vendredi 14 mai 2010

De l'Orgueil et des Préjugés


à ma mère et mon père, avec reconnaissance et humilité.


C'était il y a longtemps...
Un jour que je passais dans le salon...

"Tu veux voir un truc génial ?", qu'elle me demande.
Pourquoi pas. Je suis en vacances, et ma mère a généralement de bons goûts, même si ce ne sont pas forcément toujours les mêmes que les miens... Je m'assois.
Le générique commence. Et là (sur une musique gaie et sautillante, il faut en plus le préciser), je vois ça :


Le truc sent l'eau de rose, le point de croix, la guimauve, la dentelle... PIRE : le salon du mariage et de la layette. Et moi, ça, ça me fait le même effet qu'à Carrie Bradshaw, et pour les mêmes raisons, sans doute. Une réaction épidermique, limite allergique. Ça commence déjà à me démanger furieusement dans le cou, d'ailleurs. Je me relève donc instantanément comme un ressort.
"Ouais... je sais pas trop. Je pense pas que ça va me plaire. Et puis, j'allais faire un truc, là...
_ Mais attends ! Tu vas voir... En fait, il est bien fait ce générique... complètement dans le ton.
_ C'est justement ça qui me fait peur..."
Mais elle sourit malicieusement. Elle a même un petit air ému.
Quand on est grand, on finit par comprendre que partager des choses avec ses parents -même si ce ne sont que quelques moments- est absolument essentiel. Surtout quand on a l'impression de ne pas avoir eu suffisamment la possibilité de le faire dans son enfance, et qu'on commence à se rendre compte que le temps passe méchamment. Et puis, il ne faut pas forcément juger une série à son générique (je ne connaissais pas encore True Blood), non ?
Alors, je me rassois.
"Je te promets, c'est un des plus jolis films que j'aie vu depuis longtemps... C'est une série."
Je tressaille.
"Ah ? Et il y a plusieurs saisons ?
_ Juste six épisodes. Mais on ne les voit pas passer.
_ Et ça dure longtemps ?
_ Quelque chose comme cinq ou six heures."
Là, je me jette carrément sur le tapis et je m'allonge. Allons, bon. Ce sera ma b.a. de la semaine. Non, du mois. Mais je dois quand même avoir l'air renfrogné.
"C'est une adaptation de Jane Austen, tu connais ? C'est la BBC qui a fait ça.
_ Ah bon ?, je me redresse, la BBC... Jane Austen ?
_ Oui, tu sais, comme Raison et Sentiments qu'on avait vu..."
Dans ma tête, des images : un cottage, Emma Thompson, la pluie battante, Kate Winslet... Alan Rickman. Oui, j'avais vu la version grand public. Et j'avais beaucoup aimé.
"Mmmhhh... et il y a qui, comme acteurs, dans celui-là ?
_ Ils ne sont pas très connus... enfin, il y a celui de Bridget Jones, tu sais...
_ Hugh Grant ? (c'est toujours Hugh Grant)
_ Non, l'autre. Le sérieux.
_ L'autre ?"
Je prends le coffret de la série (ils l'ont acheté après l'avoir vue diffusée à la télé, apparemment). Dans un cadre noir. Très soigné. Il faut dire que, depuis qu'on discute, mon père a mis le générique en pause. Oui, LUI aussi il regarde (et à nouveau !), il est très enthousiaste, ému, et il insiste pour que je le voie... Etrange... de plus en plus étrange...

Je lis : "Colin Firth". Oui. Incroyable. Depuis Bridget, je l'ai vu en Johannes Wermeer dans La Jeune fille à la Perle, avec Scarlett Johansson...

Eh bien... allons-y.

Et puis en prenant un peu sur soi (c'est là que j'ai commencé... c'est pour ça que j'ai donné sa chance à Vampire Diaries jusqu'après le 5e épisode...), en y regardant de plus près et avec attention... c'est quand même très joli cette broderie (non, je ne suis pas qu'une sauvage, je sais reconnaître la qualité), ces petits boutons ronds, ce tissu... voire franchement raffiné...
Mmmhhhhh... Voyons voir.

"Tu es prête, maintenant ?
_ Oui.
_ C'est parti."
Je les entends encore pouffer de plaisir...

Mon père a appuyé sur play. Et je n'ai pas bougé pendant six heures. Comme quoi, les préjugés... ! Et il faut parfois ne pas avoir l'orgueil de croire que l'avis de ses parents est forcément obsolète...
Depuis, j'ai du revoir cette série au moins 5 ou 6 fois. Comptez : une trentaine d'heures... Une trentaine d'heures de bonheur total. C'est beau, la vie.
C'est court... mais c'est beau.

Et l'avantage, avec un film, c'est qu'on peut recommencer quand on veut.




Tout ceci pour dire qu'il était temps que je consacre un article très sérieux, cette fois -mais avec un petit côté "girly", tout de même, car le sujet s'y prête !-, à cette merveilleuse série qu'est l'adaptation de Pride and Prejudice (Orgueil et Préjugés) de Jane Austen, par la BBC.
Il terminera ma série de présentations, avant que je ne reprenne ma fiction, par une dernière recommandation chaleureuse... non, plus qu'enthousiaste : exaltée.
Car enfin, il FAUT avoir vu ce film/série. Il faut l'avoir vu, et il faut le voir, le revoir...
C'est un vrai bijou.

Quel rapport avec le sujet de ce blog ?, penserez-vous peut-être... Eh bien, en réalité, il y en a des tonnes.
Je commençais à le dire dans mon précédent article. Vampire Diairies et Twilight s'inspirent d'Austen, la citent, de clins d'oeils imperceptibles (ou inconscients) en hommages évidents. Dans Twilight, Bella lit Jane Austen. De plus, sa première rencontre froide et contrariée (où le désir et la répulsion se confondent) avec Edward ressemble fort à celle d'Elizabeth et Darcy. A ce propos, il est intéressant de remarquer les mouvements de main de Robert et de Colin dans les deux films (voir captures dans la vidéo), ils sont sensiblement les mêmes. Puis, l'évolution du personnage d'Edward, sa manière de revenir progressivement sur ses principes, ses décisions, par amour, est assez similaire. Sans compter l'idée du "statut social", car son mariage avec Edward "élève" considérablement Bella de ce côté-là, il faut le reconnaître, et c'est bien sensible (voire lourd) dans le 4e tome de la saga, S. Meyer insistant beaucoup sur le luxe dans lequel Bella vit une fois qu'elle a épousé son vampire...
Enfin, comme pour V. D., d'ailleurs, qui utilise le nom de "Bennett", les similitudes sont grandes. Mais elles sont aussi celles des ressorts habituels des intrigues... intrigantes. Les personnages froids (le feu sous la glace, en réalité... hein, Damon ?!) qu'on va voir fondre peu à peu, les préjugés de l'héroïne à son égard qui s'évanouissent aussi au fur et à mesure comme neige au soleil... Des choix arrêtés, des décisions prises de manière rationnelle, qu'on voit soudain voler en éclat sous la force de ses sentiments... qui obligent à changer de point de vue, à changer soi-même... Ça fonctionne toujours. Parfaitement. Et on en redemande.
La vidéo parodique qui terminait mon dernier post n'a pas été faite par hasard... Et il y en aura deux autres, encore trouvées sur Youtube, à la fin de cette page, tout à fait extraordinaires !

Il n'est pas évident de parler de cette série, parce qu'il suffit de chercher un peu sur le net pour se rendre compte à quel point et quel grand nombre de fois cela a déjà été fait, mais je ne reculerai pas devant le plaisir (le devoir !) que j'ai d'ajouter ma pierre personnelle à l'édifice d'éloges progressivement bâti à sa gloire depuis 1995.
Je voulais le faire sans trop de mots, mais c'est tout à fait impossible... Néanmoins, j'ai décidé d'utiliser beaucoup d'images dans cet article (que vous pouvez toujours agrandir en cliquant dessus parce que j'en ai tellement cherché sans les trouver, des grandes belles images de Darcy, que je comprends qu'on puisse avoir envie de se faire un poster... alors je suis sympa, moi, je partage, d'abord !) pour montrer la beauté esthétique de cette série que les mots seuls ne pourraient suffire à présenter.

Je vais tout de même tenter de faire simple. Et donc, je commencerai par dire une chose : "3, 7 et 5". Les chiffres magiques !



1) Trois raisons de réjouir ses sens et son intellect :


_ Ce film est esthétiquement beau. Les captures qui suivent cherchent à le montrer. Les plans sont soignés, les éclairages, les jeux de regards et de miroirs. La reconstitution est très sérieuse, les rues, le mobilier, les danses lors des bals, les costumes tout particulièrement. Et les paysages sont splendides...
Le ton est effectivement donné dès le générique : c'est un monde désuet de broderies et de dentelle, un monde de finesse et de douceur, d'apparences futiles... mais aussi un monde de confection, d'élaboration, de travail sur soi pour parvenir à des qualités de corps (oui, la réflexion sur "l'éducation" héritée des siècles passés est bien perceptible), de coeur et d'esprit, travail minutieux pour devenir un être humain "accompli" qu'on soit homme ou femme. Car on se travaille soi-même (par la lecture, la pratique de la musique, du chant, d'un sport...) comme on élabore un costume idéal... celui que l'on va porter en privé ou en société, qui doit plaire en parvenant à accorder le goût des autres au sien propre.

_ L'histoire est intelligente, l'intrigue savoureuse, dynamique, charmante, c'est celle d'une vraie romancière qui s'attache à la peinture des caractères et nous expose les moeurs de l'Angleterre georgienne (car on apprend des choses en lisant et en regardant Austen). Une société régie par la hiérarchie, les convenances, les titres, l'honneur et le déshonneur... qu'on s'efforce de respecter ou contre lesquels on ne peut que lutter pour exister. Parce que ce monde "rose et blanc" est aussi un monde étouffant, écoeurant, qui peut rebuter de prime abord, surtout aujourd'hui, et quand on a plutôt l'habitude de choses plus simples ou "sombres", car c'est un univers bien éloigné des préoccupations quotidiennes des hommes et des femmes modernes... Totalement éloigné ? Pas tant que ça, peut-être... (et l'on comprend pourquoi cette série -et Darcy/Colin- a tellement inspiré Le journal de Bridget Jones !). Effectivement, ces frous-frous vieillots parlent de mariage... et quasiment exclusivement. Toute l'histoire repose là-dessus. Elle peut tenir en une phrase : comment, lorsqu'on est une femme de cette époque, parvenir à se marier (n'oublions pas que c'est leur unique préoccupation et celle de leur famille, une femme n'avait pas d'autre but ou d'autre "utilité", voir à ce propos l'article en lien au début de ce paragraphe) en conciliant son devoir et ses sentiments personnels ?
Voilà. Seulement cela. Et c'est déjà tellement... !
Alors, et les préoccupations philosophiques ? Où est l'orgueil ? Où sont les préjugés ? Si P&P est avant tout UNE (au milieu de plusieurs) histoire d'amour, elle n'en contient pas moins une réflexion sur l'être humain, la société, leur intéraction et les entraves qu'elle peut éventuellement opposer à l'épanouissement de l'individu.
Une réflexion sur l'orgueil, pour commencer : depuis l'antiquité, il a toujours été considéré comme double (et je vous passe le concept des "7 péchés capitaux"). Il est à la fois un moteur puissant, puisqu'il pousse l'homme à "s'élever", et un danger considérable, lorsqu'il devient démesuré, car il entraîne sa chute (voyez le pauvre Icare). La plus grande difficulté étant de parvenir à le modérer et à le maîtriser. Et c'est un long apprentissage. Cela l'a toujours été. Au bout de cet apprentissage : la sagesse, la paix, le bonheur... peut-être.
De cet orgueil peuvent naître des préjugés, qui ont souvent, eux aussi, des conséquences fâcheuses. Pour les autres comme pour soi-même. Il n'y a pas que Darcy, qui soit le représentant, dans cette histoire, de cet orgueil et de ces préjugés, même si on les voit en lui avec évidence. Elizabeth Bennet, aussi, a de l'orgueil... et des préjugés concernant Darcy, par exemple. D'autres personnages encore (les soeurs Bingley, Mr Collins, Mrs Bennet, Lady Catherine de Bourgh...) en représentent les différentes facettes.
L'évolution des personnages et de l'intrigue est extrêmement bien faite, subtile. Et on y retrouve des valeurs sûres.

_ Les acteurs sont excellents. Justes, sensibles. Qu'il s'agisse de jouer la caricature, la bêtise ou des sentiments plus "nobles" et intériorisés... Un geste, un regard suffisent parfois. Autant leur consacrer immédiatement une présentation plus approfondie.



2) Sept éléments (personnages, acteurs et autres...) formidables :

_ Les soeurs, et plus particulièrement Elizabeth Bennet (la seconde fille aînée, l'héroïne)/Jennifer Ehle et Lydia (la cadette)/Julia Sawalha :

Jennifer Ehle est vraiment une Lizzy parfaite. Son visage, rond, doux, intelligent, pétillant... exprime parfaitement le caractère du personnage.



Toutes les soeurs Bennet sont incarnées avec leurs qualités et leurs défauts. Si on peut, peut-être (mais ce n'est pas mon cas car il me semble que l'attention se focalise davantage sur l'héroïne de toute manière, et c'est bien normal), regretter que Jane, la soeur aînée -qui est supposée être une beauté extraordinaire- soit un peu fade, en revanche, Lydia, la cadette, est vraiment réussie. Elle est ingérable et insupportable. Bravo à l'actrice, dont la voix un peu cassée convient à merveille. On a envie de la battre du début à la fin. D'ailleurs, je trouve personnellement que Lydia n'est pas assez battue dans cette histoire... parce qu'elle le mériterait vraiment !




_ Mr Bennet (le père)/Benjamin Whitrow et Mrs Bennet (la mère)/Alison Steadman :

Mr Bennet a un humour constant (c'est ce qui lui permet de supporter stoïquement son épouse), ironique, et caustique qu'on ne peut qu'adorer ! Sa relation à sa fille Lizzy, qu'il aime tout particulièrement parce qu'elle est la plus "douée" -intellectuellement parlant- de ses filles, est très touchante. Ne pas avoir eu de fils est, cependant, un de ses grands regrets, car cela pose des problèmes d'héritage... et de mariages.



Mrs Bennet est incroyable. Tout comme l'actrice qui l'interprète. C'est un personnage exaspérant, hystérique, intéressé, sans doute buté... Obsédée par l'idée de marier ses filles, elle est la digne mère de Lydia. La supporter est un vrai supplice...




_ Mr Collins/David Bamber :



Ce personnage est également horripilant, et l'acteur qui l'incarne tout à fait excellent. Jouer des personnages que l'on va détester n'est pas chose aisée... Etre ridicule, infatué, tartuffe, collant... Une performance.


_ La haute classe, notamment Lady Catherine de Bourgh/Barbara Leigh-Hunt :



Les soeurs de Charles Bingley sont de vraies harpies. Affreuses et perfides commères. On y retrouve "tronche de cane" de Quatre mariages et un enterrement, une malheureuse habituée des rôles de laissée pour compte... mais ce n'est pas le rôle qui fait l'actrice, car elle incarne ici à merveille son personnage. L'image de droite est particulièrement belle (un petit quelque chose de Georges de La Tour, non ?), elle représente bien l'attitude des deux soeurs.



Lady Catherine de Bourgh est phénoménale. Autant par son caractère que par le physique, la diction et les expressions de l'actrice. Il faut l'entendre en langue originale !


_ Mr Fitzwilliam Darcy/Colin Firth :

Concernant Darcy, il y aurait tellement à dire/à montrer... que j'ai préféré faire une vidéo thématique, quand on aime... on ne compte pas (et j'en profite pour l'offrir à ma très chère homonyme -en vrai !- blogueuse (quel incroyable hasard ! l'ironie du sort, sans doute !) -elle se reconnaîtra... et appréciera, j'espère- avec qui nous partageons tant de choses et, notamment, une darcy-jacobi-damonisation aiguë, successive, simultanée, incurable et totalement assumée, qui est, il faut bien le reconnaître, une forme contemporaine du bovarysme... la chair est faible, hélas, et j'ai lu tous les livres !... Mais nous aimons notre mal, *soupir*, passionnément) !
Donc, un hommage personnel ému au regard (de braise !) de Colin Firth/Mr Darcy alias "The Look", une constante du film... avec mon plus profond respect et toute ma gratitude (musique : l'air de Chérubin "Voi che sapete", in les Noces de Figaro de W. A. Mozart, Cécilia Bartoli).

(Apparemment, le lecteur se montre parfois capricieux. S'il ne démarre toujours pas après que vous vous soyez acharné sur "play", cliquez sur le curseur.)


_ Les costumes :

Tout particulièrement ceux d'Elizabeth, mais aussi ceux des personnages masculins, allient discrétion et raffinement. J'adore (et c'est rien de le dire !) les robes simples (entendez sans paniers, "champêtres", dirait Marie-Antoinette), taille haute sous la poitrine, dans le style Empire (mais cette histoire se situe un peu plus tôt chronologiquement parlant). En France, nous avions la fin du règne de Louis XVI, la Révolution, puis les scandaleuses Incroyables et Merveilleuses du Directoire... on en est bien loin, ici. Beaucoup de pudeur, même si les décolletés mettent la féminité en valeur.


Des tissus superbes, de subtiles transparences, des satinés, de la mousseline vaporeuse, des cotons fins, des chapeaux tuyautés adorables, des harmonies de couleurs recherchées...



Chaque tenue de Lizzie est un vrai poème... pourquoi ne s'habille-t-on plus comme ça ? *regret profond*



Au bal. Une sublime veste longue mordorée, avec de longs gants blancs (qui devaient se changer à chaque danse -pour les messieurs seulement ?- paraît-il... toute une organisation !), sur une robe blanche avec broderies, transparences, plissés et dentelle. A droite, pour Jane, une cape rose poudre :



Mon coup de coeur : cette magnifique veste courte en velours vert sombre :



_ La Nature :

On se promène beaucoup dans cette histoire. L'exercice physique est sain et apprécié, on vibre en harmonie avec la nature, on admire ses beautés, on se change les idées, on réfléchit, on se défoule... et comme chaque paysage est un état-d'âme, c'est tout à fait "romantique". Et puis, la campagne anglaise est absolument magnifique.



Toutes ces vues superbes sont une grande bouffée d'oxygène et invitent volontiers à la rêverie...



3) Cinq scènes d'anthologie :
(avec quelques captures des moments les plus hot, O_O', lol !)

Bien évidemment, elles concernent l'évolution de l'histoire d'amour Lizzy/Darcy. On y retrouve des étapes bien connues...

_ La rencontre, au bal. Un bal de campagne... Darcy, plein d'orgueil et de préjugés, se montre méprisant et grossier. Ses remarques à propos de sa beauté "tolerable, but not enough to tempt me" blessent l'orgueil de Miss Bennet ("capital offence"), qui se jure bien de ne jamais danser avec lui.

_ Le bain de Darcy. Rapidement, cependant, la forte personnalité de Lizzy l'intrigue et ses qualités le touchent. Il est ému, mais lutte toujours contre lui-même. En effet, s'il perd un peu de ses préjugés, son orgueil est toujours là. Il ne peut envisager de s'intéresser à une jeune femme d'un rang si "inférieur" : Tentation.



_ La déclaration/demande en mariage contrariée. Dévoré par sa passion, piétinant son propre orgueil, Darcy se déclare. Totalement. Il expose crûment, et sans doute maladroitement, à Lizzy le conflit entre sa raison et ses sentiments (thème cher à Austen) qui le tourmente. Ce qu'il dit, même si c'est la plus stricte vérité, blesse encore l'orgueil de Miss Benett qui, en retour, rejette sa demande. Orgueil contre orgueil : Fascination.

_ La rencontre inattendue à Pemberley. Du temps a passé. Lizzy visite (en touriste et par hasard... celui qui fait bien les choses !) la demeure de Darcy. Elle éprouve une grande émotion devant la beauté du lieu et, perdant ses préjugés, éprouve un certain regret. Elle commence à entrevoir la face cachée de celui qu'elle croyait avoir tant de raisons de détester... et elle est séduite par ce qu'elle découvre. Par hasard (encore !) Darcy rentre à l'improviste, après avoir plongé dans un lac (il fait chaud, il est intérieurement "brûlé" par l'amour qui le ronge et dont il ne saurait se défaire malgré la blessure de son amour-propre, il a besoin de frais... nous aussi). La scène est très belle. Et symbolique. Car c'est un Darcy tout nouveau, "lavé", presque "nu", qui se présente au regard troublé d'Elizabeth. L'acteur lui donne même des attitudes de petit garçon pris en flagrant délit... Ils sont très émus. Et si tout n'était pas perdu ? : Hésitation.

_ Le piano-forte. LA scène. Toute de passion contenue. Le désir est à son comble. Il vient s'augmenter de gratitude, de la part de Darcy, pour Elizabeth qui se montre sensible et attentionnée avec la jeune soeur de ce dernier. Et c'est vraiment beau, un homme amoureux... !
Cette admiration et cette gratitude deviendront réciproques, un peu plus tard, après qu'un coup du sort ait finalement fait perdre à Lizzy son propre orgueil... : Révélation.




NB: non, je ne bugge pas, les expressions sont différentes à chaque fois (il est foooort, ce Coliiiin !)



Darcy face à lui-même, dans la nuit. Ses souvenirs, ses espérances... La petites musique de Mozart parlant d'amour. Son absence de reflet dans le miroir, peut-être -non, il ne s'est pas changé en vampire !...-, car il ne s'en soucie plus, et donc on ne nous le montre pas : à présent, il est prêt à aller au-delà des apparences, au-delà des convenances (je sais, je pousse un peu l'interprétation, mais j'adore, lol !) Un très beau moment :


Remarque : Finalement, si Elizabeth change de sentiments à propos de Darcy au moment où elle découvre sa demeure de Pemberley, on pourrait se demander si, au fond, ce n'est pas par vénalité (il s'avère être incroyablement riche et le maître d'un domaine splendide)... Peut-être... Mais on comprend surtout que ce qui séduit Lizzy, c'est la beauté et la noblesse du lieu, qui reflètent celles de son propriétaire. Car c'est bien cela que les personnages recherchent : la noblesse, au sens classique du terme, la hauteur, la grandeur d'âme. Quand elle découvre la noblesse de Darcy, Miss Bennet est conquise par tout ce qu'elle implique : sa force, ses valeurs, sa sensibilité, sa profondeur et sa délicatesse. Après lui être apparu comme un vrai goujat froid et hautain, Darcy se révèle être un parfait gentleman... mieux, un héros. Un héros romantique ? Non, un vrai héros de romans courtois : un chevalier. Puisque ses dernières actions le montrent absolument chevaleresque...
Car l'époque de Jane Austen est aussi celle du roman gothique anglais, très inspiré par le Moyen Age. Et... un pilier de l'univers fantastique.


Ainsi, la retenue, la pudeur, sont inhérents à cette histoire. Parce qu'ils correspondent à la vérité de l'époque et à la cohérence psychologique des personnages (contrairement à celles de Twilight, ai-je envie de préciser...).
Pour le plaisir, voici le seul contact physique "intime"... et la dernière image de la série.



Oui, c'est aussi ça, P&P : le genre d'histoire à vous faire trouver un mot, un regard, ou un baiser, résolument jouissifs... Et sans pouvoir vampirique particulier ! On n'a plus l'habitude...



Bonus :

A ce propos, la "sensualité" et le style du roman d'Austen et de ses personnages continuent d'inspirer... toutes sortes de choses.


=> Vraiment hilarante et très bien faite, la série Lost in Austen. Visionnable en streaming, mais seulement en anglais, .

from link

Série qui a été elle-même inspirée par ce "livre dont vous êtes l'héroïne" (réussirez-vous à séduire notre cher Fitzwilliam Darcy ?) de Emma Campbell Webster, ci-dessous dans sa version couverture originale ET couverture française illustrée par notre sooo frenchy Pénélope Bagieu géniale et préférée (une présentation de ce livre est à lire dans Les Lectures de Cachou) :


from link et link


=> Quelques parodies Youtubesques :


et encore plus fort ! :



=> Donc, on ne s'étonnera pas de trouver également ce genre de chose :

from link

J'ai choisi la couverture "anglaise", l'américaine est plus... moins "dark", lol. Pas de traduction française pour le moment, semble-t-il.

Ou encore ceci :

from link

Qui, apparemment, est/va être adapté à l'écran. In-cro-ya-ble ! (remarquez, ils ont aussi fait Abraham Lincoln : Vampire Hunter, alors on n'est plus à ça près !) :




Conclusion :

Essentiel à sa culture personnelle, Pride and Prejudice est parfaitement incontournable. L'adaptation de la BBC est un chef-d'oeuvre (n'ayons pas peur des mots !). Aussi, il s'achète (j'insiste) ! Il est si doux de le posséder... de le transmettre... et de se dire qu'on contribue un peu à ce que la qualité télé-visuelle perdure. Elle est assez rare pour qu'on puisse se permettre de le souligner et faire preuve d'un certain militantisme. Le site français de la chaîne propose différentes formules (DVD simple, coffret) et même le téléchargement, sur ce lien. Sinon, on peut le voir en streaming -mais en anglais (quel charme !)- ici.
C'est une histoire pleine de rebondissements, de tension, d'émotions variées, qui expose -étudie, plutôt- chez l'être humain, la lutte perpétuelle entre la raison et les sentiments, thème éternel, s'il en est. Une histoire qui finit bien aussi, et qui fait du bien. Bonne comme le printemps qui revient... les premières framboises... les pommes qui rougissent, les figues mûres... les stylos qui écrivent or ou argent... le feu dans la cheminée, la magie de Noël (ici, entendre My Favourite Things de Sarah Vaughan). Elle est pleine de beaux et grands sentiments, d'humour fin et d'intelligence.
Cette série se regarde comme on regarde Le Seigneur des Anneaux : pour ré-aligner ses chakras, se remettre les idées en place, retrouver ses repères... "à chaque changement de saison", a dit le docteur, "ou, AU MOINS, une fois par an".



(Et puis d'abord, moi j'dis "Think different, think Darcy", marquez votre différence !

buy/acheter link
+ quelques créations personnelles (sauf la dernière) pour blogs, si ça vous tente :

from link)

Petit message

J'ai remarqué que, malheureusement, Deezer perdait parfois certains morceaux, mais je ne peux pas savoir lesquels... Alors n'hésitez pas à me laisser un petit message lorsque, au cours de votre lecture, vous rencontrez un lien mort dans mes players. Je ferai en sorte de le remplacer. Merci !