samedi 28 août 2010

Nouveaux sondages !


Voilà un bon moment que je n'avais plus profité de cet outil à la fois amusant et utile...

Dans le cadre de ma fiction (mais pas seulement), j'ai eu l'occasion de me poser certaines questions auxquelles j'ai tenté de répondre selon ma réflexion personnelle et mon ressenti. Mais je serais très intéressée d'avoir votre point de vue !...

Voici donc trois sondages, exclusivement consacrés au personnage principal. Alors, une fois changée en vampire, Bella... ?
/ Here are three polls dedicated to the main character. So, when she's turned into a vampire, what would Bella do... ?












A propos des chapitres 9-10 : inspiration



Bioko Island, from link


Bella and Edward reach Africa. Bella thirsts increases. She fears she could become wild and lose her self-control. She wonders if being a vampire will change her personality forever. Kaly's memory shows her what she became and helps her to accept her new nature. She lets herself go for a while, feels her limits, desires, tests her speed, and understands how her shied works. She feels connected to Edward and able to locate him even when he's far from her. She's eager to master herself and go back to Forks. Time passes. One day, she sees a lioness and wants to go hunting with her because she thinks they both are predators. But the animal finally attacks her and she realises they are not the same : all animals are her preys and she can be the predator's predator. Then she fully accepts who she is now, and she drinks the lioness blood.



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Bella est devenue un vampire. C'est un changement profond de nature et peut-être même d'identité, car tous les repères humains et avec eux toutes les valeurs humaines, se trouvent modifiés. Il m'a semblé nécessaire et intéressant de raconter, du point de vue du personnage principal, les interrogations et les différents ressentis, réflexions, raisonnements, etc... qui peuvent animer un nouveau vampire. Un être qui réfléchit encore avec ses habitudes d'humain, mais qui n'en est plus un.
A la lecture de la saga de S. Meyer, cette réflexion et ce ressenti m'avaient aussi manqué. Dans le 4e tome, Bella devient un être parfait, qui n'éprouve aucune difficulté face à sa nouvelle nature. J'ai essayé, ici, de suivre son possible cheminement intellectuel (modifié par les différents éléments propres à ma fiction, bien évidemment) et sensoriel. Changer profondément de nature est très certainement un grand bouleversement. Il est certain que le personnage de Bella ne pourrait pas devenir un nouveau-né barbare et incontrôlable, parce que ce serait trop éloigné de sa personnalité et de son caractère "unique" (elle est l'héroïne, et elle est différente, nous le savons depuis le début). Elle ne pourrait pas, soudain, poussée par sa soif, choisir de vivre en "vrai" vampire, et abandonner les préceptes du clan Cullen en décidant de se nourrir de sang humain. Néanmoins, on peut quand même la suivre dans une progression, à l'image de sa personnalité et de son histoire, une évolution complexe, par laquelle elle découvrirait que l'on ne peut plus vraiment agir et penser comme un humain lorsque l'on est un être surnaturel.
Devenir vampire ne doit pas, selon moi, être la solution à tout. La clef de la perfection absolue et de tous les bonheurs. C'est, traditionnellement, une nature ambiguë, qui possède à la fois des pouvoirs fascinants et des contreparties terribles. Et c'est de là, d'ailleurs, que viennent l'intérêt et le piquant de ces personnages fantastiques.




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J'ai choisi de conduire ma Bella nouveau-né en Afrique comme un retour aux sources de la vie. De la sauvagerie de la vie, de sa beauté et de ses mystères. La diversité des paysages qui la composent et des visages qu'on y croise est un spectacle permanent. En tant que vampire, Bella est devenue un être dont les sens ont acquis une grande sensibilité, elle est beaucoup plus sensible au monde qui l'entoure, et ce pays lui donne de nombreuses occasions d'expérimenter son ressenti.
C'est également le choix d'Edward, car le voilà seul avec un jeune vampire qui pourrait se montrer très dangereux. En écrivant ce chapitre, j'ai réalisé à quel point l'idée de "clan" pouvait avoir de l'importance concernant les vampires. Comme dans toute société, le clan est là pour protéger, mais aussi pour éduquer, contenir, civiliser ses membres. Il tire sa force de sa cohésion. Bella et Edward, ici, sont seuls. Et ils sont tout à la fois vulnérables et dangereux. L'espace sauvage dans lequel ils se trouvent leur permet une certaine liberté, et leur solitude donne la possibilité à Bella de découvrir en toute tranquillité l'étendue de ses pouvoirs. Mais la question du retour à la société se pose en permanence.




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J'ai conduit Bella et Edward dans des lieux très divers tout au long de ma fiction. Je me suis beaucoup amusée lorsque j'ai constaté que, dans chacun de ces endroits, l'on pouvait trouver un lieu (nom d'hôtel, ville, lac, région, etc...) portant le nom de Victoria. L'ironie du sort, sans doute... !
Il m'est apparu -et je l'expliquerai plus précisément par la suite- que les lieux géographiques devaient avoir beaucoup d'importance pour l'héroïne de cette histoire. Chacun a son sens, lui apporte quelque chose. Elle est liée à eux, en quelque sorte, et on comprendra pourquoi plus tard. Chaque endroit particulier du globe construit son histoire, tout simplement parce que le monde physique est fait d'êtres et de situations qui ne peuvent pas se rencontrer n'importe où. Cette histoire est une quête, une recherche de sens et d'identité, et elle nécessite que l'on cherche avant de trouver. Que l'on parcoure la vie, l'espace, le temps.
J'avais aussi regretté que les personnages de la saga restent si "américains". L'étranger y est seulement considéré comme une destination dangereuse (les Volturi en Italie, pays "originel" pour un peuple issu dans sa quasi totalité d'une relativement récente immigration) ou touristique (l'île d'Esmé, quelque part près de l'Amérique du Sud, -pour être en sécurité, il ne faut pas partir trop loin non plus...) Il me semble au contraire qu'un vampire ne devrait cesser de parcourir le monde, et tenterait plutôt de découvrir ce que sa nature humaine ne lui permettait pas...




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Bella est en quête d'elle-même. Elle doit apprendre à maîtriser ce qu'elle est devenue, à utiliser son don, tout comme elle doit comprendre ce qu'est réellement sa nature profonde. Même si elle a fait le choix de ne se nourri que de sang animal, elle réalise qu'elle est maintenant un être qui est bien différent d'un simple être humain. Elle n'a plus à craindre les mêmes dangers, elle n'a plus les mêmes envies, les mêmes goûts... ni les mêmes raisons d'agir. A la fin de ce chapitre, Bella comprend et accepte ce qu'elle est. Elle s'est identifiée à la lionne car elle est aussi, comme elle, un prédateur. Finalement, elle est comprend que c'est impossible. Qu'il n'y a plus d'identification possible pour elle, à présent, avec aucun autre être vivant de ce monde. Elle tue le lionne, comme si elle se détachait définitivement de son ancienne image, de son "animalité". C'est également une manière de tuer la bête en elle. Celle qu'elle a si longtemps craint de devenir lorsqu'elle serait changée en vampire...




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vendredi 27 août 2010

VOL III _ chpt 9, chpt 10


Chapitre 9 : Le Passage/ The Way

Nous fûmes en Afrique en deux jours.
Deux jours et deux nuits où nous ne quittâmes pas la côte et, moi, rarement la mer. Je ne me lassais pas de filer dans cette eau si bleue et si tendre. Je pus me nourrir de quelques gros poissons, que je croisais quand je partais un peu vers le large, mais il me semblait aussi que le fait d’être immergée en permanence avait une sorte d’effet apaisant sur ma soif. Edward le constata lui aussi, s’en réjouit, et il se plaisait à me suivre ou à m’attendre sur la côte. Souvent, il me rejoignait, et nous profitions un moment du bien-être que les flots nous procuraient.
Je franchis le détroit de Gibraltar par mes propres moyens, tandis qu’il embarquait sur un ferry bondé de touristes. J’aurais peut-être pu l’accompagner, il m’en sentait capable disait-il (je le trouvais trop optimiste à mon goût !) car j’étais très calme, selon lui, mais c’était mon choix : je préférais ne prendre aucun risque. Ensuite, nous suivîmes encore la côte Ouest de l’Afrique durant un certain nombre de jours, dont je commençais vraiment à perdre le compte. A la nuit tombée, nous partions parfois nous nourrir ensemble, plus loin, dans les forêts, mais nous regagnions toujours la plage en définitive, et j’en étais soulagée. Cependant, Edward souhaitait qu’une fois arrivés au Cameroun, nous commencions à nous enfoncer plus profondément dans les terres. Cette idée ne me plaisait guère. En vérité, j’avais du mal à imaginer que je dusse quitter les bras de l’océan. Il m’était si doux d’y glisser, cela me faisait tant de bien ! J’aurais pu attendre ainsi, tout simplement, que passe cette période difficile qu’il m’avait annoncée et que j’espérais secrètement ne jamais voir venir… Mais après un certain temps, il me fallut reconnaître que j’en ressentais tout de même, malgré moi, les prémices.
En effet, peu à peu, j’avais la sensation qu’un manque s’installait. Une sorte d’insatisfaction d’abord, qui se changea bientôt en malaise. Un besoin. Un besoin inassouvi. Puis une détresse violente. Un trou immense et sans fond semblait, par moments, vouloir s’ouvrir quelque part dans ma poitrine. Bizarrement cette sensation ne m’était pas tout à fait inconnue. Elle faisait écho à ce que j’avais éprouvé, des années auparavant, dans les pires moments de mon existence d’humaine. Et elle m’effrayait d’autant plus. Je tentais de la contrôler, de l’oublier, mais en vain. Elle disparaissait dès que je me nourrissais, mais revenait de plus en plus fréquemment. Et il n’y avait pas que cela. Il n’y avait pas que ce manque physique. Il y avait aussi le désir. Le désir malsain et irrésistible, mauvais et brûlant… Le désir de la chasse. Il s’insinuait soudain dans mon esprit et je me voyais, courant, bondissant, saisissant. Vouloir, traquer. Prendre. Obtenir. Cela en devenait parfois, quelques secondes, véritablement obsédant. Je voulais poursuivre, mordre et tuer. Vivre en prédateur… N’était-ce pas ce que j’étais devenue ? Je sentais que cela me procurerait un plaisir et une satisfaction sans égal. Cette envie devenait de plus en plus forte et j’aurais voulu la faire taire en m’éloignant davantage, au contraire, dans les profondeurs obscures de l’eau, en perdant de vue tout rivage, en m’entourant d’immensité fraîche et limpide. Si seulement elle parvenait à me rasséréner tout à fait ! Quelque chose, en moi, m’y poussait, me disait que c’était certainement ce que j’avais de mieux à faire, partir seule…
Mais Edward en doutait. Il estimait que c’était beaucoup trop hasardeux et qu’il n’en était, de toute façon, pas question une seule seconde. Il ne voulait rien entendre. Si, un moment, j’avais été persuadée que mon sentiment était le bon, je me rangeai finalement à l’avis de mon mari lorsque mes pulsions se firent réellement plus violentes. Il m’affirma que seul le sang et la satisfaction de mes désirs vampiriques sauraient m’apporter la paix et me permettraient, progressivement, de franchir ce stade, sinistre et fatal, de ma transformation. Moi, j’aurais voulu l’éviter, trouver le moyen de le contourner, de l’adoucir. Cela était très certainement possible. N’étais-je pas réellement différente de la plupart des nouveaux-nés ? Kaly n’avait-elle pas fait de moi un jeune vampire un peu à part en me donnant une partie de sa force et de sa sagesse ? Ne pouvais-je pas compter là-dessus ?... Mais je devais me rendre à l’évidence : cela avait déjà commencé.

Edward m’affirma qu’il me fallait un territoire de chasse, dans lequel nous pourrions être tranquilles, le temps nécessaire. Le pays était suffisamment vaste pour éviter toute difficulté. Ce serait beaucoup plus simple. Pour lui, surtout. Et je comprenais que c’était cela, sans doute, le plus important. Car il n’y avait pas de clan pour veiller sur nous. Pour me contenir, prévenir mes réactions ou s’y opposer si elles devenaient (oh, pourvu que ce ne soit pas le cas !) vraiment problématiques. Si je me changeais en une créature irrationnelle… Il n’y avait qu’Edward. Edward et moi.
Cela ne m’était jamais apparu jusqu’alors, car je me sentais toujours moi-même, toujours… inoffensive, d’une certaine manière, mais je réalisai à présent qu’Edward avait pris un risque, en choisissant d’assumer seul ma transformation. Si je n’y avais jamais pensé, lui, en revanche, devait en avoir envisagé toutes les conséquences. Et il savait ce qu’il faisait. Il m’avait guidée, très naturellement, sans montrer de réelle inquiétude ou de précipitation, et sans que je me doute bien de ce qui m’attendait, vers ce pays immense et sauvage afin que nous y fussions à l’abri. Moi, de moi-même… et les autres, de moi. Mais lui ? Il avait fait en sorte de me rendre les choses le plus agréable possible, il s’assurait toujours que tout soit au mieux pour moi. Il ne me témoignait que de la joie et du plaisir d’être en ma compagnie. Cependant, il savait. Et il avait agi exactement comme il le fallait. Car il ferait difficilement le poids, si je perdais totalement le contrôle de moi-même. Il aurait beaucoup de mal à maîtriser le nouveau-né à l’apogée de sa force que j’étais, ou que j’étais en passe de devenir. Cette prise de conscience me procura deux sentiments contradictoires : elle augmenta instantanément mon admiration pour Edward, tandis qu’elle m’accablait de désespoir. Quand m’appartiendrais-je enfin ? J’étais encore celle sur qui il fallait veiller. Non plus pour qu’elle ne soit pas blessée, mais pour qu’elle ne cause aucun dommage irréparable.
Des dommages irréparables… j’en avais déjà tant causé ! Je n’étais donc bonne qu’à cela ?
S’il m’était déjà arrivé de me détester, de m’en vouloir profondément, ce n’était rien face à ce que mes nouvelles émotions de vampire me donnaient à éprouver. Le plaisir, comme la douleur, se trouvaient démultipliés, et j’eus beaucoup de mal à ne pas sombrer tout à fait dans la peine que j’éprouvais. Un moment, j’en vins à me demander si toute mon histoire en valait vraiment la peine. Si je ne m’étais pas fourvoyée. Si mon existence, et celles de tous les vampires, quels qu’ils soient, méritaient qu’on leur en sacrifie tant d’autres. S’il n’aurait pas été plus sensé et moins égoïste, tout compte fait, de nous laisser disparaître… J’étais perdue.
Edward s’en rendit compte, et il se montra plus tendre que jamais. Mais lorsque le moment de quitter la côte arriva, une grande angoisse me prit. Je compris que ni mon corps ni mon âme ne voulaient quitter l’eau. Qu’ils allaient souffrir sans elle, et qu’ils demanderaient une autre sorte de soulagement. Je le sentais, avec certitude. Et cela, je n’étais pas prête à l’assumer. J’avais peur. Peur de ne plus parvenir à rester moi-même.



Nous étions sur une plage, à quelques kilomètres d’une ville. Je distinguais, au loin, les petits points scintillants des lumières qui signalaient sa présence, mais surtout, je la percevais. Son murmure, sa vibration. Derrière nous, au large, une île étendait sa silhouette sombre au ras des flots obscurs. Nous allions nous enfoncer dans la nuit, en direction de l’Est. Il y aurait des forêts, une nature luxuriante, des animaux. De la nourriture à chasser. Nous devions le faire. Une part de moi le désirait avec violence… et j’étais tétanisée.
Ce qui se passait dans les méandres de mon esprit et de mon être tout entier était particulièrement étrange et oppressant. J’éprouvais du dégoût pour moi-même, de la culpabilité, du remord. Alors que je n’avais rien fait qui le justifiât ! Rien. Pas encore… Mais je pressentais. Je savais.
Edward prit ma main. Il voyait mon trouble, et ne savait comment y remédier. Sous mes pieds, le sable et les pierres de la grève parurent progressivement s’animer. Ils me rappelaient confusément de vieux souvenirs, profondément enfouis, si lointains... Alors, je compris. Mes sentiments en avaient appelé d’autres. La mémoire de Kaly me disait ce que je devais -ou ce que je voulais, sans doute, au fond de moi- savoir.
« Edward…, lâchai-je finalement résignée, pardonne-moi.
_ Mais… pourquoi, Bella ? Que se passe-t-il ?
_ Edward…, je vais… je vais tuer. Je vais beaucoup tuer. »
Il pencha légèrement sa tête de côté, fronça gentiment les sourcils. Il ne saisissait pas. Je poursuivis :
« Et cela me fait horreur. Mais… je le veux aussi. J’en ai besoin !
_ C’est tout à fait normal, Bella, voyons ! Il y a beaucoup d’animaux, tu seras satisfaite, et tout ira très bien. »
Son ton, son attitude… Il se voulait rassurant. Il me réconfortait. Je l’aimais tellement pour cela ! Pour ce qu’il avait fait, malgré ce qu’il savait, malgré ce qu’il connaissait de sa propre nature, qu’il avait haïe lui aussi, qu’il avait refusé de m’infliger… Mais il s’était résolu à le faire, pourtant. Comment avait-il pu ? Parce que je le lui avais demandé. Parce que c’était mon choix. Et je devais maintenant assumer mon choix. Pourquoi n’avais-je jamais réussi à imaginer que cela serait aussi difficile quand ce serait devenu bien réel ?
« Mais pas comme ça, Edward, pas autant ! Je n’aurais jamais cru que je devrais tuer autant !
_ Que dis-tu, Bella ? Je ne comprends pas.
_ Oui, je sais bien… c’est comme ça que les choses doivent être. C’est comme ça qu’elles fonctionnent, mais… j’ai un peu de mal… Ecoute, Edward, je sais très exactement ce qu’il va se passer. Je sais tout ce que je vais faire. Je le vois ! Et… c’est trop. Trop d’un coup. Je suis devenue quelque chose d’abominable. »
A ces mots, il lâcha ma main et, tout à coup, me serra contre lui. Très fort.
« Pourquoi dis-tu cela ? Tu éprouves… du regret ? »
J’entourai sa taille de mes bras, me blottissant contre lui. Je ne voulais pas lui faire de peine, je l’avais déjà tant culpabilisé…
« Non. Pas de regret. Il n’y a pas à avoir de regret. Je réalise, c’est tout. Je porte les souvenirs des choses que je n’ai pas encore accomplies, des émotions que je n’ai pas encore ressenties. Je sais même ce que cela fait de tuer un être humain, Edward ! Des êtres humains. Des centaines. Des milliers. Tout cela vient de… m’apparaître, parce que je le redoutais. C’est exactement comme si je l’avais vécu moi-même. La souffrance, les regrets, la torture. L’horreur. Tant de morts ! Tant de sang ! »
Edward embrassa mon front, puis sa bouche glissa tendrement vers mon oreille.
« Tu ne devrais pas réfléchir à cela, murmura-t-il, il s’agit de l’expérience de Kaly, n’est-ce pas ? Ce n’est pas la tienne. Tu n’agiras pas de la même manière. Ce n’est pas toi ! J’ai l’impression… que tu fonctionnes… à l’envers. Un nouveau-né ne réagit pas comme ça. Il veut, il prend, il est satisfait. Et cela recommence. Un nouveau-né veut juste vivre. Survivre. Sa nouvelle nature le lui commande. Les réflexions viennent plus tard. Beaucoup plus tard. »
Encore une fois, j’enfonçai mon visage dans le creux de son cou. Je fermai les yeux. Cela aurait été si simple ! J’aurais pu être un nouveau vampire bestial et heureux de l’être. Au moins, pour une fois dans mon existence, j’aurais cessé de réfléchir. Pourquoi rien n’était-il donc jamais simple pour moi ?

Edward caressait mes cheveux. Derrière mes paupières closes, les souvenirs de Kaly se bousculaient. Je les avais convoqués. Ils étaient venus. Ils défilaient, rapidement. Trop. Mais ils ne me donnaient plus le tournis, comme cela avait déjà pu être le cas. A présent que j’étais vampire moi-même, j’avais acquis la capacité de les distinguer tous, ensemble, et chacun dans le détail. Des siècles passaient. Des visages. Du sang sur des visages. J’entendais des noms, percevais des paroles. Mes sentiments propres se mêlaient à ceux de celle qui m’avait soignée. En faisant cela, m’avait-elle guérie ou, au contraire, contaminée ? Je ne pourrais probablement jamais le déterminer avec certitude. Les deux sans doute. Rien n’est jamais entièrement bon ou mauvais…
En quelques minutes, mes émotions changèrent du tout au tout. Elles se transformèrent à mesure que le temps passait et que celles de mon hôte évoluaient.
Il m’apparut qu’elles avaient mûri, soudain. Et elles étaient vraiment très différentes !
Mon anxiété s’était évanouie. Je me regardais, moi-même, avec une sorte d’indifférence. Quelque chose était parti… était mort ? Ou avait fini sa métamorphose.
Un sentiment émergea, clairement, parmi les autres, les réduisant tous au silence. Une conviction. Triste encore, mais déjà très solide.
Et il y avait autre chose après, encore.
« Oh, oui…, soufflai-je, c’est bien ça ! »
Edward se détacha un peu de moi afin de me regarder, sans desserrer pour autant son étreinte.
« Qu’as-tu compris ?, demanda-t-il.
_ Comprendre, ce n’est pas tout… mais je viens de sentir… Je sens… Je ne suis plus humaine, Edward. »
Il leva les sourcils.
« C’est une évidence.
_ Je veux dire… tu sais, quand Kaly nous a raconté sa façon de voir les choses… Je l’ai entendue. Je l’ai écoutée, et je l’ai comprise. Mais ce n’est pas quelque chose que je ressentais en moi, même si ce qu’elle disait me semblait juste, et faisait écho à… une sorte de certitude profonde quoique radicalement étrangère. Je ne pouvais pas le ressentir vraiment, parce que je n’en avais pas fait l’expérience moi-même. Mais… c’est ce qui vient de se produire. »
La main d’Edward se posa sur ma joue. Il se demandait sans doute ce que ma déclaration impliquait.
« Mon deuil est fini.
_ Ton deuil ? »
J’acquiesçai.
« Celui de mon humanité. De mon humanité morale. Je sais ce que je suis. Je ne suis pas un être humain. »
Les lèvres d’Edward se pincèrent légèrement. Son air se fit incrédule.
« Je sais ce qu’il me faut. C’est très clair. Pour le moment… je n’ai pas le choix. »
Je caressai son visage, et saisis ses mains.
« Alors, allons-y. Je n’aurai pas de remords, si tu n’éprouves pas de déception à mon égard.
_ De déception ? Mais par quoi voudrais-tu que je sois déçu, Bella ? »
Il paraissait extrêmement surpris. Je le considérai avec gravité.
« Mon humanité, Edward. Tu aimais… mon humanité. Je le sais. Mais elle vient de s’éteindre, totalement, j’ai l’impression. Alors que je ne suis pas sûre que la tienne le soit encore tout à fait…
_ Que… ? »
Durant plusieurs secondes, les prunelles d’Edward sondèrent les miennes. Malgré l’obscurité, je savais ce qu’il y cherchait. Et ce qu’il y voyait. Mais je ne détournai pas le regard.

Contre toute attente, un charmant sourire se dessina finalement sur ses lèvres. Cette capacité qu’avait Edward à sourire, alors que je m’attendais plutôt à une réaction dramatique et douloureuse, me déstabilisait toujours. Et me délivrait instantanément de mes tourments. Ses mains se refermèrent sur mes poignets.
« Je comprends ce que tu dis, Bella. Mais tu te trompes. Ce que j’aime, ce que j’ai toujours aimé, c’est ce que tu es, au plus profond de toi. Qui tu es. Au-delà de ton humanité, de ton vécu, de tes actes et de tes pensées. C’est une chose qui était très certainement déjà là, dès le moment que tu as vu le jour, et que tu porteras toute ton existence. Devenir vampire ne change pas la vérité des êtres. J’ai pu le constater. Je dirais que cela la révèle, même. Et c’est de cela, de cette vérité de toi, que je suis tombé amoureux. Eperdument. Absolument. Dès que j’ai pu la percevoir, la découvrir, dès que j’ai commencé à la connaître. Je l’ai trouvée, reconnue… et mon âme s’est unie à elle à jamais. Quelque chose m’a été rendu quand je t’ai rencontrée, Bella… »
Il se mit à rire tout à fait.
« Mon âme… longtemps j’avais pensé l’avoir perdue ! Mais aujourd’hui, je sais que c’était autre chose. En fait, je crois que c’était juste que je ne la possédais tout simplement pas entièrement. Et tu me l’as donnée. Tu l’as ramenée. Tu lui as redonné vie. Une vraie vie ! Je la sens en moi, à présent, avec certitude. Tu vois… moi aussi je comprends ce que Kaly nous a dit, Bella. Toi, et moi, nous sommes enfin… complets. Et il n’y a pas de plus grande félicité pour moi. Est-ce que tu peux, toi aussi, comprendre ce que je dis, ce que je ressens ? »
Si je comprenais ? Oh, oui… ! Je comprenais tout à fait.
Du regard, je caressai le visage d’Edward. Mon corps était empli de joie. Je la sentais, de mes pieds à ma nuque. Mes émotions se répandaient dans la plus petite parcelle de mon être. Elles imprégnaient chacune de mes cellules. Mon bonheur était une énergie qui palpitait dans ma chair surnaturelle et mon esprit. Une bonne énergie. Je souris.

Maintenant, il faut vivre, Bella ! Du mieux que nous le pouvons. Je ne me suis jamais senti aussi vivant, et avec une telle envie de vivre ! Et même si notre existence implique la mort d’autres êtres, nous devons l’accepter, dans la mesure où cela reste en accord avec notre conscience. C’est pour cette raison que j’ai choisi, comme tout notre clan, de ne me nourrir que d’animaux. Tu vas devoir choisir, toi aussi, ce qui te conviendra le mieux. Et quoi que tu fasses, mon amour t’est acquis, car je sais qui tu es. Tu me l’as dit, toi-même… Kaly nous l’a dit. C’est ainsi que fonctionne notre nature. Et elle ne peut pas être si mauvaise, dans le fond, parce que c’est elle qui m’a apporté le plus grand des bonheurs.
Avec le temps, peut-être pourrons-nous, nous aussi, nous détacher de notre dépendance au sang… nous avons beaucoup à apprendre, encore…


La pensée d’Edward m’était parvenue, aussi clairement que des paroles prononcées tout contre mon oreille. Je réalisai alors que lorsque le phénomène se produisait, et que sa pensée me devenait accessible, tout comme la mienne l’était pour lui, j’en comprenais le sens profond de manière extraordinaire. Parce que ce que je captais, c’était, en plus des idées, l’intention avec laquelle elles s’exprimaient.
Un large sourire se dessina sur le visage d’Edward. Lui aussi, m’entendait. Je tentai de définir avec exactitude l’émotion que je ressentais, et qui me permettait de m’ouvrir, de lever mon bouclier comme je venais de la faire. Il me semblait que je la saisissais de mieux en mieux. Mais je n’arrivais pas encore à la cerner tout à fait. Bientôt… bientôt, sans doute.
Je hochai la tête. Il était temps.

Je suis prête, Edward. Allons-y.

Il passa tendrement sa main dans mon dos et nous nous mîmes en marche, glissant dans la nuit, abandonnant derrière nous les bruissements secrets de l’océan, son parfum suave et ses merveilleux reflets d’onyx.





Chapitre 10 : La lionne/ The lioness

Il ne fallut pas longtemps pour que la soif me submerge. Complètement. J’aurais pu lutter. Il me semblait que cela aurait été possible. Douloureux, aussi, très certainement… Peut-être aurais-je dû. Mais je choisis, au contraire, de m’y abandonner. Car il fallait que j’éprouve l’étendue de ma nouvelle nature. Que j’y fasse face. Que je l’embrasse. Entièrement. Afin de la connaître et de la comprendre. Ce fut là, pour moi, une longue période d’abandon. A la fois douce, et amère.
A mesure que nous progressions, ma soif avait augmenté. Je chassais, souvent. Chaque jour. Puis, plusieurs fois par jour. Je ne pensais plus. Plus qu’à une seule chose… Nous sillonnions le pays. Les parcs et les réserves étaient nombreux, la faune variée, l’espace immense.
Parfois, je prenais conscience que mon attitude devait avoir quelque chose de frénétique. Je me rendis compte que j’aurais pu en arriver à disputer certaines proies à Edward. Que je l’aurais même voulu. L’instinct, en moi, m’intimait de lui faire savoir que je pouvais le dominer. Une sorte de pulsion belliqueuse me taquinait en permanence, à laquelle, en revanche, je me refusais de céder. Si ma puissance, mon avidité, ma brutalité même, pouvaient s’exprimer durant mes chasses, je parvenais cependant assez convenablement à contrôler mes réactions. Surtout envers mon mari. Mes sentiments pour lui agissaient comme un garde-fou, et mon esprit demeurait parfaitement clair, même quand de violentes pulsions se faisaient sentir. Mais je remarquai que jamais il ne s’aventura, durant cette période, à boire avant moi lorsque nous chassions ensemble. Bien sûr, il connaissait l’irritabilité et l’emportement dont pouvaient faire montre les nouveaux-nés. Il agissait donc en conséquence, mais… j’étais son épouse ! Je ne voulais pas qu’il me craigne ! Je ressentais pourtant sa défiance, sa réserve, et les précautions qu’il prenait, tout particulièrement, à certains moments. Elles m’indignaient d’autant plus que je m’efforçais de mon mieux de faire taire mes surprenantes envies de lutte. Son attitude était tellement maîtrisée ! Ses gestes tout en retenue et en modération. Alors que j’aurais voulu avoir l’occasion… Oui, c’était bien cela que souhaitait le jeune vampire que j’étais : un adversaire à ma mesure. Car il ne me restait plus que cela à éprouver, sans doute. Mais, le temps passant, je devenais assurément trop dangereuse pour mon mari. Ma force avait beaucoup augmenté, c’était indéniable. J’en avais bien conscience et cela m’agaçait, m’excitait et me désolait tout à la fois.

Cependant, je m’efforçais aussi d’explorer très consciencieusement les aptitudes que me conférait ma nouvelle nature. Leur étendue, et leurs limites. C’était autant une nécessité qu’un jeu, et un vrai plaisir. Le plus difficile étant de ne pas se laisser griser, entraîner et perdre, par ce que l’on devient capable d’accomplir…
La première expérience que j’avais volontairement faite concernait la vitesse. Je voulais savoir celle que j’étais capable d’atteindre. Et lorsque j’en avais eu l’occasion, dans un somptueux paysage désert de roches et de terre couleur cannelle, j’avais complètement semé à la course mon compagnon. Je m’étais éloignée de lui, à une certaine distance, mais tout en continuant de percevoir sa présence. C’était alors que j’avais compris le lien qui nous unissait. Que je l’avais clairement ressenti. Quelque chose, à la manière d’un élastique, cherchait à me ramener vers Edward. C’était l’effet de mon bouclier, à n’en pas douter. Progressivement, je l’appréhendais physiquement, je comprenais son fonctionnement, en éprouvais les manifestations.
« Je sens ta présence, avais-je expliqué à Edward. Je te perçois… comme une petite flamme. Une lumière vacillante. Elle s’éclaire dans la notion que j’ai de l’espace qui m’entoure, et qui se projette à l’intérieur de mon esprit. Cet espace, je le vois comme une sorte de voile transparent. Il me permet de te localiser, même lorsque tu es hors de portée de mon regard. Comme sur une portion de carte. Mais au-delà d’une certaine distance, cela… tire. Et je me sens obligée de revenir vers toi. »
Il m’écoutait, avec beaucoup d’attention, intrigué par ce pouvoir qui était le mien, et que je découvrais enfin pour de bon. Mon don… le seul qui lui procurât un peu de repos dans la société des humains ou de ses semblables. Sans doute, Edward et moi étions-nous réellement faits pour nous compléter…
« Il me semble que c’était déjà ce que je ressentais, lorsque j’étais… hybride. Mais c’était beaucoup plus douloureux. Mon bouclier t’avait spontanément placé sous sa protection et, lorsque tu t’éloignais, c’était un vrai déchirement. Je l’éprouvais de manière très vive. Sauf lorsque je dormais. Je ne sais pas à quel point je pourrais le contrôler. Si je peux choisir d’abriter quelqu’un dessous ou non… à quel point il peut s’étendre… »
J’avais hâte. Pourquoi certains éléments m’échappaient-ils encore ? Edward connaissait mon impatience. Et elle n’était pas près de s’améliorer pour le moment.
« Tu verras, répondait-il d’un ton de voix qui cherchait à me tranquilliser, peu à peu tu y arriveras. Il faut des années à un vampire doué pour connaître l’étendue de ses pouvoirs… quand ils n’évoluent pas encore ! Regarde Alice : la présence de Johnny a éveillé chez elle une nouvelle aptitude dont elle ignorait tout. Qui sait ce dont ton « bouclier » sera capable à l’avenir ? »

A l’avenir… Je devais pourtant être capable de le maîtriser, ce don qui était le mien, avant de rentrer chez moi. Je ne devais laisser passer aucune opportunité de me battre du mieux possible, en pleine possession de mes moyens, si cela se révélait nécessaire. Alors, il valait mieux que j’y parvienne au plus tôt. Il fallait que rien ne m’échappe. Je m’en voudrais trop ! Pour l’heure, je savais juste que mon bouclier, lorsqu’il s’était « activé », nous avait spontanément rendus invisibles pour Démétri et son pouvoir de détection. Et c’était ce qui nous avait enfin procuré le répit que nous n’espérions plus obtenir. C’était cela, qui nous avait libérés de la menace qu’exerçaient sur nous les Volturi, et qui nous avait rendu l’espoir ! Dans l’impasse où nous nous trouvions, un improbable passage secret s’était ouvert… J’en venais également à me demander si Kaly n’avait pas envisagé tout cela. Si elle ne l’avait pas compris, dès qu’elle nous avait rencontrés. Avait-elle su tout de suite, qu’il me fallait, irrévocablement, devenir vampire ? Que j’étais, peut-être, destinée à cela. Avait-elle fait en sorte de nous y… pousser, puisque nous n’y parvenions pas par nous-mêmes ? Si c’était le cas, elle avait exactement provoqué ce qu’Aro avait lui-même souhaité. Mais dans un tout autre style… Ces questions, que j’avais déjà eu l’occasion de me poser, revenaient encore, avec davantage de pertinence, me semblait-il. Kaly, elle, avait-elle agi seulement pour notre bonheur ? Quelles auraient pu être ses motivations profondes ? Comment comprendre les desseins d’un être âgé de plusieurs millénaires ?
« Peut-être…, soupirait Edward avec un petit sourire, mais il me semble, à moi, que nous avons toujours eu le choix. Tu l’avais, et je l’avais aussi. Kaly nous a juste… éclairés, à sa manière. Et de plusieurs façons. Elle m’a beaucoup apporté, tu sais, Bella. Dans une certaine mesure, elle m’a transformé. Et toi… aussi, bien entendu. J’aurais vraiment aimé que Carlisle puisse la rencontrer ! Mais qui sait ? Peut-être qu’un jour… Et tu pourras lui poser toi-même toutes les questions qui te préoccupent. Je ne doute pas qu’elle y réponde avec la franchise qui la caractérise.
_ Je ne sais pas si nos routes se recroiseront jamais, Edward. Je crains vraiment… elle était tellement déterminée, à certains moments, dans quelques-uns de ses souvenirs récents qui me sont apparus au moment où elle m’a… ranimée ! Si elle choisissait de disparaître, ce serait une perte incommensurable. Et intolérable, à plusieurs égards. Même si elle m’a donné ses souvenirs, cela ne la remplacera jamais. Je comprends aussi que la décision n’appartient qu’à elle seule. Et pourtant, j’aurais tellement besoin qu’elle me guide. Je le sens, si viscéralement ! Nous sommes liées, d’une bien étrange façon. Je ne me rends pas bien compte encore de tout ce que cela implique, j’ai l’impression. Mais… j’ai le sentiment que ce lien a toujours été là, d’une certaine façon. Et que tout ce qui s’est passé n’est pas arrivé pour rien. Qu’il y a un sens. Même s’il m’échappe… »
Le regard d’Edward me disait assez qu’il partageait mon trouble. Son sourire s’effaçait, ses sourcils se soulevaient légèrement. Mais son air demeurait confiant, et cette confiance était une force paisible qui me rassurait. Finalement, ses yeux se plissaient légèrement et ses pupilles d’or sombre retrouvaient leur éclat irrésistiblement tendre et pur. Malgré son apparente fragilité, Edward se révélait toujours si étonnamment solide !
« Tu dois te persuader, Bella, mon amour, achevait-il en caressant d’un doigt l’arrondi de ma joue, que rien ne fera jamais de toi autre chose que ce que tu es. Tu n’appartiens qu’à toi-même. »
Immanquablement, je souriais en retour.
Rien n’était plus vrai… et plus faux. Mais cela, nous le savions tous les deux.



Après le Cameroun, notre sinueuse route vers l’Est nous avait conduits, au fil de nos chasses, au Congo où nous nous étions longuement attardés, puis en République Centre Africaine, ainsi qu’au Sud du Soudan, et peut-être même de l’Ethiopie.
L’Afrique regorge de paysages d’une beauté à couper le souffle. Et si incroyablement variés ! Des déserts, des forêts, des plaines et des montagnes. Tant de soleil, tant de chaleur ! Elle me procurait une énergie phénoménale. Une force vitale incroyable se dégage de cette terre originelle. Je la percevais, je la ressentais en permanence dans la vibration mystérieuse qui animait mon corps et mon esprit vampiriques. Si on prend le temps de la contempler, si on l’écoute, on ne peut que ressentir la puissance magique qui émane de chaque végétal, de chaque pierre, et de chaque animal qui peuplent ces lieux. Des aubes rose vif, des crépuscules vert émeraude, un air palpitant sans cesse de milliers de parfums mêlés et entêtants… un murmure ininterrompu de vie. Un élan permanent. Une vigueur incomparable.
Un matin, nous parvînmes sur la rive d’une immense étendue d’eau, que je pris tout d’abord pour la mer. Je pensais que nous avions atteint la côte Est, et que nous nous trouvions face à l’Océan Indien. Mais il s’agissait en réalité d’un lac. Un lac aux dimensions impressionnantes. Edward m’expliqua que nous devions nous trouver face au lac Victoria -immédiatement, je chassai les souvenirs qui se présentèrent à mon esprit à l’évocation de ce nom trop tristement familier- qui s’étendait sur plusieurs pays. Nous étions au Nord de la région justement appelée « région des lacs », une des plus belles du continent, très certainement. Durant plusieurs jours, nous demeurâmes dans sa proximité, profitant du spectacle merveilleux qu’il offrait, et du plaisir de baignades au clair de lune dans son eau fraîche et calme. Cependant, nous progressions toujours lentement vers l’Est, et nous devions nous trouver près du Kenya, lorsque je fis une rencontre assez inattendue.
Jusqu’à présent, nous n’avions éprouvé aucune difficulté à éviter les hommes qui peuplaient les pays que nous avions traversés. Une fois, dans le désert, nous avions croisé, de loin, la longue file d’une caravane. Edward tenait ma main. A travers des voiles bleus, d’inquisiteurs regards noirs s’étaient posés sur nous, qui progressions seuls, et à pied, dans les dunes, si vulnérables, et pourtant ne paraissant craindre ni le manque d’eau, ni la chaleur, ni le vent, ni aucune éventuelle tempête. Mais nous avions poursuivi notre route, calmement, à vitesse humaine, cachés nous-mêmes sous des t-shirts enroulés autour de nos visages à la manière des bédouins, des manches longues et derrière nos lunettes de soleil, qui nous dissimulaient aussi bien que nous pouvions l’espérer. Lentement, les nomades silencieux étaient passés, et avaient disparu, sans s’intéresser davantage à nous qu’à un mirage. L’Afrique est le pays des secrets. Ses habitants ne cherchent pas à percer à toute force les mystères qui les entourent. Depuis, nous contournions les villes, et nous passions loin des villages dès que nous en percevions la présence. L’odeur des humains m’était devenue plus habituelle, en quelque sorte, mais pas pour autant moins attirante. Oh !... bien au contraire. J’avais beau me nourrir autant que j’en ressentais le besoin, j’étais alors certaine qu’il me serait extrêmement difficile de supporter leur présence. Elle m’attirait, mieux qu’un aimant (au moins autant -si ce n’était plus !- que la toute première fois, lorsque je m’étais trouvée avec cet homme, coincée dans l’ascenseur d’un hôtel parisien…) Je pouvais détecter leur odeur, les localiser précisément, parfois même à plusieurs kilomètres. Mon instinct les trouvait, malgré moi, et me commandait de me diriger dans leur direction. Il me fallait en permanence aller contre cette attraction qu’ils exerçaient sur moi. Et j’y parvenais. Ce qui me procurait toujours une certaine fierté, teintée de frustration. Edward savait cela. Et lorsque le hasard faisait qu’il nous arrivait de nous trouver trop à proximité de certains d’entre eux, nous nous éclipsions rapidement. Pourtant, il allait bien me falloir réapprendre à me rapprocher des hommes. A tolérer leur compagnie, puisque nous finirions par retourner vivre à leurs côtés. L’idée que mes enfants soient des Transformateurs dont l’odeur rebutait les vampires, m’apparaissait alors presque comme une bénédiction !… Néanmoins, j’allais devoir me ré-acclimater, progressivement… Mais quand y parviendrais-je ? Quand cela cesserait-il d’être une torture ? Une torture de mes sens. Car c’était bien cela, même si mon esprit semblait toujours garder la capacité de les contrôler. Edward m’assurait que les choses se tasseraient peu à peu. Que le désir s’émousserait de lui-même, quand j’aurais suffisamment assouvi ma soif de nouveau-né, et que j’aurais enfin appris à le considérer en permanence comme une illusion. Je pourrais alors, assez naturellement, me détacher de lui.
Combien de temps me faudrait-il pour arriver à cette maîtrise ? C’était ma principale préoccupation.

Par une brûlante après-midi, plongée dans mes pensées, je glissais entre les hautes herbes sèches d’une savane déserte et accablée de soleil, où quelques arbres noirs élevaient courageusement leur silhouette lasse et torturée comme d’antiques divinités figées dans un sommeil éternel, quand je la vis.
Elle se trouvait à quelques mètres de moi. Aplatie dans l’herbe. Tous ses sens en éveil. Mais, si je pouvais, moi, la sentir, entendre le léger halètement de sa respiration et capter les pulsations régulières de son cœur nerveux, elle n’avait pas, elle, perçu ma présence. Parce que toute son attention était captivée par autre chose… plus loin. Quelque chose qui bougeait à peine, respirait à peine, tentait d’exister le plus humblement et le plus discrètement possible. Si gracieuse et si fragile. Une jeune antilope. Un peu à l’écart de son troupeau. Là-bas, tout là-bas, dans la tache d’encre violette que formait l’ombre d’un vieil arbre étrangement penché. Ses yeux fauves ne quittaient pas ce petit point tremblant dans les vagues de l’air. Ses oreilles tendues guettaient. Son cœur et sa respiration s’accéléraient soudain, puis se calmaient. Volontairement, sans doute. Elle avait faim. Très faim. Mais elle ne voulait pas agir en vain. Elle voulait obtenir ce qu’elle désirait.
Immédiatement, ce comportement m’amusa et me fascina, car il me semblait que c’était moi-même que j’observais là, et l’envie me vint de l’aider, peut-être, si elle n’y parvenait pas, à capturer sa proie. Quelque chose, en elle, sa force ou sa beauté, peut-être, m’appelait… me parlait. Très intimement. Je voulais chasser avec cette lionne, puisqu’il m’apparaissait soudain que nous étions si semblables. Lentement, très lentement, elle rampait vers son objectif. Et je la suivais, pas à pas. Le troupeau des antilopes demeurait tranquille, ignorant les intrus qui se dirigeaient progressivement dans leur direction. Cela dura longtemps. Quelle patience doivent avoir les prédateurs du règne animal ! J’aurais pu mille fois me propulser vers la jeune bête, la saisir et la tuer, avant même qu’elle ne comprenne ce qui lui arrivait. J’eus envie de le faire, et d’offrir sa dépouille au grand fauve affamé. Comment prendrait-elle mon geste ? Se pourrait-il que nous devenions amies, comme dans les contes ? J’aurais pu tenter l’expérience, mais je préférai suivre sa traque, me contenter d’admirer sa résistance, et sa maîtrise d’elle-même. Comme elle refoulait son appétit, serrait la mâchoire, faisait refluer la salive qui inondait par moments sa gueule… Si un animal y parvenait, pourquoi ne pourrais-je, moi, faire de même ? La leçon était impeccable.
Tout d’un coup, la lionne se dressa un peu sur ses pattes et, toujours très furtive, se déplaça plus rapidement vers son but. Un souffle d’air, pour un instant, masquait son odeur, et facilitait sa progression. Puis elle se tapit à nouveau dans les hautes herbes, où elle s’immobilisa tout à fait. Au bout d’un instant, il me sembla qu’elle réfléchissait. Elle évaluait la distance qui la séparait de sa proie. Etait-il temps pour elle de bondir ? Sa vitesse lui permettrait-elle de rattraper l’antilope en fuite ? Elle se mit à trembler légèrement. Elle n’avait pas le temps. Il lui fallait faire vite. Chaque seconde comptait et réduisait ses chances de succès. Oui, sa décision était prise. Sans hésiter davantage, elle fonça à travers les herbes, mais elle ne se redressa pas entièrement d’abord, afin de ne pas être immédiatement vue. Le troupeau, percevant le danger, se mit pourtant en mouvement. Alors, allongeant sa foulée, le fauve apparut aux yeux de tous. Terrible et majestueux. Tel un essaim en mouvement, le troupeau des antilopes détala au loin. La jeune égarée, s’empressait de le rejoindre. Je talonnai la lionne, bien décidée à barrer la route de sa proie s’il le fallait, car j’étais convaincue que le prédateur, qui avait si vaillamment et d’une si noble manière, suivi et enduré sa stratégie d’approche, méritait d’obtenir sa récompense.
Edward était demeuré en arrière, à l’ombre d’un autre arbre. Il suivait mon manège. Je savais qu’il ne me quitterait pas des yeux, tant qu’il en aurait la possibilité, je n’avais pas besoin de m’en assurer. Pour ma part, je ressentais sa présence. Je la ressentirais toujours, même si je m’éloignais encore, j’en avais fait de nombreuses fois l’expérience. Et je me savais capable de le retrouver, les yeux fermés. Il était cette petite flamme qui brillait, depuis un endroit très précis, sur la grande toile du bouclier invisible et élastique qui nous recouvrait tous deux, derrière mes paupières closes.

Notre course fut longue. Le fauve était puissant et rapide, mais il s’épuisait peu à peu. L’antilope changeait vivement de direction. Je compris que c’était ce qui était le plus pénible pour celle qui la suivait. Elle ne résisterait plus très longtemps. Le troupeau s’était dirigé vers un terrain plus escarpé, que surplombait un bois d’arbres touffus. Quelques antilopes sautaient déjà prestement vers les hauteurs. Le prédateur ne les suivrait pas jusque-là. Son cœur battait à tout rompre. Je le ressentais comme s’il avait battu dans ma propre poitrine. La jeune antilope poursuivait sa trajectoire désordonnée, qui perturbait sa poursuivante. Déjà, elle atteignait un rocher gris, elle s’élança. Mais son bond avait été trop court, et elle retomba, s’affalant sur le flanc. Dans un dernier effort, la lionne se jeta vers elle, lançant une patte dans sa direction. Elle la toucha. Ses énormes griffes zébrèrent la peau tendre de larges entailles rouges. Le sang coula. Son doux parfum de miel chatouilla mes narines. L’antilope, affolée, s’était pourtant relevée, et bondissait du mieux qu’elle le pouvait pour échapper à la mort. Sous le pelage doré du fauve, les muscles tétanisés et douloureux, se contractaient et roulaient à chaque mouvement. Prenant appui sur ses pattes arrière, elle se tendit encore, toutes griffes dehors, les babines retroussées laissant apparaître ses crocs longs et luisants comme des poignards. A chaque bond, du sang gouttait sur le sol poudreux. Je m’aperçus que j’avais, moi-même ouvert la bouche, et que je humais l’air. A cause du parfum du sang, sans doute. L’antilope retomba, violemment écrasée sous le poids d’une énorme patte maculée de terre et de boue rougeâtre. J’entendis craquer des os. Elle gigotait encore, mais ne parvenait pas à se dégager. C’était fini.
Pourtant, à ma grande surprise. Le prédateur ne se jeta pas à sa gorge. Je l’entendis qui se mettait à grogner. Un grognement étrange. Qui ressemblait à un râle de rage, et de peur.
Alors je compris que la lionne avait enfin pris conscience de ma présence. Et sa réaction me stupéfia.
Epuisée, frémissante, elle semblait hésiter. Sans doute percevait-elle que je n’étais pas un animal comme les autres. Ni un humain. Rien… Rien de naturel. Elle rugit. Et son rugissement s’éteignit comme un cri. Sa patte se souleva, et se reposa à côté de sa victime crispée d’effroi. En quelques secondes, l’antilope revint à elle et, dans un ultime effort, voulut profiter de l’opportunité pour s’enfuir. Mais elle ne parvint pas à se remettre sur ses pattes. L’échine certainement brisée, elle alla s’étaler un peu plus loin. Quoi qu’il advienne à présent, son sort était fixé.
La lionne me dévisageait. Dans ses pupilles de feu liquide, je lus la détermination. Une détermination sauvage et farouche. Impitoyable. La bête avait décidé -ou spontanément senti ?- que j’étais son ennemie. Et elle me faisait pourtant face, comme une proie qui peut se montrer dangereuse s’apprête à lutter contre son prédateur. Elle allait se battre pour sa survie, sans savoir que je n’avais pas eu l’intention de faire d’elle ma victime. La lionne se défendit immédiatement, comme elle savait uniquement le faire : elle attaqua.
Je l’évitai, mais elle bondit encore, faisant claquer sa mâchoire, à quelques centimètres de mon visage. Je la repoussai. Elle leva une patte. Ses griffes s’enfoncèrent dans mon épaule, mais je ne bougeai pas. Je pensai à m’enfuir, à disparaître, plutôt. Dans l’espoir qu’elle retournerait à l’antilope mortellement blessée à quelques mètres de nous, qu’elle achèverait son œuvre comme elle devait le faire. Je l’en avais détournée, j’avais perturbé le déroulement naturel des choses, je m’étais interposée, sans le vouloir, et je le regrettais amèrement. Je faillis tourner les talons. Mais quelque chose me retint. Quelque chose de très puissant, que je ne compris pas tout d’abord, mais qui rivait mes pieds au sol et qui me poussa, en une fraction de seconde, à glisser de côté et à passer mes bras autour du cou du fauve.
J’étais là. Je n’aurais pas dû y être, certes, mais j’y étais. Et il n’était pas dans ma nature d’être une victime face à un animal, aussi gros et aussi menaçant soit-il. Pas plus que de prendre la fuite. Non. La bête que je serrais dans mes bras et qui, malgré sa puissance, ne parvenait pas à se défaire de mon étreinte, l’avait compris immédiatement, elle. Je m’étais crue un moment sa semblable, mais je m’étais trompée. Je ne lui ressemblais pas. Du moins, pas de la manière que je l’avais cru. Nous ne serions jamais alliées. Nous ne pouvions pas l’être. Parce que j’étais la plus forte. Et de loin. J’étais le bourreau. Le Prédateur. La Mort vivante. La mort, c’était moi qui la donnais. Car j’avais mes propres envies et mes propres besoins à assouvir. Tout fut alors très clair pour moi. J’étais le vampire qui boirait le sang du lion. Je le voulais. Il ne pouvait pas en être autrement.
Et c’est ce que je fis.

samedi 21 août 2010

Une spéciale GIFS


Un peu de rangement avant de publier quelques nouveaux chapitres...

dont la parution s'est vue intolérablement un peu repoussée, vous l'aurez remarqué (merci pour votre patience ; ))), à cause de certains aléas, imprévus et autres festivités estivales *joie et bonheur !*

...avec une page spéciale Gifs, qui permettra aussi d'alléger l'ouverture du blog, plutôt ralentie (ma foi, il faut bien l'avouer et je suis la première à ne plus le supporter regretter !) par la présence permanente de toutes ces sympathiques petites images animées dans la colonne de droite.

Leur voilà donc une place dédiée, où ils pourront se multiplier tout à leur aise... (oui, oui, il se pourrait bien que ce soit le début d'un élevage, dites donc...)

Et maintenant il va juste falloir avoir la patience d'attendre qu'ils se chargent sur cette page !!! (lol) ...*because they worth it*...






De la "gentleman attitude" :

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De l'humour :

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Du muscle ! :





















De l'émotion... :











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Vote for the best kiss/ Votez pour le meilleur baiser :








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source (pour de nombreux gifs de cette page quand le lien n'est pas directement sur l'image)

Petit message

J'ai remarqué que, malheureusement, Deezer perdait parfois certains morceaux, mais je ne peux pas savoir lesquels... Alors n'hésitez pas à me laisser un petit message lorsque, au cours de votre lecture, vous rencontrez un lien mort dans mes players. Je ferai en sorte de le remplacer. Merci !