puis immédiatement :
« Je crois que tu peux le lâcher, Sâmbolé. Personne n’ira plus nulle part, à présent, n’est-ce pas… ? »
Un petit sourire presque imperceptible releva un coin de ses lèvres. Si elle possédait un pouvoir particulier, j’étais certaine qu’elle était en train de l’exercer sur nous à l’instant-même. Mais il n’avait aucun effet sur moi, pas plus que sur Edward, de toute évidence. Mon bouclier le protégeait également de cela, je pouvais le sentir. Je sentais la pression exercée sur sa surface par la volonté de la reine vampire.
« Relevez-vous !, ordonna-t-elle ensuite, et reprenez vos apparences humaines, Kéwarié, Shumata… je veux te parler. »
Sa phrase était à peine terminée que les hommes-léopards s’étaient à nouveau métamorphosés. Enkima leur rendit leurs vêtements et leurs armes.
« Shumata, confirmes-tu ce que dit Sâmbolé ?, demanda la reine blanche en levant cette fois-ci les yeux vers son interlocuteur.
_ Oui, reine Anyota. »
A nouveau, ce timbre doux et paisible, dans le silence, me fit l’effet d’une brise caressant la surface lisse d’un lac tranquille.
« Et pour la lionne ?
_ Elle s’en est nourrie. Qu’elle sache ou non, l’offense reste la même.
_ Tss tss… Pourquoi as-tu fait cela ? »
La question s’adressait à moi, mais la reine continuait à regarder le grand guerrier aux traits impassibles.
« Je vous l’ai dit : je me nourris d’animaux. J’ai choisi de ne pas boire le sang des humains. »
Cette fois-ci, les pupilles écarlates vinrent sonder les miennes.
« Quelle drôle d’idée ! N’es-tu pas un être supérieur ? Un vampire… et jeune, de surcroît ! Mais tu ne sembles pas perturbée par la présence d’Opala… tu connais notre langue… d’où viens-tu ? Quand as-tu été créée ?
_ J’appartiens à un clan d’Amérique qui a choisi ce mode de vie. Et j’ai été changée il y a… »
Sur ce dernier point, j’avais du mal à répondre. Je ne savais plus très bien combien de temps avait pu passer depuis ma transformation. Je lançai un regard en direction d’Edward.
« Quelques semaines… quelques mois, certainement, achevai-je. »
La reine Anyota plissa les yeux. Elle semblait réfléchir.

« Et c’est lui qui t’a initiée, je suppose. »
A présent, elle considérait Edward avec attention.
« Comprends-tu aussi ce que je dis ? »
Edward avait senti qu’on le questionnait, mais il ne savait comment répondre. Elle reprit dans un anglais à l’expression vieillie et teinté d’un léger accent germanique :
« Voilà une langue que je n’ai pas parlée depuis une éternité… Où est votre clan ?, redemanda-t-elle. Pourquoi êtes-vous seuls ici ?
_ Il se trouve au Nord-Ouest des Etats-Unis, répondit Edward d’une voix douce mais ferme. Nous voyagions quand j’ai fait d’elle un vampire. J’ai préféré attendre que sa soif s’apaise avant de rentrer chez nous. Notre clan sait où nous nous trouvons, et attend notre retour. »
Je sentais qu’Edward prenait également certaines précautions. Il avait très certainement perçu, dans les pensées de ceux qui nous entouraient, de quoi se montrer méfiant.
« Etes-vous nombreux, dans votre clan ?, voulut encore savoir la reine blanche.
_ Notre clan est allié avec un deuxième qui partage notre mode de vie et dont le territoire se situe un peu plus au nord. Nous sommes donc une quinzaine, en tout. Et puis nous dépendons tous de l’autorité des Volturi… Mon père a vécu un moment en leur compagnie, avant de fonder son propre clan. Les connaissez-vous vous-même ? »
A ces mots, la longue vampire blonde dévisagea Edward avec une attention encore croissante. Un instant, la lueur de son regard vacilla et elle demeura silencieuse, mais elle répliqua peu après d’une voix atone :
« Bien sûr. Tout le monde connaît les Volturi. Mais… je n’ai jamais eu l’occasion de les rencontrer. Voyez-vous, nous sommes un clan assez… solitaire. Nous vivons ici depuis des siècles. Depuis plus d’un millénaire, à vrai dire. Et nous avons été un peu…
_ Oubliés ? », intervins-je.
J’avais compris la tactique d’Edward. Il avait vu juste, et avait agi avec beaucoup de finesse. Je poursuivis :
« Sâmbolé m’a affirmé que votre existence était un secret. Je comprends que vous appréciez votre indépendance. Qui plus est, si vous régnez sur ces hommes-léopards… Notre clan, comme d’autres, a lui-même eu quelques différents avec les Volturi, dont la soif de pouvoir peut parfois s’avérer oppressante. Je gage qu’ils seraient particulièrement intéressés par la puissance supplémentaire que pourrait leur apporter le contrôle de vos métamorphes, s’ils venaient à en découvrir l’existence… »
Progressivement, Edward et moi construisions notre défense. A la fois menaçante et amicale. Elle reposait, en grande partie, sur un mensonge, mais rien ne permettrait a priori à la reine vampire de déceler ce coup de bluff. D’autre part, nous avions l’avantage de résister à son pouvoir, alors qu’elle l’ignorait. En ce qui concernait ma dernière remarque à propos des possibles intentions des Volturi au sujet des Transformateurs, elle m’avait été inspirée par mon premier rêve révélateur, dans lequel j’avais vu Aro désireux d’asservir les Quileutes. Et elle sonnait tant comme une évidence qu’Anyota, si elle connaissait la réputation des Volturi à défaut de les avoir croisés eux-mêmes, ne pourrait que la prendre en considération.
Et c’est ce qu’elle fit. Dans l’instant.
« Je vois que nous nous comprenons, sourit-elle. Permettez-moi de vous offrir l’hospitalité pour quelque temps. »
Edward et moi la remerciâmes d’un hochement de tête.
Une seconde, elle posa avec insistance son regard sur Shumata. Ce dernier, qui semblait absorbé en lui-même, prit une profonde inspiration silencieuse.
« J’offre l’hospitalité ! », déclara-t-elle cette fois-ci dans la langue que l’assemblée des vampires et des hommes-léopards qui nous entouraient était en mesure de comprendre.
Interloqués, ils ne bronchèrent cependant pas. Seule Sanza émit un sifflement de rage et d’incompréhension. Le sourire de la reine paraissait s’être irrémédiablement figé sur ses lèvres, lorsqu’elle déclara, ses yeux toujours légèrement plissés posés à nouveau sur moi :
« Sanza, tu n’as pas écouté ton chef, et Nyama est mort par ta faute. Tu es interdite de chasse jusqu’à-ce que je décide que cela aura assez duré. »
En entendant la sentence, Sanza émit, malgré elle, un couinement déchirant.
« Et… Sâmbolé, acheva Anyota sans ciller, même chose pour toi. Tu es le kabaka. Il me semble que, vu ce qu’il vient de se passer, tu devrais mûrement réfléchir à tout ce que cela implique. »
Sur un geste de sa main, tout le monde quitta alors les lieux, nous laissant, Edward et moi, seuls en son inquiétante compagnie.





Chapitre 13 : Anyota



Edward se rapprocha de moi. Je sentais le contact de son bras contre le mien. Il me rassurait. Mais je me sentais forte, également. Je savais ce dont j’étais capable. Et je n’avais qu’un objectif à présent : faire ce qu’il fallait pour que nous puissions quitter le territoire de ce clan le plus rapidement possible.
La reine vampire ne nous regardait pas. Elle fixait une tache de lumière blanche sur le sol de la caverne silencieuse.
« Quel est ton nom ?, demanda-t-elle au bout d’un moment en tournant légèrement son visage vers moi, sans pour autant détacher ses pupilles de la flaque de lumière ovale.
_ Bel… Isabella », répondis-je peut-être pour la première fois.
Spontanément, je n’avais pas eu envie que ce vampire m’appelle par le nom qu’utilisaient tous ceux que je connaissais.
« Et toi ? »
Cette fois-ci, ses yeux cherchèrent le visage d’Edward, et elle planta son regard, profondément, dans le sien, comme s’il lui était possible d’y lire tout ce qu’elle désirait savoir.
« Edward. »
Il soutint son regard, mais n'ajouta rien. Sans qu’elle le sache, la pensée d’Anyota lui était clairement accessible. Mais quoi qu’il y lut, il ne laissa rien paraître. Nous avions tous deux choisi de dissimuler nos dons à notre hôte, c’était très certainement plus prudent. Quelques longues secondes passèrent.
« Je m’appelle Anja, déclara tout à coup l’imposante vampire blonde, mais, ici, ceux qui ont fait de moi leur reine m’ont rebaptisée Anyota. Ne leur en veuillez pas pour leur attitude un peu… brusque. Certains d’entre eux ont beaucoup souffert. Et puis, ils ont des croyances… que même le temps n’efface pas. Mes ailuranthropes ont de grandes qualités, mais ils sont particulièrement mystiques. Surtout Shumata. Dans sa tribu, il est le descendant d’une lignée de grands sorciers. S’il est sans doute un peu trop orgueilleux, il sait aussi se montrer exceptionnellement sage, quoique résolument inflexible. Je ne désespère pourtant pas de le rendre plus… souple. »
Elle soupira. Peut-être n’était-elle pas si terrible, en définitive. Elle paraissait avoir un point de vue très sensé malgré la dureté dont elle venait de faire montre envers les vampires de son clan... Puis un petit sourire apparut sur ses lèvres pâles.
« Etant donné leur lien particulier avec les félins, il est normal qu’ils les considèrent comme des animaux sacrés, n’est-ce pas ?
_ Je comprends, assurai-je. Je suis vraiment désolée d’avoir tué cette lionne sur votre territoire. Elle m’avait attaquée, j’ai réagi.
_ Oui…, répliqua Anyota d’une voix traînante, les prédateurs ont du mal à tolérer notre présence. Ils nous considèrent d’instinct comme des rivaux. Ils n’ont pas tort, en soi… mais… tu lui disputais une proie ?
_ Oui, mentis-je. Une antilope.
_ Ah ! »
Elle se mit à rire.
« Quel drôle de choix ! Surtout pour une novice… »
Son rire s’arrêta soudain, et resta comme suspendu dans l’air frais et immobile de la salle.
« Mais dis-moi : quel animal préfères-tu ?
_ Je ne sais pas. Ils sont… tous très différents.
_ Bien entendu, mais lequel a le meilleur goût, selon toi ? »
Sa question, un peu décalée, que je pris pour une sorte de curiosité de vampire peu enclin à se nourrir de sang animal, me surprenait. Mais je répondis tout de même.
« Sans vouloir vous offenser… je dirais que le sang de la lionne avait une puissance que je n’ai retrouvé chez aucune de mes précédentes proies. Il était dur et féroce… noble, fier. Il m’a apaisée. Plus que tout autre, me semble-t-il.
_ Mmhhh… voyez-vous ça… si jeune et déjà subtile… Il n’y a pas d’offense. Du moins, pour moi. Mais je vais te dire, sans vouloir t’offenser à mon tour : l’animal dont le sang est le meilleur -et le plus apaisant, cela va sans dire- est incontestablement… l’homme ! Tu n’y as vraiment jamais goûté ? »
La lueur de ses yeux de braise avait quelque chose de mauvais, malgré le ton anodin de sa voix.
« Non. Je n’en ai pas l’intention. J’ai été l’une d’entre eux, il n’y a pas si longtemps… Et je ne considère pas les humains comme des animaux. »
Anyota m’observa avec gravité. Son regard interrogea aussi Edward, dont le visage stoïque disait assez qu’il partageait mon sentiment, puis revint vers moi.
« Vous avez tort, déclara-t-elle. Parce que c’est ce qu’ils sont. »

Lentement, la reine vampire glissa en direction d’une des colonnes de lumière qui éclairait la caverne et semblait presque la soutenir. Elle tendit sa main vers les poussières minuscules qui y tournoyaient en spirale. Sa peau pâle se mit à miroiter. Elle contemplait sa propre main, comme s’il s’était agi d’un corps étranger et fascinant.
« Cela fait bien longtemps que j’observe ce monde, reprit-elle, et je peux vous assurer que les êtres humains ne méritent pas la place qui est la leur. Vous êtes trop jeunes pour vous rendre compte à quel point rien ne change ! Mais les humains n’évoluent pas. Ils n’apprennent pas de leurs erreurs. Ils perpétuent, sans cesse, les mêmes abominations. N’y a-t-il aucun vieux vampire, dans votre clan, qui vous ait expliqué cela ? »
Je compris que nous allions encore devoir nous justifier. Pourquoi la plupart des vampires refusaient-ils d’accepter le choix qui était le nôtre ? Il leur apparaissait le plus souvent comme une bizarrerie, ou même une erreur. Et c’était comme s’ils se faisaient un devoir de nous en détourner. Le point de vue d’un vieux vampire avait très certainement sa valeur : l’expérience est une vertu irremplaçable. Mais Kaly elle-même ne continuait-elle pas, malgré les innombrables siècles qu’elle avait traversés, à accorder de l'importance à l’existence humaine ? Pourquoi cette reine vampire voulait-elle débattre avec nous sur le sujet ?
« Les vampires de notre clan croient en l’être humain, et respectent en tout cas leur existence, répliqua Edward.
_ Peut-être avez-vous la chance de ne côtoyer que des humains respectables, souffla Anyota, mais ce n’est pas le cas de la grande majorité d’entre eux, croyez-moi ! La plupart sont ignorants, égoïstes, corrompus, avides et pervers. »
Elle se retourna vers nous, sa longue chevelure ondulant derrière elle dans la lumière fade.
« Avez-vous remarqué la particularité physique des vampires qui m’entourent ? », demanda-t-elle.
J’acquiesçai.
« Ils ont été torturés, pour cela, dans leurs propres tribus, poursuivit-elle. Ils l’ont toujours été. Parce qu’ils naissent avec la peau pâle et les cheveux clairs, ils sont rejetés. On les considère comme des parias. C’est parfaitement absurde, rien n’a jamais démontré aux hommes qu’ils agissaient à raison, et pourtant ils continuent.
_ Ce sont des albinos, remarqua Edward. J’ai entendu dire qu’on leur faisait subir des atrocités. Encore aujourd’hui.
_ Oui, renchérit la reine. Dernièrement, j’ai sauvé Olapa, avant qu’on ne lui fasse du mal. Les membres de leurs tribus, leurs propres frères -leurs familles !- n’hésitent pas à les mutiler. Ils attribuent même à leurs organes de prétendus pouvoirs magiques, alors ils en font le commerce ! Lorsque je peux, je leur permets d’échapper à ce qui les attend, c’est la raison pour laquelle j’ai choisi de demeurer dans ce pays.
_ En en faisant des vampires… murmurai-je, me demandant si ce n’était pas, pour le coup, un sort préférable à celui qui était le leur lorsqu'ils étaient humains.
_ Ils deviennent ma garde, et celle de la tribu des hommes-léopards. Le plus difficile étant de les éduquer, continuait notre hôte. Car leur première pulsion, une fois qu’ils sont devenus des êtres supérieurs -alors qu’ils ont été traités en inférieurs par leurs semblables toute leur existence !-, est de chercher à se venger de leurs bourreaux. Ce qui est plutôt compréhensible. Quand ces derniers n’ont pas déjà réussi à en faire des êtres apeurés et déments…
_ C’est monstrueux ! »
J’étais atterrée.
« Nyama… »
Elle s’arrêta, faisant référence au vampire que j’avais tué, en cherchant à me défendre, un moment plus tôt.
« Nyama était particulièrement perturbé. Il avait subi de nombreuses agressions. Je l’ai trouvé et transformé alors qu’il était mourant. On lui avait pris sa main… et sa langue. Malgré cela, il avait encore trouvé la force de s’enfuir… »
La peine, l’horreur et la révolte m’avaient saisie. Une chaleur étrange, née au sommet de mon crâne, coulait derrière mes yeux, descendait le long de ma colonne vertébrale, asséchant ma gorge et mon nez. Je compris que je pleurais, comme le font les vampires. Sans larmes.

La reine blanche effectua un demi-tour sur elle-même. Elle s’absorba encore dans la contemplation de sa main à la peau miroitante.
« Tu vois, Isabella… on ne peut pas dire que les êtres humains ne sont pas des animaux. A moins de vouloir dire qu’ils sont pire que cela encore…
_ Ils ne le sont pas tous, articula Edward avec une certaine lassitude, même si beaucoup d’entre eux commettent des actes regrettables.
_ Bien sûr, soupira la vampire blonde, bien sûr… Mais beaucoup, c’est déjà trop. En tout cas, c’est mon avis. Quel est le tien, Isabella ? »
Sur le moment, je ne savais réellement plus quoi penser. J’avais toujours eu -je l’avais toujours, je le sentais- la conviction que la vie humaine était ce qu’il y avait de plus important. Mais il me sembla, en cet instant, que cette conviction dépendait de ma propre humanité. Depuis que j’étais vampire, certaines choses s’étaient modifiées en moi, et ma nouvelle nature m’avait apporté d’autres expériences, d’autres sentiments, d’autres réflexions. La plus petite parcelle de mon corps et de mon esprit me disait que je n’étais pas un être humain. Et comme j’avais ressenti le pouvoir que j’avais de faire de la lionne, dont j’avais choisi de boire le sang, ma proie, je commençais à sentir que les êtres humains pouvaient, eux aussi, devenir ceux qu’il m’était naturel de chasser. Peut-être était-ce bien dans l’ordre des choses, après tout…
Et cela, Kaly nous l’avait aussi expliqué.
« Je ne sais pas, murmurai-je et Edward me lança un regard.
_ De toutes manières, reprit Anyota toujours captivée par l’éclat adamantin de la peau de sa main, tu dois savoir que tu ne seras jamais pleinement un vampire, tant que tu n’auras pas bu de sang humain. Tu es novice, et je ne sais pas si ton créateur t’a expliqué cela. Peut-être ne le sait-il pas lui-même… »
Edward ne réagit pas, mais je sentis qu’il aurait pu. Depuis que nous conversions avec la reine-vampire, il était demeuré très tendu. Une pointe d’inquiétude dans la voix, je demandai :
« Que voulez-vous dire ?
_ Tu as eu la chance de pouvoir quitter ta condition d’humaine et de t’élever à un niveau d’être supérieur, Isabella. Mais tu as besoin de suivre les exigences de ton nouveau rang parmi les créatures qui peuplent ce monde avant d’en éprouver pleinement la nature. Ne le sens-tu pas ? Ne sens-tu pas ce pour quoi tu es faite, toi qui éprouves déjà avec tant d’acuité les différents goûts et les caractéristiques particulières des sangs animaux que tu bois ?... »
J’étais troublée. L’antique vampire dut s’en rendre compte, car elle continua :
« Tu sais de quoi je parle, n’est-ce pas ? Ce n’est pas commun, pour une novice, de ressentir l’aura d’un sang aussi clairement. En fait, c’est une aptitude que n’acquièrent que certains vieux vampires. Il est assez surprenant de la trouver chez un jeune sujet. Tout comme ton détachement précoce concernant les humains… Mais pourquoi pas, après tout ? Notre nature est bien mystérieuse ! Peut-être es-tu tout spécialement douée pour cela… tout comme tu le serais pour les langues inconnues… ? »
Je ne savais plus quoi dire. Elle avait perçu que quelque chose, en moi, n’était pas habituel, et elle cherchait à en comprendre l’origine.
« Tu es douée, acheva-t-elle. Je le sens. Et toi aussi. »
Elle se tenait à présent près d’Edward. Je ne l’avais pas vue se déplacer. Elle était extrêmement rapide. Rapide et puissante. Plus que je n’aurais pu l’imaginer. Plus que ce que la mémoire de Kaly ne m’avait montré. Instantanément, je plongeai en moi-même, afin de retrouver le visage de cet homme-léopard accablé qui m’avait expliqué, il y avait des siècles, dans une autre vie -celle de mon amie aux yeux d’argent- qui était sa reine. Alors je me vis, face à elle. Je la vis. Elle était en fureur. Parce que je la quittais, et qu’elle n’avait aucune emprise sur moi. Malgré elle, elle me laisserait partir. Kaly lui avait échappé.
« Quels sont vos dons ? »
Sa question me tira des profondeurs de ma mémoire. Elle était inéluctable. Anyota l’avait posée sur un ton glacial, presque menaçant. Il fallait répondre. Et vite.
« Je… je ne sais pas trop ce que je suis capable de faire, au juste, m’empressai-je d’expliquer. Mais… je m’adapte. Quand je suis face à quelqu’un, je peux parler sa langue, je le comprends, j’éprouve… une sorte d’empathie qui me permet de communiquer spontanément avec lui. »
Je n’étais plus à un mensonge près. Et celui-là m’était apparu comme le plus crédible de tous ceux que j’étais en capacité d’élaborer à l’instant. La reine se dressait entre Edward et moi.
« Et toi ?
_ Moi, je suis hermétique aux pouvoirs des autres vampires. »
Pourquoi Edward avait-il choisi de faire une réponse pareille ?
« Comment ? »
La grande vampire aux yeux de pourpre semblait froissée par ce qu’elle venait d’entendre.
« Rien ne m’atteint, confirma-t-il pourtant. Il en a toujours été ainsi. Et il semble qu’il n’y ait rien à faire contre cela. C’est un don figé. Je n’ai pas d’emprise sur lui. Mon esprit est inaccessible… c’est ce qui a séduit mon épouse. »
Contre toute attente, je vis qu’un adorable sourire se formait sur la bouche d’Edward. Anyota plissa les yeux, mais elle demeura entre nous.
« Une négociatrice et un rempart… voilà qui est intéressant… »
Subitement, ses mains attrapèrent nos bras. Elle ne serrait pas vraiment, mais ses longs doigts fins, aussi solides que des serres de métal, exerçaient une pression ferme autour de mon coude.
« Bienvenue, mes amis, vraiment !, s’exclama-t-elle peu après sur un ton étonnamment enjoué. Venez, je vais vous conduire au village ! »

6 commentaires:

  1. Bonjour =) je vient tout juste de finir de vous lire & laisser moi vous dire que vous avez un vrai talent d'écrivains (sincèrement) ... J'ai était captivé du début à la fin.
    J'adore la manière que vous avez de décrire les choses & les endroits (on si crois presque ^^) .
    Je me suis même surprise à plusieurs reprises avec des sentiments d'envie, d'impatience, d'inquiétude & j'en passe c'est rare & assez troublant je doit avouée. Même le choix de vos musique ça colle super bien à l'intrigue & aux différent passages de votre oeuvre.
    Vivement la suite & toute mes félicitations. Je suis vraiment fan bravo bonne continuation.

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  2. Merci beaucoup Lennice. Je suis toujours très heureuse que de nouveaux lecteurs me laissent un commentaire et m'encouragent ; )) Alors n'hésitez pas à me faire part de vos impressions !

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  3. Alors là je dois avouer que ces chapitres m'ont déroutée. je ne m'attendais pas du tout à ces rencontres. en même temps j'ai beaucoup aimé le clin d'œil avec les hommes-léopards, ton plaidoyer pour les albinos (qui curieusement m'a fait penser à la manière dont Nomar sauve les Hybrides dans Les Chevaliers d'Emeraude tome 3). Quand à Anyota voilà un personnage étonnant dont j'espère beaucoup surtout près avoir lu ce que tu as fait de Kali ;)
    Vivement la suite !

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  4. Ah, mais j'espère bien qu'il y a quelques "surprises" dans mon histoire quand même... Ce sont les liens que crée mon imaginaire, et il faut bien que je m'amuse un peu aussi. Et que je dise quelques choses sérieuses, tant que j'y suis. Je ne connais pas Les Chevaliers d'Emeraude, mais il est possible qu'il y ait des ressemblances, comme tu dis. C'est une forme de logique des personnages, de logique d'attitude face à une situation particulière. Je n'en dirai pas plus sur Anyota ici. J'ai fini d'écrire tout cet "épisode" le mois dernier. Je vais le poster peu à peu, le temps d'écrire mes explications. Là, j'en suis à la rédaction d'un moment très critique, que j'attends depuis... longtemps. Alors j'ai besoin d'une grande préparation psychologique ! lol
    Merci, toujours, pour ton enthousiasme et tes encouragements.

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  5. mmm elle me dit rien de bon cette reine vampire, tout un honneur à ton écriture :) En plus avec ton commentaire avec ta préparation psychologique tu me fais peur, mais aussi trépigner d'impatience :) Bravo

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  6. Je suis ravie que tu suives toujours mes chapitres avec autant d'intérêt, Gabibil. Un peu de pression... ça fait aussi partie du plaisir ! lol

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Petit message

J'ai remarqué que, malheureusement, Deezer perdait parfois certains morceaux, mais je ne peux pas savoir lesquels... Alors n'hésitez pas à me laisser un petit message lorsque, au cours de votre lecture, vous rencontrez un lien mort dans mes players. Je ferai en sorte de le remplacer. Merci !