samedi 19 septembre 2009

VOL I _ chpt 7, chpt 8, chpt 9



Chapitre 7 : Trois jours/ Three days



Pourtant, Edward revint le lendemain, après le déjeuner.
Charlie était tout spécialement rentré pour voir comment j’allais et il était passé chercher de quoi manger. Il m’avait aussi apporté les béquilles de Jake : Billy les lui avait aimablement proposées quand il avait appris mon « accident », en appelant Charlie dans la matinée pour lui glisser encore quelques commentaires au sujet du match de la veille. Jacob ne les avait sans doute même pas utilisées, lui ! Grâce à elles, je pus me déplacer plus aisément qu’à cloche-pied. Ma cheville était beaucoup moins douloureuse. Je pouvais poser le pied, mais pas encore m’appuyer dessus. Effectivement, la blessure était superficielle. Cependant, elle avait pris une vilaine couleur bleutée. Il faisait chaud, je tenais pourtant à garder un gilet afin que Charlie n’aperçoive pas l’empreinte des doigts sur mon bras qui avait tendance à devenir bleue elle aussi. Je me demandais combien de temps elle allait rester visible. Je m’étais morfondue toute la matinée. Heureusement, aucun rêve n’était venu me perturber davantage cette nuit-là et j’appréhendais d’en faire bientôt un nouveau. Carlisle m’avait expliqué que le premier avait sans doute été provoqué par des traumatismes et je venais d’encaisser une bonne dose de stress supplémentaire ces derniers jours. Charlie remarqua ma mine effondrée et voulut se montrer gentil, mais je sentais qu’il mourrait d’envie de prendre l’air.
« Ecoute, Bella, je ne pense pas que partir sans toi…
_ Je sais, papa, mais ne t’inquiète pas pour moi. Ce sont tes seuls jours de vacances depuis si longtemps ! Il faut que tu en profites…
_ Je voulais… qu’on fasse un truc tous les deux.
_ J’avais compris. Moi aussi je voulais passer du temps avec toi… Tu penses pouvoir… refaire ça bientôt ? Avant la fin de l’été ?
_ Faut voir… si c’est calme. »
Je savais qu’il était vraiment déçu et j’en étais absolument navrée.
On frappa et Charlie alla ouvrir.
« Comment va-t-elle ?, demanda Edward.
_ Pas trop mal. Mais comment s’est-elle débrouillée, bon sang ?
_ Je ne sais pas, j’ai été… distrait, un moment, et c’est arrivé. Nous avons voulu nous promener…
_ Quand même, ça fait beaucoup pour cette année ! »
Il était vrai que je collectionnais les blessures en tout genres. En même temps, vu la situation, ça aurait pu être pire, et de loin.
Edward avait une drôle d’expression. Son regard était noir comme la nuit et il évitait de trop lever les yeux ou de nous regarder en face.
« As-tu besoin de quelque chose, Bella ?, demanda-t-il alors que nous nous étions installés au salon.
_ Je ne crois pas.
_ Tu… pourras rester seule quelques jours ?
_ Oui, j’imagine. »
Soudain, je repensai aux Volturi. Cette peur ressurgissait quand je m’y attendais le moins. Je savais que la menace planait, mais elle ne devait pas encore être mise à exécution. Alice l’aurait vu, sans doute. Elle aurait appelé. A moins qu’elle ne m’en veuille trop pour…
« Je n’ai pas de raison de m’inquiéter, n’est-ce pas ?, insitai-je quand même.
_ Non, bien sûr, avait répondu Edward d’un ton qui se voulait persuasif. Esmé se propose de venir te voir quand nous serons partis, demain soir si tu veux… Tu peux téléphoner. Elle sera ravie. »
Je ne doutais pas de la générosité d’Esmé. Je hochai la tête.
« Huit heures, demain matin, ça vous va Charlie ?, questionna Edward. »
Mon père hésita une deuxième fois en me scrutant du coin de l’oeil. J’essayai de lui adresser un sourire encourageant qui lui fit lever les bras au ciel.
« Bon, bien, accepta-t-il.
_ Je vais y aller, alors, conclut Edward. Je dois préparer… des choses. Je te reverrai à notre retour Bella, dit-il en se penchant pour m’embrasser, tout le monde sera plus… détendu alors. »
Charlie ne pouvait percevoir l’allusion. Effectivement, j’espérais que les choses se poseraient un peu ensuite. J’avais besoin de plus de calme et d’un peu de temps pour… Oh, pouvais-je vraiment souhaiter avoir du temps ?

L’après-midi passa lentement. Je tournais en rond. Je ne pouvais pas faire grand chose et je m’aperçus que j’avais du mal à supporter de devoir rester avec moi-même. Cela ne m’était pas arrivé depuis si longtemps ! J’écrivis un mail à Renée dans lequel je racontai mes nouveaux déboires, en essayant de bien insister sur le caractère anodin de ma blessure afin qu’elle ne s’inquiète pas. J’essayai également de ne pas trop m’étendre en réflexions sur mon présent, ma relation avec Edward (même si je savais qu’elle aurait aimé quelques remarques : je ne lui dévoilais jamais rien, à son grand regret !), mon avenir proche ou lointain… En vérité, je ne pouvais rien lui dire et je voulais ne pas avoir à me poser trop de questions moi-même en réfléchissant à tous ces sujets. J’en avais assez de réfléchir. Le mail ne dépassait donc pas les cinq lignes, et je tentai de tricher en revenant à la ligne à chaque phrase et en sautant des lignes pour lui dire que je l’embrassais et que j’embrassais Phil, qu’elle me donne des nouvelles, etc… C’était tout moi, quand quelque chose me gênait, je le remplaçais par de l’espace ou du vide. Cette dernière réflexion manqua de me replonger dans l’introspection et je m’ébrouai afin de l’éviter à tout prix en me concentrant sur la relecture de mon mini-mail. Le résultat ne me sembla pas très honnête mais je décidai de me consoler en me persuadant que, pour Renée, ce serait mieux que rien.
Cinq minutes après, j’étais en larmes. Je laissai passer le déluge, qui dura assez longtemps. Il m’apparut que je devais être réellement en train de déprimer. Quand l’agitation de mon esprit fut finalement étouffée et comme enrayée par la fatigue, je me rendis compte du gonflement gênant de mes paupières et de mon nez et décidai de réagir en prenant une bonne douche. Ensuite, j’allais me mettre à cuisiner un bon repas pour Charlie et moi, avec ce que je pourrais bien trouver dans la cuisine.
Le contenu du réfrigérateur ne me laissa pas beaucoup l’espoir de parvenir à concocter quoi que ce soit, mais en ouvrant le congélateur, je découvris qu’il restait du poisson que Charlie et Billy avaient ramené lors de leur dernière partie de pêche. J’arriverais donc à faire quelque chose, avec quelques aromates…
Charlie fut vraiment ravi et je me sentis un peu soulagée d’avoir pu me faire pardonner un instant de ne pouvoir l’accompagner le lendemain. Nous passâmes un moment agréable, et il me fit même la remarque, qui se voulait une plaisanterie, que le fait de me retrouver immobilisée n’était peut-être pas une mauvaise chose, finalement.
Quand il monta se coucher, je restai un peu au salon mais une nouvelle crise de larmes me vint. J’allai donc la noyer en faisant la vaisselle, à la cuisine, puis je montai moi-même me coucher après avoir pris un peu plus que la dose prescrite des médicaments ordonnés par Carlisle.
Il faudrait absolument que j’arrive à m’occuper dans les jours à venir sinon ma raison risquait de chanceler tout à fait.

Le lendemain, je m’éveillai tard. Charlie était déjà parti et je ne m’étais rendu compte de rien. J’en profitai pour faire un peu de ménage, quelques lessives, mais je me retrouvai rapidement désoeuvrée. Alors que j’hésitais entre prendre quelques nouvelles de Jacob par téléphone, s’il voulait bien accepter de me parler, et me planter bêtement devant n’importe quelle émission télévisée, on frappa à la porte. C’était Seth Clearwater. J’étais positivement ravie de le voir. Il avait appris mon « accident » et venait constater par lui-même dans quel état je me trouvais. Il jugea que l’affaire n’était pas si terrible selon lui –quelle notion un loup-garou pouvait-il avoir précisément de la douleur ?- et qu’il ne fallait pas que je me laisse abattre. Sa désinvolture et sa joie de vivre me remontèrent rapidement le moral et j’en conclus que les Quileutes devaient posséder une énergie vitale débordante et contagieuse. Je m’étais toujours sentie tellement bien en leur compagnie ! Il m’apprit qu’il était invité à manger le soir-même chez Sam et Emily et me proposa sans façon de l’accompagner. Je n’étais pas très sûre que ma présence y serait tout à fait la bienvenue mais il m’assura qu’il n’y aurait pas de problème. Je résolus de profiter de l’occasion pour surmonter la réticence qu’il m’inspirait et parler à Sam. Je devais le remercier enfin pour tout ce qu’il avait fait pour moi. Il m’avait retrouvée lorsque j’étais perdue dans la forêt et je ne lui avais jamais témoigné de reconnaissance adéquate. J’envisageai de préparer et d’amener un gâteau. Seth m’assura que toute nourriture était la bienvenue et serait honorée comme il se devait. Comme je ne pouvais conduire, il se proposa de repasser me chercher et je m’attelai à la tâche dès qu’il fut parti.
Toute à l’élaboration de mon cake au chocolat, je me demandais si Jacob serait présent et si Leah ne serait pas trop désagréable. J’avais de la compassion pour elle, malgré son caractère vif et sa répugnance viscérale pour tout ce qui touchait aux vampires. Mais elle ne serait sans doute pas là… A quel point un être humain était-il capable d’endurer la présence de deux êtres dont l’amour irrépressible avait ruiné toutes ses espérances et lui jetait constamment à la figure son propre abandon et sa solitude ? Non, elle ne serait pas du repas. Je me demandai, d’ailleurs, s’il ne fallait pas prévenir Jacob de l’invitation que m’avait lancée Seth.

Je n’avais toujours pas résolu la question quand ce dernier vint me chercher. Je n’étais pas sûre qu’il ait bien le droit de conduire, mais Charlie étant loin… Au moment de pénétrer chez Sam, je plaçai mon gâteau bien en évidence au-devant de moi, un peu comme une offrande, et je passai l’épreuve. Sam balaya mon visage de son regard naturellement méfiant mais son expression se détendit et il me souhaita la bienvenue. Avais-je l’air de mériter qu’on me prenne en pitié ? Je devais peut-être avoir plus mauvaise mine que je ne le supposais. Jacob n’était pas là, ni Leah, et je m’installai à la gauche de Sam de manière à pouvoir lui parler plus facilement quand l’occasion se présenterait. Quil débarqua quelques minutes après nous.
« Jacob arrive bientôt…, aboya-t-il dès son entrée, il est reparti prendre une douche quand il a su… hé, mais vous êtes tous là déjà ? »
Soudain, je me sentis comme une abeille dans un pot de miel. J’allais m’engluer. Je fixai donc mon assiette, mon cœur cognant dans ma gorge, attendant le moment où la porte allait s’ouvrir à nouveau. L’attente ne fut pas longue. Jacob avait encore les cheveux humides. Dès son entrée, ses yeux me cherchèrent et, quand il m’eut trouvée, un immense sourire illumina son visage sombre. Il s’assit à mon côté sans aucune hésitation. Visiblement, il était heureux de me voir. Il était moins compliqué que moi, décidément ! Le repas fut joyeux et bruyant. Je ne pouvais même pas parler à Jacob. Emily resta souvent à l’écart pour desservir et amener d’autres plats. Sam se leva également, pour l’aider, à plusieurs reprises, et je ne parvenais pas à l’aborder. Quand, finalement, elle eut porté mon gâteau, qui se retrouva en quelques secondes la proie de mains avides que le repas pourtant copieux ne semblait pas avoir rassasiées, elle se planta aux côtés de Sam, près de moi, et je vis l’immense Indien l’attirer à lui et poser sa tête contre son ventre. Alors, seulement, je remarquai l’arrondi qui se dessinait sous sa robe ample. Elle posa sa main près du visage de son compagnon et il l’embrassa. Un frisson me parcourut l’échine. L’image était magnifique. Il n’y avait rien à dire.
Mes yeux me piquèrent et je me penchai en avant. Que les bouches soient occupées à mâcher les dernières miettes ou que le geste tendre de nos hôtes ait imposé un peu de silence, le volume sonore avait baissé. Je glissai un regard ému à Sam et chuchotai à son endroit :
« Sam… je voulais te dire merci, depuis longtemps. Je te dois beaucoup. »
Il sourit.
« De rien. Fais attention à toi. »
Les chaises claquèrent, certains se palpaient l’estomac, assez satisfaits, en s’étirant.
« Tu veux… sortir un peu ?, demanda Jacob.
_ J’aimerais, mais je ne peux pas aller bien loin.
_ T’inquiète. »
Nous nous levâmes.
« Tu t’occupes de Bella, Jake ?, demanda Seth comme nous approchions de la porte.
_ Oui, je la ramènerai, bonne nuit les louveteaux. »
Nous sortîmes sous les hululements offensés et quelques rires sympathiques.
« Tu veux aller où ?
_ J’aimerais bien voir la plage, mais… je me traîne.
_ Je te porterai… qu’est-ce que tu vas pas inventer pour te faire transporter !, fit-il en désignant malicieusement ma cheville bandée.
_ Mmmh, lui rétorquai-je en tirant la langue, ne te moque pas, j’ai mal.
_ Beaucoup ?, s’inquiéta-t-il soudain.
_ Non, là ça va. »





Chapitre 8 : Pleine lune/ Harvest moon



Jacob me conduisit sur la plage de La Push. Il me porta quand il fallut traverser la longue bande de sable qui menait près de l’eau, puis nous nous assîmes sur une grosse branche de bois mort.
« C’est bizarre, dis-je, le temps passe et rien ne change.
_ Comment ça ?
_ C’est toujours aussi facile de passer du temps avec toi.
_ Je ne t’ai pas beaucoup vue ces derniers jours…
_ J’ai… été pas mal occupée. »
Je lui racontai mon rêve, les impressions de Carlisle, sans entrer dans les détails. Je lui parlai des Volturi également, de la vision d’Alice, de son comportement étrange.
« Tu crains vraiment quelque chose ?, me demanda-t-il, très sérieux.
_ Ouais, j’essaie de ne pas y penser. Je voudrais tant arrêter de penser tout le temps, Jake ! »
Le ton de ma voix devait avoir trahi mon désespoir plus que je ne l’avais souhaité.
« Eh, Bella, ça va ?, demanda Jacob.
_ Pfff, répondis-je seulement en prenant mon front dans mes mains. »
Jacob passa son bras autour de mes épaules pour me réconforter. Je regardai la mer. Le spectacle était magnifique. L’eau était calme. La pleine lune, haute dans le ciel, éclairait le paysage comme en plein jour. Un jour noir, blanc et bronze.
« Charlie est parti camper, dis-je au bout d’un moment histoire de changer de sujet.
_ Je sais. Tu restes toute seule ? Tu veux… venir chez nous ?
_ Non, Jake, c’est gentil, mais il n’y a pas de raison.
_ Comme tu veux. Enfin, moi je trouve que tu n’as pas l’air bien. Il me semble que tu as maigri, on dirait une brindille.
_ Ah ?
_ Oh, regarde ! »
Il tira de sa poche un objet dans une housse sombre.
« Billy m’a fait un cadeau. J’en suis resté baba. C’est tellement pas son genre, ces trucs.
_ Mais c’est un téléphone portable !
_ Une vraie horreur. Je le garde éteint tout le temps. Ces machins émettent des ondes insupportables.
_ Tu… entends les ondes ?
_ C’est vraiment affreux, ça me fait mal au crâne. Mais bon, au cas où… je peux appeler ou on peut m’appeler. Je pense que c’est surtout pour ça que Billy me l’a donné. Je crois… qu’il a eu peur, la dernière fois.
_ Tout le monde a eu très peur, Jake. »
Je le regardai. Il aurait pu mourir ce jour-là. J’avais tellement besoin qu’il reste dans ce monde pour pouvoir y rester moi aussi ! La lumière de la lune dessinait sur son visage des ombres vacillantes. Ses yeux brillaient, et leur couleur obscure avait des reflets verts, un vert émeraude de forêt. J’avais occulté la beauté de Jacob tant de fois ! Elle me frappait quand j’étais près de lui, ce qui était de plus en plus rare.
« Je crois qu’Emily est enceinte, non ?
_ Ah, oui, tu as vu ? C’est bien. Ils sont heureux. Moi, ça fait un moment que je le sais.
_ Tu l’as vu dans l’esprit de Sam ?
_ Non, c’est l’odeur.
_ Quelle odeur ?
_ Un jour, elle s’est mise à sentir vraiment… le lait.
_ Quoi ?
_ Ouais, une odeur de lait bizarre, un lait chaud au miel.
_ Non ! »
Je ris. Ces loups avaient vraiment des perceptions étranges.
« Dans mon rêve, ajoutai-je au bout d’un moment, on m’expliquait que tu… que vous n’étiez pas de vrais loups-garous.
_ Ah bon ?, il n’avait pas l’air très content de cette supposition, et que sommes-nous alors ?
_ Des Transformateurs… qui pourraient tout aussi bien se changer en n’importe quel autre animal. Il paraît que les vrais loups-garous ne se métamorphosent qu’à la pleine lune et sont des brutes incontrôlables, ce qui n’est vraiment pas votre cas.
_ Arriver à nous contrôler est plus difficile qu’il n’y paraît, surtout au début… mais cette théorie est intéressante. Il faudra que j’en parle à Sam. »
Je revis le visage lacéré d’Emily, toujours si belle pourtant. Aujourd’hui plus que jamais.
« Et Leah ? Comment prend-elle la situation ?
_ Leah ? Elle s’en fiche complètement aujourd’hui.
_ Ah bon ?
_ Ouais, elle s’est imprégnée il y a un peu plus d’une semaine.
_ Vraiment ? De qui ?
_ Un gars qui vient d’arriver chez une famille de la réserve. De New-York. Ce sont les seuls parents qu’il lui reste, d'après ce que j'ai entendu. Il est un peu perdu : il s’est séparé de sa femme, je crois, et il a deux petits enfants.
_ Oh, c’est pas simple.
_ Non, rien n’est simple. Il est assez sauvage mais tu le verrais quand il regarde Leah ! Il doit sentir… elle sera la plus passionnée et la plus attentive des compagnes. Il a presque peur… il lui faut juste un peu de temps pour refaire confiance à une femme, j’imagine. »
Je secouai la tête. Amusée, je visualisai Leah la Sauvage dormant devant sa porte.
« Et j’espère que ça va arriver vite, ajouta Jacob en s’esclaffant. C’est absolument insupportable d’avoir à entendre ses pensées en ce moment ! Les filles… peuvent être pires que nous ! Nous évitons même de nous transformer en même temps qu’elle pour ne pas avoir à subir… cette obsession.
_ C’est quand même bizarre votre histoire d’imprégnation. Un jour, on aime quelqu’un et d’un coup… c’est comme si rien n’avait jamais existé. D’un autre côté, c’est pratique… pas besoin de réfléchir.
_ Oui, c’est l’évidence. Il n’y a pas à réfléchir de toute façon, car il n’y a pas de choix possible.
_ Pas de choix ?
_ Eh non. »
La chaleur de Jacob m’enveloppait comme une bulle protectrice. Il y avait quelque chose de réellement intense qui se dégageait de lui et faisait fondre mon cœur gelé dans ma poitrine. Quelque chose de réellement animal, puissant, magique et naturel à la fois.
Je pris sa main immense dans laquelle la mienne disparut aussitôt qu’il l’eut refermée. Son bras passé sur mes épaules se resserra un peu et sa main pressa mon bras. Je sursautai.
« Je t’ai fait mal ?
_ C’est rien, j’ai un peu mal au bras aussi.
_ Enfin, Bella, que t’est-il arrivé ? »
Quel dommage ! Je ne pourrais pas en supporter davantage. Pas ce soir.
« Tu veux bien me ramener Jake, maintenant ? S’il-te-plaît. »
Je pensais qu’il allait dire quelque chose, mais il se contenta de me regarder, se leva et m’emporta quasiment aussitôt. Avais-je vraiment eu envie de partir ?



Une fois arrivés devant chez Charlie, Jacob se proposa de rester avec moi et de dormir sur le canapé si je voulais. J’hésitai une seconde, mais je sentais que je ne pourrais pas constamment éviter tout ce qui était fâcheux ou problématique en restant près de lui trop longtemps. Il insista pour que j’enregistre son numéro dans le répertoire de mon téléphone portable au cas où je ne me sentirais pas bien et il partit.
Je me douchai puis me mis au lit. Je me sentais incroyablement vide. Cette soirée, très agréable au demeurant, m’avait rendue triste, comme si quelque chose m’échappait irrémédiablement. Je me tournai et me retournai. Alors, je me rendis compte que j’avais oublié de prendre mes médicaments. J’allais devoir retourner à la salle de bain. Avant cela, je me dirigeai vers la fenêtre, l’ouvris, pour regarder la lune encore une fois. Je m’accoudai au rebord.
Je devais me rendre à l’évidence, ma vie était une catastrophe. J’étais une vraie plaie pour tous ceux qui tenaient à moi. Un moment, je me demandai si je ne devrais pas partir, tout quitter, tout laisser derrière moi et tenter d’oublier. Je pouvais le faire, là. Personne ne me retiendrait.





Chapitre 9 : Seule/ Alone

C’est alors que je le vis. Petit point blanc brillant, juste sous la lune. Mais beaucoup plus près qu’il n’y paraissait. Il descendait, assez lentement, puis fila sur le sommet des arbres au loin et disparut soudain. Tout mon corps tendu suffoqua. Vampire. J’en étais sûre, la forme était longue, et cette façon de se déplacer… Qui était-ce ? Démétri ? Félix ? Je tremblais.
Oh, mon Dieu, ils étaient revenus ! Et juste maintenant ! Ils allaient se débarrasser de moi si facilement ! Quelle aubaine ! Que j’avais été stupide ! Pourquoi Alice n’avait-elle rien vu ou rien dit ? Que pouvais-je faire ? J’étais seule, faible, si faible et si seule. Que devais-je faire ? Appeler Esmé ? Esmé n’était pas assez solide face à un de ces guerriers entraîné. Et s’il la tuait ? S’il nous tuait toutes les deux ? A nouveau, je scrutai la ligne des arbres.
Soudain, la forme longue réapparut, plus à l’est, et stabilisa au sommet d’un arbre. Elle avait l’air d’être préoccupée par quelque chose qui devait se trouver au-dessous d’elle, dans la forêt, et que ne pouvais voir. La forme brillante fuyait, ça et là. Je ne pouvais la voir distinctement. Y avait-il une cape ? Un capuchon autour du visage ? Pourquoi le vampire n’attaquait-il pas s’il était là pour ça ? La terreur prit possession de tout mon être. Je fermai violemment la fenêtre, éteignis la lumière. A quoi cela servirait-il, face à une force surhumaine ? Où me cacher ? Où me terrer ? Mon odeur me trahirait où que je sois.
Dans le lointain, j’entendis un hurlement rageur de loup. La meute s’était-elle lancé à la poursuite d’un intrus ? Etait-ce une hallucination de mes sens si malmenés ? Je m’emparai de mon téléphone. Jacob. Jacob me sauverait. S’il répondait. Si son téléphone n’était pas éteint ou s'il ne s'était pas changé en loup à l'heure qu'il était...
Et puis, le temps d’arriver, il serait peut-être même déjà trop tard pour moi.
Il y eut une sonnerie.
« Allô ?
_ Oh, Jake… mon Dieu, je hoquetais tant que je me demandais comment il pouvait me comprendre… il y a un vampire au dessus de la forêt !
_ J’arrive. »
Il avait raccroché.
A nouveau, j’étais seule, prête à accueillir la mort de seconde en seconde. J’aurais voulu me liquéfier et m’incruster dans le plancher, entre les plinthes, là j’aurais été en sécurité. Je me recroquevillai dans un coin. Je ne voulais plus approcher de la fenêtre, j’avais trop peur d’y découvrir un visage blafard et exultant de plaisir sadique. Les secondes, le silence, me parurent une éternité. Si je survivais, si je survivais à ça… encore…
Un coup sourd aux carreaux me fit hurler.
« Bella ?
_ Jake ! »
Je rampai, ouvris. Il se métamorphosa avant même que j'aie fini mon geste et un loup énorme et hirsute bondit à l’intérieur. Je lui sautai dessus, m’agrippai à sa fourrure.
« Oh, Jake…, je sanglotais, j’ai si… si peur… je l’ai vu, le traqueur ! »
Nous restâmes ainsi un moment, mon visage enfoui dans la fourrure chaude, mon souffle entrecoupé de hoquets, puis l’énorme loup fondit entre mes doigts. Je sentis la peau apparaître, douce. Je ne le lâchai pas. Je ne le lâcherais jamais plus.
« Bella, calme-toi. Je n’ai rien senti. Il n’y a pas de vampire dans le coin.
_ Je ne suis pas folle.
_ Je ne dis pas ça. Juste qu’aucun ne s’est approché d’ici. »
Il voulut se dégager mais je le tenais si fermement qu’il me souleva en se relevant. Il me porta sur le lit.
« Reste là !, gémis-je.
_ Je reste, je regarde juste par la fenêtre. »
Il s’approcha de l’ouverture, la lumière venant de l’extérieur découpait sa silhouette comme une ombre chinoise. Puis la lueur pâle de la lune glissa sur la peau de son dos. Jacob était nu. Il était venu vraiment vite, et dans la précipitation… Je fermai les yeux. En plus de ma peur, je fus submergée par une gêne si grande que j’en devins totalement confuse.
« Je ne vois rien. S’il y avait quelqu’un, il est parti. »
Il revint vers moi. Je me tournai vers le mur. Il alluma la lampe de chevet. Je ne pouvais plus bouger.
« Jacob Black…, balbutiai-je, tu voudrais bien te couvrir… s’il te plaît !
_ Bella, qu’est-ce que c’est que ça ? »
Je ne savais pas de quoi il parlait, je ne pouvais pas me retourner. Sa main chaude se posa sur mon bras et je compris. Il dessina la forme des doigts du bout des siens.
« Qui t’a fait ça ?
_ C’est rien.
_ C’est… Edward ?
_ Oui, il ne l’a pas fait exprès.
_ Enfin, Bella, il te fait quoi au juste ? »
J’hésitai à répondre. Son ton était dur et très inquiet.
« Rien. Il ne me fait rien. »
C’en était trop. Je fondis en larmes. Sa main restait posée sur mon bras, qu’elle caressait doucement comme pour en gommer les marques. Elle descendit sur mon poignet. Elle allait glisser, partir. J’attrapai sa main, fermement, et la retins.
Alors il me prit dans ses bras, me relevant vers lui, me serra, me berça, plus tendrement que jamais. Mon esprit partit se réfugier, plus bas, quelque part dans la région de mon cœur, pour s’y reposer un peu, enfin.

Une forêt. Jacob Black était une forêt. Il en avait tous les parfums. Une forêt immense, sombre, tiède et protectrice.
Mes lèvres contre la peau de son cou, je humais pleinement cette odeur suave de bois de cèdre, de fougère, de menthe. Sur ma bouche, je sentais la chaleur de la terre au soleil, vivante, solide et tellement rassurante. Je ne tremblais plus. Quelle sensation étrange ! Si inhabituelle pour moi, et pourtant si familière.
Je me sentais perdue... alors que tout était si naturel en cet instant que je cédai devant l’évidence. J’aimais Jacob. Il le savait, il l’avait toujours su. Mieux que moi. Résister, continuer à me mentir était absurde.
« Laisse-toi aller, Bella », chuchota-t-il.

C’est alors que je remarquai que mes mains étaient plaquées contre son torse, mes doigts enfoncés dans sa chair, dans une ultime tentative pour le repousser. Je relâchai la pression de mes mains, de tout mon corps tendu et désespéré de ma propre trahison. Mon esprit également cessa de lutter et les convulsions douloureuses qui l’agitaient s’évanouirent.
Mes mains caressèrent avec hésitation son cou, sa nuque, ses épaules, si larges et douces. Ma bouche remonta sur son menton, glissa sur sa mâchoire. Il respirait doucement, mais il était extrêmement tendu. Il ne bougeait pas. Je m’étais tellement attendue à ce que, au premier signe d’abandon, il se jette sur moi, qu’il me fasse mal sûrement, qu’il soit brutal et maladroit, avide, comme le jeune loup qu’il était. Sa nature profonde était bien celle d’un animal, non ? Un monstrueux animal, qui plus est ! Un vrai monstre capable de mettre en pièces un vampire en un rien de temps, ou de défigurer une jeune fille à jamais dans une incontrôlable seconde d’emportement… Mais non, il était retenu, sans être calme pourtant. Et, sans doute… ému. Quel contrôle ! Décidément, je n’aurais jamais pu soupçonner à quel point Jacob avait évolué rapidement et, me semblait-il, de manière exceptionnelle pour ceux de sa race.
Si tout était allé trop vite, j’aurais pu lui en vouloir, et j’aurais préféré cette solution. Au contraire, sa nature noble posait cet instant comme celui d’un choix, grave. Le moment était comme suspendu dans l’air tiède et moite de l’été, la tension palpable. Rien ne remuait dans la nuit.
« Bella, ouvre les yeux, regarde-moi ».
Ouvrir les yeux ? Je ne pouvais certainement pas.
« Oh, mon Dieu, Jacob, ne… »
Allais-je appeler au secours ? Si quelqu’un devait venir me secourir, c’était lui, comme toujours.
« Bella, regarde-moi, s’il te plaît ».
Je savais que si mes yeux s’ouvraient, la réalité s’imposerait à moi avec la nudité de Jacob, alors que je m’accrochais au rêve, au délire et à l’oubli, pour pouvoir me pardonner plus tard ce que j’étais en train de faire.
Il se détacha un peu de moi.
« Non, suppliai-je, ne… »
Mes yeux s’ouvrirent par réflexe, face aux siens, dans lesquels je plongeai instantanément. Quel regard ! Le fond des yeux noirs de Jacob était bien vert, et une flamme vive y dansait, rougeoyante. Son visage d’homme, malgré son jeune âge, exprimait tant d’amour, tant de désir… si grave pourtant, presque douloureux. Je ne supportais pas de voir une expression de tristesse sur le visage de Jacob, si solaire, qui avait toujours été fait pour sourire, rire… fait pour le bonheur. Et j’étais la cause de sa douleur. Elle me déchirait le cœur et l’âme. J’allais encore pleurer. Il s’en rendit compte, ses sourcils se rejoignirent dans une expression inquiète, puis résignée, et presque mauvaise. Immédiatement, une alarme retentit en moi. Croyait-il que je le rejetais ? Souffrait-il déjà ? Encore et toujours, par ma faute.
« Jacob, je… »

Alors, je le regardai. Entièrement.
Toute ma peau piquait, brûlait. Je regardai Jacob et mon cœur battait à tout rompre.
Il interpréta mal mon trouble, le prit pour du dégoût peut-être, se raidit, prêt à bondir comme il était venu, à travers la fenêtre ouverte. A cet instant, je perdis la tête et paniquai en hoquetant :
« Oh, Jacob, tu ne comprends pas… tu es vraiment… magnifique. Et je t’aime… Tu es une des meilleures personnes au monde, une belle personne et… je… je te désire vraiment… J’en suis malade…je… pardonne-moi… »
Etait-il surpris ? Inquiet ? Soulagé ? Je ne le voyais plus. Mais je le sentis glisser doucement vers moi, dans sa nudité totale d’homme-loup à la nature vraie et entière, qui ne pouvait ni n’avait rien à dissimuler de son corps, comme de ses pensées. Il prit délicatement mes mains qui couvraient mes yeux humides, les passa autour de sa taille, s’approcha encore. J’étais à nouveau dans sa chaleur, si intense, si réconfortante, cette chaleur qui avait toujours chassé mes peines et mes angoisses instantanément.
Il posa ses lèvres sur mes paupières. Sa bouche si chaude et pleine embrassa mes larmes, les effaça. Il embrassa lentement, très lentement mon front, mes pommettes, mon nez. Il embrassa ma bouche, et ma bouche s’ouvrit.
Jacob avait une haleine brûlante et un goût de fruit sucré, comme un abricot. Un goût de métal, aussi, qui m’électrisa immédiatement. Sur ma langue, je sentais, furtive, la caresse de la sienne. Dans mon ventre, une tension se forma soudain, un peu douloureuse, qui me coupa définitivement les jambes. Ses mains étaient posées sur mes épaules, légères et fermes ; elles se coulèrent dans mon dos, remontèrent sous mon t-shirt… qui glissa au sol avec un bruit léger.
Je frémis. La bouche de Jacob descendit vers mon cou et je soupirai. Je sentais sa main gauche autour de ma taille, l’autre hésitait sur mon ventre, du bout des doigts. J’avais si chaud !
Je sentais sa respiration sur ma peau, dans le creux de mon cou, qui se faisait plus rapide, je percevais son trouble et mon désir s’intensifia. Mes mains se posèrent à leur tour sur sa taille, l’une remonta doucement vers sa poitrine, l’autre glissa sur ses reins. Je me collai un peu plus à lui, j’affirmai mon étreinte. Spontanément, il ouvrit sa bouche sur ma nuque -geste inconnu pour moi, qui avait été pendant si longtemps synonyme de danger mortel- et je sentis ses dents presser un peu sur ma chair (une fraction de seconde, je manquai d’avoir peur et faillis instinctivement me débattre) de manière parfaitement délicieuse.
Sa main droite n’hésita plus et le bout de ses doigts remonta vers mon sein, l’effleura, hésita encore, revint, effleura à nouveau, et se posa délicatement mais fermement dessus. La tension que je ressentais en moi se changea en spasme, un spasme de plaisir qui me fit perdre tout contrôle. Je n’avais jamais pu me laisser aller à ce point, sans danger ou sans craindre d’être soudain rejetée. Pouvoir s’abandonner enfin, en toute confiance, était absolument merveilleux.
Je dus gémir car Jacob tressaillit et me regarda. J’ignore à quoi je devais ressembler, mais ce qu’il vit lui plut sans doute car il me sourit soudain, de toute sa magnifique bouche entrouverte. Le soleil était revenu. Le plein soleil, mon soleil, le seul qui puisse briller au beau milieu de la nuit. Mes mains se posèrent sur son visage, mon pouce caressa cette bouche adorable et généreuse que je connaissais si bien, que j’avais si souvent regardée en me refusant d’envisager que je pouvais l’embrasser. Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration, et souffla, lentement, comme quelqu’un qui cherche à calmer son affolement après un effort ou une forte émotion. Il tremblait un peu et je compris son émoi. Je fus bouleversée.
Un instant, je me demandai s’il allait muter, si la colère, seule, le poussait à devenir loup, ou si d’autres émotions y parvenaient. Mais il sourit à nouveau, ses yeux se rouvrirent et j’y lus quelque chose d’indicible, qui me cloua sur place, une menace et une supplique à la fois.
« Isabella Swan, me sembla-t-il entendre directement dans mon esprit, je vais… nous allons faire l’amour… parce que c’est ce qui doit arriver, c’est comme cela que les choses doivent être, et tu l’as toujours su. »
C’était vrai. Alors je plongeai vers lui, m’enroulai je ne sais comment autour de son corps, l’embrassant à pleine bouche. Il s’allongea sur moi, ses grandes mains si chaudes descendirent sur mes flancs, glissèrent sur mes cuisses, emportant le bas de mon vêtement de nuit, et le peu de pudeur qui me restait. Ma cheville me lança un peu, mais c’était sans importance. Puis le corps de Jacob remonta à nouveau vers moi, ses mains sur mes genoux, mes cuisses, vraiment doux, attentif, presque trop car je ne savais plus où j’étais, je ne savais plus rien, si ce n’est que je le voulais, lui, collé à moi, contre moi, en moi, enfin.
Il posa sa joue sur mon ventre, l’embrassa. Je caressai ses cheveux de jais, mes doigts palpant sa tête entre ses mèches épaisses et lisses. Sa bouche montait, rencontra un de mes seins, y resta un moment. Nouveau spasme, nouveau gémissement. Je m’arquai. Son visage s’approcha du mien.
« Je t’aime tant, Bella », souffla-t-il. Pour lui répondre, je refermai mes bras autour de son buste et le serrai aussi fort que je pus, repliant mes jambes autour de sa taille. Il enfouit son visage dans le creux de mon cou, et je le sentis, en moi. Ma bouche s’était ouverte en une inspiration surprise et affolée, comme d’une personne qui se noie et cherche à retrouver l’air. Je connaissais cette sensation. Les vagues au bas de la falaise passèrent derrière mes yeux fermés, puis disparurent aussitôt. A nouveau, Jacob souffla profondément, très longuement, presque difficilement, comme s’il devait refouler un emportement dévastateur qui menaçait de le submerger. Se noyait-il lui aussi ? Lui qui m’avait sauvée, repêchée et tirée de l’eau.
Je repliai mes bras autour de lui, l’un autour de son dos, l’autre sur sa tête, ma main dans ses cheveux. Il ne bougeait plus, respirait doucement, caressait mon épaule. Je me sentais… étrangement… comblée. Entière. Heureuse. Je caressai son dos. Ma main descendit sur ses reins. Encore un spasme. Assez différent cette fois-ci… beaucoup plus affolant… et qu’il avait ressenti aussi. Je fis comme lui : j’inspirai à fond puis soufflai longuement, pour évacuer un peu de ce trouble intense qui m’envahissait et tétanisait mon corps et mon esprit. Etrangement, j’eus envie de rire.
Jacob se redressa un peu au-dessus de moi, me regarda. Le moindre de ses gestes provoquait au centre de mon corps des décharges exquises qui irradiaient le long de ma colonne vertébrale et filaient jusqu’au bout de mes doigts et de mes cheveux. Je ne pouvais plus respirer régulièrement. Je lui souris, l’attirant vers ma bouche. Son beau visage me rendit mon sourire et se baissa vers le mien, son nez caressa ma pommette, mon menton, une de ses mains se glissa sous ma nuque. Il m’embrassa, plus voluptueusement que jamais… et je perdis pied totalement, disparaissant dans l’oubli de moi-même, dans la vaste forêt, sombre, protectrice et embaumée -mon refuge-, fondant mon être entier, dans celui de Jacob Black.

14 commentaires:

  1. Alors la tu m'as toute chamboulé. Tu écris magnifiquement bien, honnetement je lisais ça comme j'aurais lu du Stephenie Meyer. Sache que c'est un énorme compliment de ma par, je deteste les fictions, souvent mal faites, baclées... Mais ce chapitre la (je n'ai lu que celui la, juste comme ça) me donne envi de lire les autres. Continu, c'est Magnifique! Sensuel, juste comme il faut!

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  2. J'espère que tu trouveras le temps et que tu garderas l'envie de lire les autres chapitres. En fait, ce texte est le premier que j'ai écrit quand j'ai décidé de me lancer dans cette histoire. C'est un moment vraiment important. Il me semblait plus que nécessaire. Je l'avais tant attendu en lisant les trois premiers tomes... J'y ai bien sûr mis beaucoup de ma sensibilité et le personnage de Jacob est très... inspirant ! Je suis ravie d'être arrivée à te faire passer de belles émotions. Merci pour ce commentaire.

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  3. Tu as vraiment su décrire ce moment d'une belle façon. Stephenie Meyer a préféré censuré tout ça, quel domage! Pour moi si un acte d'amour est bien écrit il n'en ait jamais choquant. Et tu as su raconter ce moment à merveille. Oh fait, ça y est j'ai lu tous tes chapitres, un vrai bonheur! J'attend la suite comme une petite fille attend le matin de Noel.

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  4. J'espère que vous prenez le temps quand même... c'est important de respirer (je devrais peut-être réécrire mes premiers chapitres, je suis allée un peu vite...) et que vous écoutez les musiques (que j'adore et qui m'inspirent) sur les petits lecteurs. Elles sont très importantes pour l'ambiance...
    Pour cette scène, j'avais peur d'être peut-être allée trop loin, mais il me semblait tellement important d'avoir le ressenti de Bella, puisque c'est elle qui raconte en plus, afin de montrer sa démarche... comment elle finit par céder à son propre désir... le personnage de Jacob, tout aussi extraordinaire et irrésistible que celui d'Edward (une question de magnétisme aussi, d'attraction comme pour les planètes)... et puis, bien évidemment, parce que c'est un acte totalement magique pour les êtres humains quand il concrétise des sentiments amoureux.
    Après l'avoir écrit, j'avais vraiment l'impression d'avoir été respectueuse et juste dans ce que je voulais en dire. Merci de me dire que tu as été touchée.

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  5. Maintenant je n'écouterai plus "You & I" de Jeff Buckley de la même façon...

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  6. Waou! tu as écrit (en beaucoup mieux) ce que j'imaginais depuis longtemps et qu'il manque effectivement dans les livres de S. Meyer. Je trouve que le personnage de Jacob inspire vraiment ces moments sensuels et charnels, moment que la midinette qui est aussi en moi a besoin de voir par écrit! La relation entre Bella et Jacob est si forte! vite vite je continue ma lecture des chapitres suivants...

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  7. Encore une fois, merci pour ce commentaire. Je me doute que ce que j'ai imaginé à propos de Jacob Black a de quoi faire bondir les inconditionnel(le)s d'Edward, mais cela me semblait pourtant une évidence : ce personnage a beaucoup plus de force et de potentiel que ce qu'on en retient généralement et que ce qui lui a été donné, pour finir, dans le (l'abominable) tome 4. Comme tu le dis si bien, il "inspire vraiment des moments sensuels et charnels"... *midinette forever/midinette is beautiful* et je ne voyais pas comment il était possible de passer à côté. Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer, il est le personnage qui m'a le plus poussée à envisager cette fiction. Mais cela n'apparaîtra qu'à la fin qui, pour le moment, n'est pas encore écrite...

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  8. (je suis l'anonyme du commentaire qui ne savait pas où mettre un nom, désolée...). Je trouve que tu as du talent dans l'écriture: au fil de ma lecture j'ai du plusieurs fois obliger mon cerveau à comprendre que ce n'est pas la suite officielle de la saga (preuve de sa qualité) je pense que tu as réussi ton défi d'écrire une autre "branche" de la saga. Je prends beaucoup de plaisir à m'y replonger comme je l'avais fait avec les autres "vrais" tomes. Bravo!

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  9. Eh, ben... chouette pseudo ^^... lol. Merci encore pour ce com. Je suis très touchée, et ça fait du bien. Parce que j'y passe/ai passé pas mal de temps à écrire ce que je considérais, au début, comme un petit "délire" et qui s'est ensuite révélé plus prenant et "voulant" être plus approfondi que ce que j'avais envisagé au départ. Que tu me dises que ton cerveau a tendance à oublier que ce n'est pas la "suite officielle" de la saga est un des plus beaux compliments qu'on puisse me faire. Oui, c'est bien cette idée d'une "autre branche" qui m'intéresse, et celle d'une oeuvre "ouverte", également.
    J'espère que tu continueras à prendre du plaisir et à ressentir des émotions (je dis ça parce qu'il n'y a pas que des moments "roses" dans mon histoire...) au fil de ta lecture. C'est le but ! ; ))

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  10. Je trouve que Boul2gom (trop bien le pseudo ^^ ) a totalement raison! Moi aussi j'ai tendance à oublier la version de S.M face à ta fiction Sombrelune. Par moment quand je réfléchi à Twilight c'est ta suite qui me vient pour la finalité et non le tome 4 de S.M. Surement parce que ton histoire est plus logique...

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  11. Ohhhh... *émotion intense*... et attendez la suite ! ; ))) (aujourd'hui, j'ai même pris des notes parce que des idées -d'où sortaient-elles ???- me sont soudain venues pour deux autres "tomes" éventuels, pour plus tard... très différents, cependant, et "détachés" de l'histoire de base Edward-Bella-Jacob... ^^. Vive l'inspiration, lol !)

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  12. Bon, j'avoue, j'ai eu vraiment, vraiment très peur de détester une telle scène! Dans mon esprit, Bella ne peut définitivement pas "trahir" à ce point Edward! Mais étrangement, là, j'ai beau lui en vouloir, je ne suis pas tellement choquée, je la comprends même... Et j'ai carrément hâte de lire la suite!
    Surtout que c'est tellement bien écrit!
    Allez, je continue ma lecture, je ne peux pas m'arrêter maintenant!
    ;) Sam

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  13. Salut !
    Je viens de découvrir ton histoire et honnêtement ? J'adore. Tu écris merveilleusement bien. D'habitude, quand je lis des fictions, j'ai tendance à m'ennuyer dès le 6 ou 7ème chapitre et là... Impossible. C'est trop bon. C'est déjà une torture de devoir s'arrêter pour t'écrire un commentaire...
    Donc j'y retourne et je te dis félicitation pour avoir réussi à sortir une si belle fiction de ta tête...
    À bientôt,
    Josiane.

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  14. Merci, Josiane, pour ce commentaire, et bienvenue sur ce blog ! J'espère que ma (très) longue fiction continuera de te surprendre, que tu auras du plaisir à la lire et des émotions variées. Je serais ravie que tu prennes le temps de donner ton ressenti, si tu en as l'envie, à un moment ou un autre. J'ai vu que tu t'apprêtes toi-même à écrire sur le net : je jetterai bien volontiers un coup d'oeil de temps en temps pour voir où tu en es et ce que tu nous proposes. ^^ A bientôt !

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Petit message

J'ai remarqué que, malheureusement, Deezer perdait parfois certains morceaux, mais je ne peux pas savoir lesquels... Alors n'hésitez pas à me laisser un petit message lorsque, au cours de votre lecture, vous rencontrez un lien mort dans mes players. Je ferai en sorte de le remplacer. Merci !