jeudi 15 septembre 2011

Celui-qui-n'était-pas-aimé



ou... "Le Sorcier aux Deux Visages"
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Je suis dur
Je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
A rêver sans dormir
A dormir en marchant
Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un coeur où chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement

Pierre Reverdy, "Tard dans la vie",
La Liberté des Mers.

Introduction


Je n'aurais jamais pensé en venir à parler de Harry Potter sur ce blog. Non que je n'aie pas aimé cette saga -bien au contraire, je l'ai dévorée... et adorée !- mais, pour de multiples raisons, et surtout parce que les blogs qui parlent de ces livres et de leurs adaptations sont légion, je ne voyais pas l'intérêt d'aborder le sujet une énième fois.
Mais...
Comme quantité de fans acharnés, de curieux malicieux ou d'oisifs estivaux, j'ai découvert il y a quelques semaines le dernier volet des adaptations cinématographiques de l'oeuvre (7 tomes) de J. K. Rowling.
Moment magique ! -comme à chaque fois- même si, répétons-le, il est toujours difficile pour le cinéma de rivaliser avec les détails et l'intimité qu'un livre offre à ses lecteurs.
L'histoire, je la connaissais donc déjà. Mais quel plaisir de revoir son dénouement ! Quand le dernier tome avait été publié, je l'avais lu d'une traite, et je me rappelle une conversation téléphonique que j'avais eue -en des termes assez basiques mais néanmoins sans équivoque-, immédiatement après avoir refermé le livre, avec une amie qui partageait le même enthousiasme que moi pour les aventures du jeune sorcier :
"Whaouh, tu as vu cette fin ? C'est vraiment très classe..., m'attendrissais-je.
-
Ouais, avait-elle répliqué, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle s'est pas foutu de notre gueule".
Aucune profondeur critique, mais... l'essentiel était dit. Je ne ferais pas mieux aujourd'hui.
Il faut lire Harry Potter. C'est une belle histoire. Très belle. Et c'est une bonne histoire. De bout en bout.

Aujourd'hui pourtant, mon article n'est pas consacré à l'évolution du "garçon-qui-a-survécu", Harry, le héros de la saga, mais à un autre... son double inversé, en quelque sorte... dont l'importance au niveau de l'intrigue, ainsi que le potentiel d'émotion qu'il véhicule, sont tels qu'il me semble que l'on peut dire qu'il est le vrai héros de l'histoire. Il l'est, pour moi, en tout cas... et pour beaucoup d'autres, également !


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Un héros noir, tragique et romantique, qui bouleverse la fin de la saga, et permet la transition finale vers le monde des adultes...
Un sorcier qui suscite les passions chez bien des lecteurs et des spectateurs ! (preuve en est le milliard tonne d'illustrations qu'on trouve à son sujet sur le net et que j'ai exploré avec application, car je tenais à en utiliser un grand nombre pour donner à voir le fantasme qui s'est développé autour de sa personne ; elles proviennent, pour la plupart d'entre elles, de la fabuleuse caverne aux trésors qu'est le site DeviantART, et sont, le plus souvent, d'une qualité impressionnante)...
Un faux vrai méchant comme on les aime... un être fragile et fort à la fois...
Un homme à l'âme tourmentée et plein de mystère :


(ou ROGUE, dans la traduction française)
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...

Thème musical :


Présentation :

Pour comprendre la fascination qu'exerce le personnage sur les lecteurs et les spectateurs, il faut très certainement commencer par son portrait.
Dans ses romans, J. K. Rowling n'a d'abord prêté à ce personnage aucun charme particulier. Au contraire même ! Il est décrit comme ayant un nez crochu, le teint pâle et cireux, des dents jaunes, des cheveux noirs et gras.


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Il est maigre, et vêtu de noir. Sa cape lui donne l'apparence d'une chauve-souris. Ajoutez à cela un caractère... difficile.


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Amer, méprisant, froid, blessant, vindicatif... De prime abord, il rebute, il dégoûte, il fait peur.


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Pourtant, il intrigue.
Et, peu à peu, on le découvre... bien différent.


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Mystérieux.


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Charismatique.


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Intelligent et doué.


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Si solitaire...


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et malheureux.

Par certains aspects, Severus rappelle vraiment le personnage d'Heathcliff des Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. Il est un homme hanté. Torturé. Depuis toujours.

Un peu de psychologie :
"Le complexe de supériorité traduit une série d’attitudes et de comportements censés démontrer une prédominance intellectuelle, physique ou autre. Il peut prendre la forme de réflexions rabaissantes, de remarques qui tendent à la valorisation de la personne au détriment d’autrui. Il traduit, le plus souvent, l’expression d’un sentiment d’infériorité qui prend la forme de son contraire. Le complexe d’infériorité peut provenir d’une image de soi rabaissée et peu valorisée dans l’enfance."


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Incompris, il cache un lourd secret.


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En réalité, beaucoup de choses essentielles reposent sur lui. Difficiles.
Un véritable fardeau.


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Et puis le masque tombe. A la fin, seulement.

...

Qu'a-t-il fait ?

Par dépit, par douleur, Severus a fait de mauvais choix dans le passé. Il a vendu son âme... Puis il s'en est repenti amèrement. Pour tenter de se racheter, il a tout donné. Il s'est donné lui-même...


"Cachez-les tous, alors, croassa-t-il. Gardez-la... les... saufs. Je vous en supplie.
_ Et que me donnerez-vous en retour, Severus ?
_ En... en retour ?"
Snape demeura bouche bée face à Dumbledore mais, après un long moment, il répondit :
"Tout.
"


En vain.

Cependant, il poursuit malgré tout la tâche qui lui a été confiée, qu'il a acceptée, mais qui le torture.


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Le caractère mortifère de Severus s'exprime par son attitude orgueilleuse, écrasante et agressive, celle d'un homme intelligent, doué, mais trop sensible et fragile, sans cesse blessé par le destin.
C'est un être de fermeture et de secret qui a pourtant choisi d'enseigner : il n'existe que par sa parole, qu'il utilise peu, mais le plus souvent à l'inverse de l'usage symbolique qu'on lui prête habituellement -non pas pour créer, pour donner la vie, pour communiquer- mais pour brimer et détruire. Habile, certes, la parole de Severus est cependant toujours cassante, venimeuse, blessante et, bien qu'il n'élève jamais la voix, pleine de colère.
Elle témoigne, en réalité, clairement de son incapacité profonde à se détacher réellement des émotions qui l'animent, et de sa lutte permanente pour y parvenir. C'est d'ailleurs le reproche qu'il adresse sans cesse à Harry, lorsqu'il lui enseigne l'occlumancie (à fermer son esprit) : sa difficulté à maîtriser ses émotions et sa sensibilité, que Snape considère comme de la faiblesse, lui sont insupportables car elles le renvoient aux siennes.


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Au cours de l'histoire, il apprend à ravaler son orgueil, celui-là même qui l'avait d'abord conduit à sa perte. On comprend (et l'on mesure son sacrifice) qu'il s'asservit même, volontairement, à la cause qu'il a ralliée.


Même si cette représentation d'un Severus version SM est assez provocatrice, elle est aussi très juste, en un sens !

Toujours dans l'ombre, sans chercher jamais ni mérite, ni reconnaissance, toute son existence, il demeure silencieux et invisible.


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Il me semble qu'on peut vraiment dire qu'il est un héros noir, et non pas un "anti-héros", car ses actions sont réellement héroïques. Elles sont ingrates, cependant, dures et cruelles. Severus est chargé d'une sombre mission. Et il la mène à son terme, s'acquittant de tout ce qui doit être fait, et que personne d'autre ne fera. Car il est le seul à avoir ce courage-là. Le courage et l'énergie du désespoir.


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...

Qui est-il vraiment ?

*Avertissement : le plus gros spoiler de la saga (c'est sûr !)*

(Où l'on s'emballe franchement...)

Severus Snape porte en lui une fracture invisible et inconnue de tous, à l'inverse de la cicatrice visible et célèbre de Harry. Il est un être brisé. Et cette fêlure, cette cassure interne, le poursuivra toute son existence. Elle est présente dans son nom-même ("to sever"=couper, trancher).
Tout se brise toujours autour de lui, à moins que ce ne soit lui qui, comme un enfant en colère et malheureux, ne casse et ne détruise tout. Parce qu'il n'a jamais été aimé, qu'il se sent coupable, que l'image de lui-même qui lui est renvoyée ensuite est celle d'un "ver de terre amoureux d'une étoile" (V. Hugo, Ruy Blas) et qu'il est amené à croire qu'il n'y aura jamais, vraiment, rien de bon pour lui dans ce monde. Alors qu'au fond, il pense le mériter, il voudrait le mériter, lui aussi. Pourquoi ne le mériterait-il pas ?
Severus est un être "maudit", accablé par la destinée. Pourquoi encore ? Allez savoir... Quelle injustice ! Parce qu'il est né faible et fragile, parce qu'il n'est pas le bon, l'unique, l'Autre ? C'est le choix de l'écrivain.
Qu'y faire, à part désespérer ? Réagir, couper tout, mettre fin, pour que cesse la souffrance... Comment ? Autant aller au-devant de la catastrophe, non ? La provoquer, en être à l'origine, et puis l'assumer jusqu'au bout, se damner réellement. Passer du côté obscur.
Et c'est ce qu'il a fait.

Ce n'est que dans les derniers tomes (HP 7, chap. 33 : Le récit du prince), que l'histoire -le secret !- de Severus Snape est révélée aux lecteurs. Elle a pour effet de modifier totalement le point de vue que l'on avait sur le personnage. Désormais, on le comprend. On le plaint. On est ému... et on se met à l'aimer.


source 1, 2

Son attitude sévère, méprisante, cassante, devient alors tellement compréhensible ! Certes, on n'excuse pas tout par l'enfance qu'on a vécu, Harry en est la preuve dans cette histoire. Mais il est fort, lui, il est né comme cela, porté sans cesse par un amour immense, celui qui lui a sauvé la vie, enfant. Il est l'élu depuis toujours, le garçon qui a survécu, le vrai héros.
Severus, lui, a grandi au sein d'un ménage déchiré, d'une mésalliance, entre une mère sorcière de Sang-Pur qui délaissait son "batard" et un père Moldu (humain sans pouvoirs) violent qui considérait son fils comme un monstre. Severus a grandi dans la haine de lui-même, le dégoût de ce qu'il était -un Sang-Mêlé- le manque d'amour et de reconnaissance, de respect, de considération. Il n'était pas soigné, ni lavé, ni habillé avec attention. On l'oubliait. Il était celui qu'on ne regardait pas.
Il a donc pris l'habitude de se cacher, derrière ses cheveux d'abord et, plus tard, derrière sa cape, derrière un masque, dans les ténèbres.


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Seule la présence de Lily Evans, une petite voisine, illumine son existence. Elle est sorcière, elle aussi, mais ne le sait pas car elle est issue de parents Moldus. Elle est rejetée par sa soeur Pétunia qui la considère comme un monstre.


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Ils deviennent amis. Il lui apprend ce qu'elle est. Et l'aide à s'accepter, comme il aurait besoin qu'on l'aide lui-même.


"Est-ce que ça fait une différence, d'être née Moldue ?"
Snape hésita. Ses yeux noirs, plus ardents encore dans la lueur verte, se détachèrent du visage pâle, des cheveux rouge sombre.
"Non, dit il. Ça ne fait aucune différence
."


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Ils grandissent, demeurent encore amis à Poudlard, leur école de sorciers, et ce, malgré leurs différences de caractère.








source 1, 2, 3, 4

Mais l'amitié de Severus est exclusive. Possessive.


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En fait, il est profondément amoureux.




source 1, 2, 3

Lily, elle, rencontre James Potter, dont la personnalité l'attire davantage.


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Lily aime toujours Severus, mais pas assez. Pas comme il voudrait être aimé, pas comme il pense devoir être aimé.


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Il se renferme sur lui-même.


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Un jour, James Potter et ses amis décident de se moquer de lui. Lily intervient, mais l'orgueil blessé de Severus ne peut le supporter.
Il rejette alors l'amitié qu'elle lui offre, la rejette, elle, en la blessant irréversiblement.


Snape lui lança, dans son humiliation et sa fureur, l'impardonnable nom : "Sang-de-bourbe".


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C'est la rupture.


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Dès lors, il a le sentiment de s'être perdu lui-même. Et c'est la chute, une chute sans fin. Il devient un Mange-Mort, serviteur de Voldemort, un mage noir mégalomane et extrêmement puissant.


(Un détournement de ma part) made from link

Lily épouse James. Harry naît. Severus découvre que ce bébé est le garçon "élu" dont parle une prophétie, le seul qui sera à même de venir à bout de Voldemort. Une idée terrible lui vient, née de sa douleur et de son obsession. Il voit là l'opportunité de parvenir à obtenir celle qu'il a toujours désirée : il demande Lily, en échange de l'information et de l'enfant, à son maître maléfique.


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Mais Lily meurt par sa faute. C'est la conséquence involontaire et tragique de sa recherche de reconnaissance et de valorisation. De son égoïsme, et de son avidité. De sa jeunesse, peut-être aussi, car il n'a qu'une vingtaine d'années...










source 1, 2, 3, 4, 5

Sans elle, Severus n'existe plus. Il souhaite lui-même être mort. Il l'est, d'une certaine manière. Il a le sentiment d'être une coquille vide, un zombie, un champ de ruines.
Cependant, une petite graine a été apportée en ce lieu désert par le vent de l'hiver. Elle mettra longtemps à germer...


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Les années passent. Sa passion s'est mué en colère, sa tendresse en ressentiment, son admiration en mépris, son amour en amertume, sa sensibilité en froideur.
Snape est un être rongé. Un romantique noir. Mais ce qui le fait souffrir, ce n'est pas le serpent qui le dévore, c'est la petite plante qui prend lentement racine en son coeur.


L'instant d'après, Snape était agenouillé dans l'ancienne chambre à coucher de Sirius. Des larmes gouttaient de la pointe de son nez crochu alors qu'il lisait la vieille lettre de Lily.

Il est un être hanté. A la limite de la folie. Hanté par le remord, le regret, hanté par son amour.


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Voici une magnifique illustration montrant Severus devant le miroir du Riséd (du Désir !) qui révèle à celui qui y plonge son regard ce qu'il désire vraiment, au plus profond de lui-même :


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C'est cet amour qui va progressivement transformer Severus, et faire de lui (presque malgré lui) le protecteur de Harry, le fils de Lily, sans que ce dernier ne puisse le soupçonner un instant.


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Un lent travail, presque alchimique, s'élabore peu à peu. La mort de Lily, c'était la mort la quête d'amour de Severus. Il ne cherche plus à être aimé. C'est aussi ce qui fait sa grande force, celle qui lui donne un immense courage. Il continue à vivre, mais n'attend plus rien, n'espère plus rien, ne désire plus rien. Il veut juste être utile. Servir à quelque chose : enseigner, soigner... voire protéger.
Et le voilà parti en mission suicide pour ressusciter ce qu'il y avait "de meilleur en lui".
C'est cette attitude de protecteur qui fait vraiment aimer le personnage de Snape. Et qui le révèle à lui-même, qui le rend homme, finalement. Il la portait déjà en lui, enfant, avec Lily, lorsque celle-ci était martyrisée par sa soeur Pétunia parce qu'elle était différente.
Severus devient un ange gardien méconnu, un acteur de l'ombre, toujours caché, toujours masqué, faux, dépossédé de lui-même.

L'issue fatale est inévitable. Elle correspond même pour lui à la fin d'une quête : retrouver celle qu'il a perdue et qui lui manque tant.
Cette réunion ne va être possible -et encore, rien n'est sûr !- qu'avec la mort du personnage.


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Un point de vue très personnel :
Toute son adolescence, Snape s'est fourvoyé dans sa relation avec Lily. Il en était "amoureux" parce qu'elle était la seule à lui renvoyer une image un peu positive de lui-même. Il l'avait aimée pour lui-même, par orgueil. Ses sentiments pour elle étaient avides, attisés par des années de frustration. Il désirait la posséder, comme un trésor qui l'aurait enrichi. Ce n'était pas vraiment de l'amour, me semble-t-il. Car il n'était pas désintéressé. Par orgueil, peut-être encore, il continue de s'accrocher à cette idée d'amour unique qui le rend, néanmoins, progressivement plus beau, meilleur et plus pur, alors que son âme était souillée. C'est une évolution contraire à celle du personnage d'Heathcliff qui, lui, s'enferre dans les vices et la noirceur, et se damne tout à fait, par désespoir.
Severus s'adonne à ce beau mensonge (ou cet idéal ?), et gâche toute sa vie pour lui. Car il n'a jamais été capable d'aimer quelqu'un d'autre ; personne d'autre n'a jamais trouvé grâce à ses yeux, n'a pu rivaliser avec une utopie totale (car Lily n'était pas amoureuse de lui, et elle n'était pas pour lui, c'est indéniable !), une ombre, une morte... ou une déesse (? -la Vierge Marie, image de la Mère par excellence, n'est pas si loin...). Severus a fait le choix de se vouer à Lily, de lui donner son existence entière, comme l'on entre en religion, en renonçant au monde et à sa vie d'homme "normal". Il mène tout à fait une existence monacale, d'ailleurs. Austère et chaste...
Il s'est également puni de lui-même, sans doute : selon lui, ce qu'il avait fait ne lui donnait plus le droit de vivre sa vie, il ne le méritait pas. En fait, Severus était "mort" à lui-même longtemps avant de mourir réellement.


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La mort de Severus est un moment particulièrement émouvant. Il souhaite qu'Harry le regarde, parce que ses yeux sont semblables à ceux de Lily. Pour la première et dernière fois, Severus demande à ce qu'on le voie, enfin, tel qu'il est vraiment. C'est aussi à partir de ce moment qu'Harry découvre toute la vérité à son sujet.
La beauté de ce personnage ne se révèle donc que plus tard, dans sa vie, et dans l'histoire. Et il n'a pas toujours été l'homme mauvais qu'Harry croit connaître.


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Dans sa vie, il a aimé -chose impensable !-... la mère de Harry. Et toute son existence, il est demeuré accroché, désespérément, à son souvenir.
C'est la raison pour laquelle il demande au jeune homme de le regarder, enfin, au moment de sa mort. C'est la seule chose qu'il souhaite : un regard posé sur lui, qui lui montre qu'il existe. Un regard aimant, peut-être, comme l'était celui de la seule femme qu'il ait jamais aimée, parce qu'elle lui avait donné vie soudain, en lui parlant, en l'écoutant, en lui accordant du temps et de l'attention, parce qu'elle l'avait aimé un peu peut-être... un regard à jamais perdu, un fantôme, une illusion... ou, à défaut, un regard compatissant.
Et c'est finalement celui que lui offrira le fils de Lily.






source 1, 2, 3

A propos de la mort de Severus, on peut lire une très jolie fanfiction OS (One Shot=une scène) sur DeviantART. Voici la traduction du début :

Il était mourant.
Ces trois mots rendirent toutes choses douloureusement claires, alors qu'il gisait dans son propre sang. Il savait que ce jour serait venu tôt ou tard et il savait qu'il mourrait seul. Il serait mort seul, n'était ce garçon qu'il avait prodigieusement haï, depuis le jour qu'il l'avait rencontré, à cause des actions de son père. Ce jeune homme, celui qu'il avait tenu loin de lui et pourtant protégé en mémoire de sa mère, restait là, près de lui, tandis qu'il glissait hors du monde. Il lui restait certainement encore à prouver qu'il était innocent et qu'il avait eu de bonnes raisons de faire ce qu'il avait fait, mais il n'en demeurait toujours pas moins qu'il n'était pas seul.
La suite peut être lue .


source

Encore une fois, à mon avis, Severus est un romantique, il court après son rêve, il meurt pour son idéal. Quelle fin tragique !
Harry, lui, a changé d'amour au cours de l'histoire. Il a appris qu'il n'y en a pas qu'un dans une vie d'homme, et que le seul qui compte est celui qui n'est pas rêvé (la belle Cho était un mirage), mais réel, concret et solide. Pour Harry, l'Amour a pris finalement le visage de Ginny, la soeur de son meilleur ami.

...

Pourquoi l'adore-t-on ?

Snape n'est pas beau, ni bon ? En tout cas, il le devient.
Son histoire fait de lui quelqu'un de meilleur.

Il est trop pâle, qu'importe ? Les vampires qui séduisent tant le sont aussi.
Affublé d'un grand nez, eh alors ? Cyrano ne l'était-il pas ?
Il n'est pas soigné, voire négligé ? C'est parce qu'il ne souhaite ou n'a à plaire à personne, même pas à lui-même : "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" (Lamartine) et Severus a une haine profonde (voire maladive) pour sa propre personne...
Il est l'image même du feu sous la glace. Celle du romantique sensible et en souffrance, à l'âme tourmentée, un être déchu qui lutte pour reconquérir la Grâce. On l'admire pour sa capacité à aimer, la puissance de ses sentiments. C'est elle qui le rend beau.
Oui, à la fin, on est convaincu que Snape est beau.
Et l'on pense aux Lettres Portugaises de Guilleragues :
"Vous trouverez, peut-être, plus de beauté, mais vous ne trouverez jamais tant d'amour, et tout le reste n'est rien", aurait-il pu dire à Lily...

Il faut dire que le fait qu'il soit interprété par Alan Rickman n'aide pas non plus à considérer ce personnage avec le détachement approprié...


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Oui, c'était bien lui le chevalier servant de Marianne Dashwood dans Raison et Sentiments : le colonel Brandon !

Franchement... comment résister ?

Il est vrai qu'on pourrait regretter le léger embonpoint de l'acteur, qui ne correspond pas tout à fait à la minceur du personnage, ainsi que ses quelques... trente années de différence avec lui ! Mais qu'importe, on se pâme devant ses rides du sourire et du lion, en entendant sa voix si particulière, et face à l'intelligence de son jeu. Alan Rickman est toujours parfait quoi qu'il fasse, et peu importent les détails !

Au fil des chapitres, des tomes, Severus se révèle charismatique, comme la passion qui dévore son esprit, fascinant et inquiétant comme le vide qui habite son coeur.
D'ailleurs... on peut remarquer que de nombreuses représentations utilisées dans cet article lui offrent un profil à la Frédéric Chopin et soulignent son "dark sex-appeal"...


source

A la différence d'Heathcliff, toujours, qui torture l'enfant de Cathy après que cette dernière soit morte, Severus a su, malgré sa noirceur, ressentir de l'amour. Le plus vrai et le plus pur qui soit, le plus beau, celui qui a fait de lui un héros : non pas celui qu'il éprouvait envers Lily mais, pour elle et malgré lui, il a aimé un enfant qu'il détestait au départ profondément pour ce qu'il était (le fruit d'une union infâme selon lui -exactement comme il l'était lui-même !), qui le haïssait en retour, et dont il n'avait jamais envisagé recevoir le moindre signe de sympathie.
Et pourtant... c'est dans ses bras qu'il meurt. En étant regardé pour la dernière fois, comme par Lily elle-même, et -alors qu'il avait tout fait pour qu'on ne lui en accorde jamais- avec gratitude. Snape a finalement (et parce qu'il y était poussé par quelque chose de plus fort que son orgueil même) su aimer de manière désintéressée. Sans le comprendre vraiment. Inconsciemment, innocemment. Et au prix de sa vie.
D'une certaine manière, et par ce jeu de miroirs si fréquent dans la saga, c'est aussi ce qui permet à Snape de s'aimer un peu lui-même. Enfin.
Ce geste incroyable, ce choix, rachète toute son attitude passée, au centuple. Severus se métamorphose soudain (sa haine, longtemps portée, arrosée de son repentir, a donné une fleur, sans doute un lys, la fleur des rois ; la boue s'est changée en or... Baudelaire est partout !), en mourant -et même plutôt après sa mort, dans les souvenirs qu'il laisse à Harry- en quelqu'un de nouveau : un vrai héros, à qui le fils de Lily rendra hommage à travers le prénom qu'il donnera à son propre fils. Comme s'il était un des ancêtres aimés et regrettés de la famille...
D'une certaine manière, l'amour de Snape a finalement engendré la vie au sein de la famille Potter.
Etrange et belle manière de résoudre un trio ! ^^


Sa passion pour Lily est tellement forte et touchante que des spectateurs et des lecteurs en viennent, à travers des fictions ou des illustrations, à envisager une autre évolution de l'histoire qui unirait les personnages dans un amour réciproque :


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Sur le net, Severus déchaîne les passions. On lui prête toutes sortes d'aventures pour le moins rocambolesques... Jugez par vous-mêmes :


Lucius Malefoy ?!!


Hermione ??!!!



Harry ???!!!!!

sources 1, 2, 3, 4
Ô_o, lolilol !

...

Bonus

Tant que j'y suis, on trouve également toutes sortes de parodies et de Cross-Over (mélange d'histoires différentes) particulièrement drôles à son sujet. En voici quelques uns :

"Non, Diggory (Robert Pattinson). Les vampires ne brillent pas. 50 points de moins à Poufsouffle" :

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"D'accord ! Détends-toi simplement, Severus. Il n'y aurait aucune raison qu'elle te tue...
_ (Fantômes de Dumbledore et Sirius) Hélas ! C'est ce que nous pensions aussi !
" :

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"(Severus) La fille que j'aime depuis mon enfance est partie avec le gars que je déteste et c'est moi qui dois protéger leur fils...
_ (Jacob) La fille que j'aime depuis mon enfance est partie avec le gars que je déteste et c'est moi qui dois sortir avec leur fille pour le restant de l'éternité...
_ (Sev) Je suis vraiment désolé.
" :

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source
Oui, bon... souvenons-nous aussi de... celle-là, hein !

...

Conclusion

Severus Snape est une création géniale. C'est certainement son personnage qui fait autant apprécier la saga. Il révolte, intéresse, émeut, impressionne, fait réfléchir. Il s'inscrit dans une grande lignée de héros "maudits" qui donnent éternellement envie aux lecteurs de les racheter et de les sauver !

Saisie par cette même envie, je me suis moi aussi prêtée au jeu : mon prochain post sera donc une courte fiction très fantaisiste dédiée à ce personnage... qui le vaut bien. ^^


(création perso from link)

Petit message

J'ai remarqué que, malheureusement, Deezer perdait parfois certains morceaux, mais je ne peux pas savoir lesquels... Alors n'hésitez pas à me laisser un petit message lorsque, au cours de votre lecture, vous rencontrez un lien mort dans mes players. Je ferai en sorte de le remplacer. Merci !