lundi 7 septembre 2009

VOL I _ chpt 2



Chapitre 2 : "Avant que cette fichue planète disparaisse..."/ "Before this damn world falls apart..."



Sur le trajet qui menait à la réserve quileute, je m’interrogeai sur le sens de cette bizarre répétition des évènements. Etais-je réellement capable de prévoir à la seconde ce que la journée, ce que les semaines à venir me réservaient ? Assurément, la vision que j’avais eue ne ressemblait en aucun point à celles que pouvait avoir Alice. C’était plutôt comme… un avertissement. Un choix. Un chemin que je pouvais décider de suivre ou non, à chaque instant.
J’avais l’impression de savoir. Je savais. Et c’était vraiment une sensation insolite. Extraordinaire. Je me sentais… plus forte. Si sûre de moi et confiante. Vraiment, rien dont je n’avais pu avoir l’habitude jusqu’à présent. Il faudrait que j’en parle à Edward, que je lui raconte mon rêve dans ses moindres détails, même si certains éléments devaient lui faire horreur ou me couvrir de ridicule à ses yeux. Il fallait absolument que je voie Carlisle aussi.

Après m’être garée devant chez Billy, je frappai et pénétrai dans la maison.
« Bonjour, Billy, dis-je immédiatement, sûre qu’il se trouvait là. Je vais voir Jacob, je pense qu’il m’attend. »
L’indien hocha simplement la tête et je me dirigeai vers la chambre de mon ami.
J’hésitai cependant, avant de pousser le battant. Qu’allais-je dire ? Tout avait été écrit. Il ne me restait qu’à suivre. Je pouvais même anticiper. Ou bien je pouvais…
« Je suis réveillé, Bella. »
La voix de Jacob me parvint à travers la cloison. Il avait entendu ma camionnette, peut-être même mon souffle nerveux derrière le battant. Alors j’inspirai profondément, et me jetai à l’eau.
Jacob avait l’air… en forme ! Plus en forme que je ne m’y attendais. Sa guérison miraculeuse n’avait pris que quelques heures. J’avais tellement craint de le retrouver bardé d’attelles, couvert de cicatrices et fatigué… Seule une expression inquiète obscurcissait son visage, et elle s’effaça un peu après que je me fusse approchée de lui.
« Oh, tu vas bien !, s’exclama-t-il.
_ Mais enfin, Jake, lui répondis-je incrédule, pourquoi dis-tu ça ?
_ J’avais peur qu’il t’ait… fait du mal… à cause de moi.
_ Tu parles d’Edward ?
_ Oui, je suppose qu’il devait être en colère.
_ Oh, Jake, murmurai-je en m’asseyant près de lui, tu n’y es pas du tout. Les choses sont beaucoup plus complexes. Tu ne sais pas ce que pense Edward, tu ne sais pas comment il pense et pourquoi il pense comme cela. Moi-même, j’ai du mal à saisir, mais je crois que je commence à…
_ Il ne t’en veut pas ?
_ Non. Il… ne souhaite que mon bonheur. Son attitude est si… généreuse, si noble ! Il m’a dit que j’étais… humaine, qu’il est conscient qu’il y a des vides dans mon existence… qu’il ne peut pas combler et… »
Jacob ne répondit rien. Ses yeux s’obscurcirent et son regard alla se perdre loin, quelque part au fond de lui-même.

Je le regardai. J’étais si heureuse qu’il soit en vie ! J’avais envie de passer mes bras autour de son cou et de le serrer fort pour lui montrer que je tenais à lui, vraiment. J’avais envie de lui dire que je ne valais pas qu’il risque sa vie pour moi.
Soudain, un éclair ranima ses pupilles.
« Je m’en doutais, dit-il presque avec satisfaction. Un vampire… n’a rien d’humain. Il ne te donnera pas ce qui peut te faire envie aujourd’hui et il ne pourra t’aimer vraiment que lorsque tu seras comme lui, n’est-ce pas ?
_ Mais je vais devenir comme lui, Jake.
_ Et tu vas renoncer à tout pour cela ? A tout ce que ta vie d’humaine pourrait t’apporter de bonheurs… Tu sais qu’il y a des choses que tu n’auras jamais si tu te changes en vampire, Bella ? Et as-tu bien conscience de ce que tu vas vraiment devenir ?
_ J’ai toujours voulu être avec lui, Jacob. Dès que je l’ai rencontré. Il faut que je fasse le nécessaire…
_ Non mais tu entends ce que tu racontes ?, s’énerva-t-il soudain, le nécessaire ?... »
Sa main vint saisir mon bras et il me secoua légèrement. Je compris qu’il s’était obligé à ne pas le faire plus fort, même s’il devait en ressentir l'envie.
« Enfin, Bella, reprit-il, tu es une jeune femme. Tu es belle. Tu as besoin de VIVRE ! Tu as besoin de chaleur (sa main lâcha mon bras et vint se poser sur mon cou -elle était si chaude !), tu as besoin de… (je baissai les yeux, je ne pouvais pas le regarder, alors sa main glissa sur ma joue et il releva mon visage pour m’obliger à lui faire face) quelqu’un qui t’aime… qui t’aime vraiment, Bella…
_ Edward m’aime !, ripostai-je en reculant, son attitude le prouve parfaitement…
_ Il t’aime comme… on peut raffoler d’un met délicat… Est-ce que tu réalises cela ? Et il te pousse à désirer ta propre mort ! Son attitude tellement compréhensive te culpabilise au point que tu en arrives à renoncer à tes moindres désirs. Vraiment, il est très fort ! Mais tu penses que c’est la meilleure façon d’aimer quelqu’un, franchement ?
_ Il ne veut pas que je meure, il ne cesse de le répéter…
_ Alors, vis, Bella, vis pour lui… vis pour ta famille… vis pour moi. »

Les paroles de Jacob me remuèrent profondément. Elle n’étaient pas celles auxquelles je m’étais attendue. Je ne savais plus que dire.
Sa main glissa dans ma nuque, son regard sondait mes pupilles à la recherche d’une vérité que je ne pouvais lui donner.
« Tu m’a embrassé, affirma-t-il. Tu m’as vraiment embrassé…
_ Tu m’as fait du chantage, objectai-je sans grande conviction, je ne voulais pas que tu te laisses tuer.
_ Bon, sang !, s’étrangla-t-il, pourquoi ne peux-tu pas avouer tout simplement que tu en avais envie ? Pourquoi refuses-tu de te satisfaire, d’être en accord avec toi-même. Tu ne seras jamais heureuse si tu ne le fais pas. Tu dois savoir que c’est uniquement pour toi que j’ai survécu, Bella. C’est pour toi que je suis encore là aujourd’hui. »
Sa détresse était palpable, j’en étais profondément émue, comme toujours. Si je ne m’écartais pas immédiatement, je sentais que Jacob allait encore m’embrasser et que je ne pourrais pas résister à ce baiser.
Aussi, je me relevai, prête à partir, quand un vertige me prit au dépourvu. J’aurais dû manger avant de venir. Jacob me retint.
« Eh, Bella, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
_ Pas mangé, ça va passer. »
Il m’attira contre lui.
J’étais toute molle, je me laissai faire, je ne pouvais rien faire d’autre.
« Je ne me sens pas bien, Jacob, je ne sais plus trop où j’en suis… J’ai l’impression que je me fissure de l’intérieur, je n’en peux plus et… je crois que je vais me mettre à pleurer.
_ Pas de problème. Les fille qui pleurent, ça me connaît », plaisanta-t-il.
Je ris. Même au plus fort de mes malaises, Jacob arrivait à me redonner un peu de joie.
« Tu es un vrai soleil, Jake, soufflai-je au bout d’un moment. Tu me réchauffes sans cesse le cœur et l’âme.
_ Apparemment, tu préfères la nuit, répondit-il un peu amer. La nuit, pas de soleil.
_ Il existe un phénomène, en été, dans les régions proches des pôles, je crois, que l’on appelle les « nuits blanches », parce que la lumière du soleil continue d’éclairer la terre, même en pleine nuit…, répondis-je dans un souffle. »
Mes propres paroles m’avaient remplie d’une sorte d’espoir. Un espoir meurtri et douloureux. Mais je voulais m’accrocher à cette idée qu’au plus profond de la nuit, de cette nuit que serait ma future vie vampirique, Jacob ne m’abandonnerait pas tout à fait.
Il continuait à me serrer contre lui. C’était suffisant, pour le moment.
Peu à peu, dans la chaleur de Jacob, je me relaxais. Son contact avait toujours cette faculté remarquable de me calmer instantanément. J’étais bien.
J’entendais son cœur battre dans sa poitrine, un peu trop rapidement peut-être, plus rapidement que ne l’aurait fait celui d’un être humain normal. Il galopait, comme un cheval. Comme un loup. Je ne voulais pas le quitter. Jamais. Il était ma terre solide, ma vie heureuse de pauvre humaine…
Au fond de moi, j’étais déchirée.

« Bella, demanda-t-il doucement au bout d’un moment, tu… tu m’aimes, n’est-ce pas ?
_ Oui, je te l’ai dit. Je t’aimerai toujours. Tu es mon âme sœur. Mon autre âme sœur…, corrigeai-je immédiatement.
_ Tu penses qu’on peut avoir deux âmes sœurs ?
_ Je ne sais pas si c’est très conventionnel, dis-je en essayant de trouver le mot amusant, mais force est de constater que c’est ce qui s’est produit pour nous. C’est une situation profondément… désespérée. Je ne la souhaite à personne. »
A nouveau, Jacob se tut.
Je pensai à Edward. A ses réticences et à son empathie. Pourquoi m’avait-il demandée en mariage ? Etait-ce réellement pour que je devienne sa femme ? Ou bien avait-il voulu me pousser à reculer l’échéance, à renoncer à ce que je lui avais demandé ? Et si Jacob avait raison… s’il ne me voulait qu’à cause du désir irrésistible que sa soif de moi provoquait ? Ce désir, c’était celui de mon sang d’humaine, un sang si particulier pour lui. Qu’en serait-il lorsque je serais vampire ?

Au bout de plusieurs longues minutes pendant lesquelles je m’étais perdue dans ces sombres pensées, Jacob posa ses mains sur mes épaules et me détacha de lui. Le fait d’être ainsi repoussée, alors que j’avais tellement besoin de cette tendre étreinte pour supporter l’angoisse qui m’accablait me fut extrêmement douloureux. Je le regardai et vis sur son visage une expression singulière, mêlée de froideur et de résignation.
« Ecoute, Bella… », dit-il enfin, et je crus percevoir une réelle émotion dans sa voix, comme s’il allait lui-même se mettre à pleurer ou comme s’il réfrénait une envie violente que je ne parvenais pas à identifier.
« Tu… dois faire tes choix, toute seule. Ils t’appartiennent. Si tu veux, je serai… sage. Je ne t’embêterai plus. »
Oh, non ! Allait-il partir, lui aussi ? Allait-il me quitter à jamais, alors qu’il était bien le seul sur qui j’avais toujours cru pouvoir compter ? Je l’avais vu dans mon rêve, loup errant, fuyant sa profonde douleur. Je l’avais vu revenir pour mon mariage… et souffrir encore, jusqu’à-ce que…
« Que veux-tu dire, Jake ?... Je t’en supplie… ne me laisse pas…
_ Je veux dire que je vais respecter tes décisions. Que je n’essaierai plus de provoquer… quoi que ce soit. Je ne te verrai plus. Je me tiendrai à distance, à moins que tu ne souhaites vraiment ma compagnie. Mais… je voudrais, je voudrais vraiment que tu me fasses une promesse. »
Dans son visage inhabituellement dur et glacé, ses yeux s’étaient soudain allumés comme des braises. Non, il ne pouvait pas se détacher de moi ainsi, je ne le supporterais pas ! Je me mis à trembler. Je voulais le supplier.
« Mais, Jake, tout ce que tu voudras ! Tu sais que je ne peux rien te…
_ Bella, je te demande une vraie promesse.
_ Oui, Jake, bien sûr. »
Des larmes roulèrent sur mes joues. Il me tenait si fermement par les épaules pour m’empêcher de me rapprocher de lui que je pleurais comme une enfant perdue.
_ Bella, reprit-il en détachant chacun de ses mots, en les posant dans l’espace et le silence de sa chambre, tu as promis à Edward de l’épouser. »
C’était une affirmation, pourtant je répondis :
« Oui. Mais je…
_ Alors, promets-moi, puisque je suis ton autre âme sœur, que le jour où tu l’épouseras, tu m’épouseras aussi. »
Ma bouche dut s’ouvrir toute seule et mon expression se changer en une grimace ridicule car il sourit, presque fier de lui.



Quand je fus revenue de mon ahurissement, je bredouillai :
« Mais enfin, Jacob, qu’est-ce que… mais ce… ce n’est pas possible !
_ Oh, ne t’en fais pas, répliqua-t-il, je ne te demande pas une belle cérémonie, avec tout le flonflon et caetera, ce n’est pas mon genre. Non, tu épouses ton buveur de sang comme tu veux, et puis… tu m’épouses selon le rite quileute.
_ Hein ?
_ C’est très simple. Presque rien, en fait. C’est pour le geste.
_ Mais… mais ça ne se fait pas, voyons, que vont dire les… autres ? Et …
_ Les autres n’ont rien à voir là-dedans. Un mariage quileute ne se préoccupe pas de ce qui a été fait en dehors des coutumes de mon peuple et il n’a pas besoin de témoins ou de prêtre. Il est célébré par les deux personnes concernées, c’est tout. Quelques gestes très simples. D’ailleurs… maintenant que j’y pense… nous sommes déjà presque mariés, s’esclaffa-t-il finalement.
_ Comment ça ?
_ Eh bien… euh… ne te fâche pas. Le principal geste d’un mariage quileute est l’offrande d’un cadeau par le futur époux à sa future épouse. Un bijou qu’il a lui-même façonné, le plus souvent. Si elle l’accepte, cela signifie qu’elle est consentante.
_ Jacob !
_ Et dire que je n’y avais même pas pensé quand je t’ai offert ce bracelet ! C’est venu… naturellement. Tout comme tu l’as tout naturellement accepté, je te ferai remarquer. Tu l’as trouvé très beau. Tu étais ravie. D’ailleurs, tu le portes. Inutile de monter sur tes grands chevaux maintenant. Aïe !
_ Jacob Black, m’exclamai-je soudainement prise de rage en lui assénant un coup de poing dans l’épaule, je ne sais pas ce qui me retient de te casser encore quelques côtes ! »
J’esquissai un geste en direction du bracelet, avec l’intention de le retirer peut-être. La main de Jacob arrêta mon poignet. Je plantai mon regard furieux dans le sien, mais l’expression alarmée et choquée de son visage balaya ma colère.
Il murmura, comme saisi d’effroi :
« Un cadeau est un cadeau, Bella. Tu m’offenses si tu le rejettes maintenant. »
Je le dévisageai. Etait-il sérieux ? Pensait-il réellement que j’allais l’épouser après avoir épousé Edward ? Je n’étais moi-même pas convaincue par ce mariage après tout.
« Jacob, tu… tu n’as pas le droit de me demander ça.
_ Si j’ai bien un droit, répondit-il sans aucune hésitation mais avec une assurance et une détermination qui me firent frémir, c’est celui-là.
_ Tu es complètement fou.
_ Nous sommes tous fous, Bella, dans cette histoire. Tu le sais bien, n’est-ce pas ? Rien n’a jamais été normal pour nous. Ecoute-toi un peu, écoute ton cœur. Que te dit-il ?
_ Ma raison me dit qu’il y a des choses qui ne se font pas.
_ Tu es une hypocrite.
_ Oh !
_ Aïe ! »
De ma main libre, je venais de lui renvoyer un coup de poing dans le côté. Pour autant, il ne me lâcha pas. Au contraire, plus rapide qu’un cobra, son autre main avait saisi mon poignet.
« Tu as vraiment un sacré caractère, soupira-t-il. Le pire, c’est que j’adore ça !
_ Tout cela finira mal, Jake, j’en ai peur.
_ Avant que tout finisse, Bella, que tu ne deviennes vampire ou que tu meures, que je meure ou que cette fichue planète disparaisse soudain… veux-tu bien me faire l’honneur de me prendre pour époux dans le respect de mes traditions ? »
Son visage était extrêmement sérieux. Il paraissait avoir le double de son âge, soudain. J’étais impressionnée.
« J’y tiens vraiment, Bella, poursuivit-il. Si tu dois m’accorder une chose, que ce soit celle-là. Je ne te demanderai rien d’autre, que cette cérémonie, toi et moi, seuls, pour attester des sentiments profonds qui nous unissent. Il n’y aura rien de plus ensuite.
_ Rien ?
_ Non. Tu iras vivre avec qui tu voudras et tu feras de ta vie ce que bon te semblera, même de la ficher en l’air si tu veux, je n’interviendrai pas.
_ Ah. »
J’étais surprise par la proposition de Jacob. Il se contenterait d’un petit rituel… comme d’un témoignage suffisant de notre union et de notre amour. C’était inhabituel de sa part. Mais il était vrai qu’il était devenu beaucoup plus respectueux des légendes et des rites de son peuple depuis qu’il avait transmuté. Pour lui, tout cela était soudain devenu partie intégrante de la réalité et il y avait trouvé un vrai équilibre qui provenait de l’acceptation de son identité propre et de sa nature profonde. Jacob était en paix avec lui-même, il avait de la chance. C’était ce qui le rendait si solide et si pur.
En même temps, je savais que ma relation avec lui avait toujours été particulière, sincère et profonde. Elle méritait d’être consacrée. J’en ressentais, au fond de moi, le besoin. Comme un adieu à ma vie d’humaine aussi. Comme si cette cérémonie devait permettre de laisser une trace de ce que j’avais été avant de devenir vampire, de ce qu’il y avait eu de beau et de fort dans ma vie. Bizarrement, j’avais envie de laisser une trace… pour ne pas que le monde m’oublie tout à fait. C’était une émotion curieuse. Et puis, je devais tant à Jacob ! Tout, dans son attitude envers moi, dans ce qu’il était, dans son être-même, exceptionnel et magnifique, avait toujours forcé, en quelque sorte, mes sentiments. Malgré moi, malgré Edward. Il méritait tout mon amour et ma considération, il méritait ma gratitude et mon respect. Il méritait d’obtenir ce qu’il voulait.
« Alors ?
_ Bon.
_ Quoi ?
_ J’ai dit : bon.
_ Tu acceptes ?
_ Je ne suis même pas certaine que le mariage avec Edward aura bien lieu. C’est si… incroyable comme idée. Pourquoi voulez-vous donc tous vous marier ?
_ Oh, Bella, je suis heureux ! »

Il avait libéré mes poignets et me serrait à m’étouffer dans ses bras puissants. Malgré le sentiment de ne plus maîtriser grand chose à ce que devenait le cours de ma vie, j’étais apaisée par la joie sincère et profonde de Jacob. Il fallait donc que je choisisse à présent. Epouser les deux, ou n’épouser personne. Somme toute, j’avais encore une certaine liberté.
J’étais également rassurée de constater que je m’étais éloignée de ce que mon rêve m’avait montré. Du moins pour le moment.
J’allais devoir rejoindre les Cullen, j’avais toujours tant de questions à leur poser.
« Fais-moi plaisir, Bella…, explosa soudain Jacob en me relâchant enfin.
_ Je pense t’avoir fait assez plaisir pour la journée, non, pour les mois qui viennent, Jake…
_ Va dans la cuisine et fais-moi un sandwich. Je meurs de faim ! Fais t’en un par la même occasion. Tu as tendance à tourner de l’œil un peu trop facilement, à mon avis. »
Complètement décontenancée, je me rendis cependant dans la cuisine. Billy me regarda passer d’un air soupçonneux.
« Jacob a faim, dis-je en levant les yeux au ciel.
_ Ah ? Bien, bien. C’est qu’il va mieux alors. »
Je fis rapidement deux sandwiches. Un triple pour Jacob et retournai le lui apporter. Il l’engloutit en une bouchée.
« Ouah… Voilà qui fait du bien !, s’exclama-t-il. Je crois que je vais dormir un peu maintenant.
_ Bon. Euh, eh bien j’y vais alors.
_ Merci, Bella. »
Je savais que ce « merci » ne concernait pas que le sandwich que je venais de lui faire. Ses yeux étaient graves, malgré la fatigue qui les voilait.
« Au revoir, Jake, repose-toi. »

Je sortis, mon sandwich encore à la main, et allai m’effondrer dans ma camionnette. Je mordis dans le pain pour me redonner courage. A petites bouchées. J’essayais de ne pas réfléchir, il fallait que j’avale de quoi tenir pour le restant de la journée. J’avais sans doute perdu la tête. Non. Je savais ce que je faisais, j’avais eu raison de le faire. Et cela ne regardait que moi, et Jacob. Un instant, j'eus la conviction qu'Edward comprendrait même mon geste, qu'il l'accepterait lorsqu'il l'apprendrait... parce que j'allais lui en parler, forcément, je ne pouvais le lui cacher. Je ne voulais rien lui cacher. Jamais. Mais quand et comment le lui dire ?...
Quand j’eus fini, je mis le contact et pris le chemin de la villa blanche, dans les bois.

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J'ai remarqué que, malheureusement, Deezer perdait parfois certains morceaux, mais je ne peux pas savoir lesquels... Alors n'hésitez pas à me laisser un petit message lorsque, au cours de votre lecture, vous rencontrez un lien mort dans mes players. Je ferai en sorte de le remplacer. Merci !